C'est une trouvaille que l'on ne fait pas tous les jours. Une équipe d'astrophysiciens a découvert une nouvelle planète naine aux confins du Système solaire, et cela pourrait remettre en question la théorie de la fameuse planète X.

Vue d'artiste de la planète naine Quaoar. ©ManuMata / Shutterstock
Vue d'artiste de la planète naine Quaoar. ©ManuMata / Shutterstock

2017 OF201, c'est son nom, a été identifiée grâce à un algorithme avancé qui a analysé des bases de données d’images astronomiques issues des télescope Victor M. Blanco et Canada-France-Hawaii (CFHT). Ces recherches étaient effectuées dans le cadre d'un programme sur les objets lointains du Système solaire, mené par Sihao Cheng et ses collègues à l’Institute for Advanced Study et l'université de Princeton.

Confirmés par le Centre des planètes mineures de l'Union astronomique internationale, les résultats sont publiés dans arXiv mais n'ont, pour le moment, pas encore été évalués par des pairs.

Une orbite hors normes

En repérant des points lumineux qui se déplaçaient dans le ciel de façon cohérente avec l’orbite d’un objet transneptunien, c'est-à-dire qui orbite autour du Soleil à une distance moyenne supérieure à celle de Neptune, les chercheurs ont détecté l’objet sur 19 clichés répartis sur 7 ans.

Avec un diamètre estimé à environ 700 kilomètres, 2017 OF201 pourrait rejoindre la catégorie des planètes naines, même s’il reste bien plus petit que Pluton et ses 2 377 km de diamètre. Son orbite, elle, est hors normes : l'objet mettrait environ 25 000 ans pour faire un tour complet autour du Soleil.

Son périhélie, soit le point le plus proche du Soleil, se situe à 44,5 unités astronomiques (UA), une distance comparable à celle de Pluton. Mais son aphélie dépasse les 1 600 UA, le plaçant très loin dans les confins du Système solaire. Un tel parcours elliptique suggère une histoire dynamique complexe, marquée par des interactions et migrations extrêmes.

Et justement. Les scientifiques estiment que cette possible planète naine a été éjectée par une planète géante lors d’un passage rapproché. Un phénomène si puissant que l'objet a potentiellement été envoyé dans le nuage d’Oort, qui se trouve aux limites du Système solaire, puis ensuite ramené vers l’intérieur.

L’objet a été détecté sur 19 clichés répartis sur 7 ans. ©Jiaxuan Li et Sihao Cheng / arXiv
L’objet a été détecté sur 19 clichés répartis sur 7 ans. ©Jiaxuan Li et Sihao Cheng / arXiv

Une exception qui soulève des questions

Une chose est sûre, cette découverte soulève d'importantes questions. Depuis plusieurs années, certains astronomes pensent qu’un regroupement étrange des orbites d’objets transneptuniens extrêmes pourrait trahir la présence d’une neuvième planète, encore invisible, surnommée Planète X ou Planète Neuf. Celle-ci exercerait une influence gravitationnelle suffisante pour « ranger » ces objets dans une même orientation.

Or, 2017 OF201 ne suit pas ce schéma : son orbite s’écarte nettement de ce regroupement. Ce statut d’exception pourrait remettre en cause la théorie dominante ou du moins indiquer qu’elle est plus complexe qu’on ne le pensait. L’objet pourrait ainsi forcer les scientifiques à revoir leur modèle de la dynamique du Système solaire lointain, voire à explorer d’autres explications pour ces alignements mystérieux.

« 2017 OF201 ne passe que 1 % de son temps orbital suffisamment près de nous pour être détectable. La présence de cet objet unique suggère qu'il pourrait y avoir une centaine d'autres objets ayant une orbite et une taille similaires ; ils sont simplement trop éloignés pour être détectables aujourd'hui », commente Sihao Cheng.

Pour rappel, il n'y a que cinq planètes naines officiellement reconnues dans le Système solaire par l’Union astronomique internationale (UAI) : Pluton, Eris, Hauméa, Makémaké et Cérès, la seule située dans la ceinture d’astéroïdes, entre Mars et Jupiter. D'autres, découvertes plus récemment, aspirent à ce statut, à l'instar de Quaoar.