La police indonésienne vient de démanteler un réseau de trafic d'ivoire qui se déroulait en plein direct sur les réseaux sociaux TikTok et Facebook. Quatre arrestations ont été rapportées par les autorités locales.

La police a interpelé des vendeurs d'ivoire en pleine session live sur TikTok © Sergii Figurnyi / Shutterstock
La police a interpelé des vendeurs d'ivoire en pleine session live sur TikTok © Sergii Figurnyi / Shutterstock

Les réseaux sociaux ne servent plus seulement à partager des vidéos de danse. En Indonésie, des trafiquants ont transformé TikTok en vitrine pour écouler de l'ivoire d'éléphant déguisé en pipes à fumer. Cette triste affaire, qui vient d'aboutir à quatre arrestations, montre bien comment les criminels détournent les plateformes numériques pour leurs activités aussi sordides qu'illégales.

Pris en flagrant délit de vente d'ivoire sur TikTok

Les autorités indonésiennes ont marqué le coup en arrêtant simultanément quatre individus à Sukabumi et Jakarta. Deux d'entre eux ont été surpris en pleine session de vente live sur TikTok, vantant leurs « pipes artisanales » à une audience qui ne se doutait de rien. Le spectacle était rodé, imitant les codes des émissions de télé-achat d'antan.

L'opération a permis de saisir un petit arsenal composé de 300 pipes en ivoire, huit morceaux de défenses d'éléphant brutes, et de tout l'équipement ayant servi à faire des directs sur TikTok et à vendre des produits sur Facebook. Les enquêteurs ont aussi récupéré les téléphones portables et carnets bancaires des suspects, témoignant d'un business bien organisé qui brassait visiblement des sommes importantes.

Le brigadier général Nunung Syaifuddin, du Directoire des crimes économiques spéciaux de la police nationale, a confirmé que l'affaire n'est pas un cas isolé. Les trafiquants exploitent la facilité d'accès et l'audience massive des réseaux sociaux pour écouler leurs marchandises interdites avec une impunité relative.

Le trafic d'espèces sauvages migre vers les réseaux sociaux

« Les trafiquants d'espèces sauvages sont constamment à la recherche de nouveaux moyens leur permettant de contourner la loi », explique Christian Plowman, responsable de la lutte contre la cybercriminalité liée aux espèces sauvages chez IFAW, le Fonds international pour la protection des animaux. Cette migration du trafic vers le numérique complique d'autant plus le travail des forces de l'ordre, habituées aux filières traditionnelles.

L'Indonésie est dans la liste des pays où le commerce en ligne d'ivoire explose, selon un rapport 2022 du réseau TRAFFIC. Paradoxalement, cette tendance s'accélère alors même que les réglementations se durcissent. Les éléphants d'Asie, classés espèce menacée par l'UICN (Union internationale pour la conservation de la nature), paient un lourd tribut à cette digitalisation du trafic sauvage.

Les quatre suspects risquent désormais jusqu'à cinq ans de prison et des amendes substantielles, selon la législation indonésienne sur la conservation. Mais au-delà des sanctions, c'est tout un écosystème qu'il faut repenser. Car comme le souligne amèrement Christian Plowman : « Il est déchirant de voir ces majestueux éléphants brutalement abattus pour que leurs défenses puissent être transformées en objets fantaisie tels que des pipes. »