Alors que le piratage des retransmissions sportives reste une préoccupation majeure pour les ayants droit, l'Arcom vient de publier son rapport 2024 sur la consommation illicite de contenus sportifs en France. Malgré une intensification des mesures de blocage, le phénomène ne recule pas franchement, mais semble contenu. Décryptage.

- En 2024, 18% des Français regardent illégalement du sport malgré des blocages plus agressifs de l'Arcom.
- 60% des pirates sportifs paient aussi pour des abonnements légaux, cherchant une offre plus complète et abordable.
- Le foot domine le piratage, surtout sur la Ligue 1 et la Ligue des Champions, atteignant 12% de visionnage illégal.
Cette nouvelle édition du rapport arrive dans un contexte particulier, marqué par une année sportive dense avec les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris ou encore l’Euro de football. Des événements qui ont attiré une large audience, légale comme illégale, et mis sous pression les dispositifs déployés par les autorités. L'Arcom s’est donc appuyée sur un arsenal juridique renforcé, mais aussi sur des collaborations techniques élargies pour tenter d’endiguer les flux illicites.
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Une pratique toujours ancrée : 18 % des Français concernés
Selon l’étude menée par l’institut CSA pour l’Arcom, 18 % des Français ont accédé à des retransmissions sportives de manière illégale en 2024, un chiffre quasiment identique à celui de 2023 (19 %). Cette stabilité peut paraître décevante dans un contexte de durcissement des mesures, mais elle traduit aussi une certaine efficacité des actions mises en œuvre pour éviter une progression.
Le tableau ci-dessous synthétise l’évolution des mesures de blocage mises en œuvre par l’Arcom entre 2022 et début 2025 pour lutter contre le piratage des retransmissions sportives. On y observe une nette intensification des actions en 2024, notamment sur les services IPTV, avec un volume de blocages multiplié par plus de deux par rapport à l’année précédente. Cette dynamique se poursuit en 2025, avec déjà plus de 2 400 blocages recensés au 30 avril. Au total, depuis 2022, ce nombre atteint 10 006 blocages.
Indicateur | 2024 | Total 2022–2024 | 2025 (au 30/04) |
Noms de domaine bloqués sur notification de l'Arcom | 3 797 (+146 % vs 2023) | 6 110 | 2 395 |
• IPTV | 1 769 (vs 77 en 2023) | 1 895 | 912 |
• Live streaming | 2 028 | 4 251 | 1 483 |
Blocages ordonnés par le tribunal judiciaire de Paris | +415 | +1 469 | +32 |
URL déréférencées sur notification de l'Arcom | 1 085 | 1 085 | 386 |
Total de blocages (notifications + ordonnances) | 4 212 | 7 579 | 2 427 |
Deux grandes voies d’accès prédominent : les sites de live streaming illégaux (16 %) et les services IPTV pirates (12 %), qui séduisent de plus en plus. Fait notable : 41 % des utilisateurs de ces services IPTV sont de « nouveaux venus », les utilisant depuis moins d’un an, contre 26 % en 2023. Une donnée qui interroge sur la capacité des mesures actuelles à décourager les premiers usages.
Les "pirates" sont souvent... aussi abonnés
L’un des enseignements majeurs du rapport concerne le profil des consommateurs illicites. Loin du cliché du pirate refusant de payer, 60 % de ceux qui regardent du sport illégalement sont également abonnés à une offre de sport légale, soit presque deux fois plus que la moyenne nationale (32 %). Il s’agit souvent de « super-consommateurs », 64 % d’entre eux regardant du sport au moins trois fois par semaine.
Cette tendance suggère que l’offre légale, jugée morcelée et coûteuse pour suivre l’ensemble des compétitions, pousse certains à compléter leurs abonnements par des moyens détournés.
Le football, toujours et encore en ligne de mire
Sans surprise, le football reste la discipline la plus touchée par le piratage. 44 % des Français en regardent, et 12 % de ces spectateurs le font illégalement. La Ligue 1 et la Ligue des Champions figurent en tête des compétitions les plus consommées illicitement, suivies par les grands championnats étrangers comme la Serie A italienne (14 % de public illicite), la Bundesliga allemande (13 %) ou la Premier League anglaise (12 %).
À noter que d'autres sports comme le tennis (notamment l’Open d’Australie ou les Masters 1000) et le rugby (Top 14) sont également concernés, bien que dans une moindre mesure.
L'Arcom muscle son jeu pour mettre au tapis le piratage
Face à la persistance du phénomène, l’Arcom a doublé le nombre de blocages effectués en 2024. Au total, 3 797 sites ont été bloqués, contre 1 544 en 2023. Une action visible : 32 % des consommateurs de streaming illicite déclarent avoir été confrontés à un blocage, soit 7 % de la population française.
Et cela semble porter ses fruits. Parmi les internautes confrontés à un blocage, on apprend que :
- 46 % abandonnent immédiatement leur tentative (dont 10 % en souscrivant à une offre légale)
- 71 % finissent par renoncer totalement, après avoir envisagé ou tenté d’autres alternatives.
Un statu quo fragile
Si le piratage ne progresse pas, il ne régresse pas non plus. L’action de l’Arcom montre bien une certaine efficacité dans la dissuasion, notamment grâce à des blocages plus réactifs et à la collaboration avec les FAI. Mais l’arrivée continue de nouveaux utilisateurs, en particulier sur l’IPTV illégale, montre que le phénomène se renouvelle sans cesse.
Le rapport met en lumière une vérité sans doute plus complexe que veulent bien nous le faire croire certains : le piratage sportif ne se substitue pas forcément à l’offre légale, mais coexiste avec elle, dans une logique de complément. On peut donc en déduire que les revenus prétendument "perdus" par les ayant-droits sont largement surestimés, puisque les utilisateurs recourants aux offres illégales sont, pour majorité, soit déjà abonnées à des offres légales, soit ne s'abonneraient pas même en l'absence d'offres illégales.
Pour faire reculer durablement ce phénomène, la régulation devra sans doute s’accompagner d’une réflexion sur l’accessibilité et la lisibilité de l’offre sportive légale.…
Source : Arcom
DAZN (à prononcer Da Zone) est une plateforme de streaming sportif apparue en Angleterre en 2015, puis lancée en France en 2020. Pour le foot, c'est le diffuseur officiel des matchs de la Ligue 1. On y retrouve aussi de nombreux autres sports et championnats (boxe, le basketball, le rugby, etc.)
- Visionnage en direct ou à la demande
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- Qualité de diffusion limitée (Pas de 4K)