Deux décisions du tribunal judiciaire de Paris, rendues ce jeudi 15 mai, obligent les géants du VPN à bloquer l'accès aux sites de streaming sportif illégal, environ 200. Un tournant dans la lutte contre le piratage en ligne.

Les matchs gratuits en streaming illégal, même avec un VPN, cela risque de devenir très, très compliqué. Le tribunal judiciaire de Paris vient de frapper un grand coup en ordonnant aux principaux fournisseurs de VPN de bloquer l'accès à près de 200 sites pirates qui diffusaient jusque-là illégalement des compétitions sportives. C'est une victoire sans précédent pour Canal+ et la Ligue de Football Professionnel (LFP), qui voient enfin leurs droits de diffusion mieux protégés, comme nous l'apprend l'Informé.
Quand les VPN se retrouvent dans les filets de la justice française
NordVPN, Proton, ExpressVPN, Surfshark et Cyberghost doivent désormais empêcher leurs utilisateurs français d'accéder à des sites comme livetv806.me ou rojadirectahdenvivo.com. Une mesure radicale qui doit être mise en place dans un délai record de trois jours. Le tribunal a rejeté d'un revers de main tous les arguments opposés par ces prestataires.
Jusqu'ici, les amateurs de foot, de F1 et de rugby contournaient allègrement les blocages imposés aux fournisseurs d'accès traditionnels (Orange, Bouygues Telecom, Free et SFR) en utilisant ces services VPN. En quelques clics, ils obtenaient une nouvelle adresse IP et s'affranchissaient des barrières numériques, au grand dam des détenteurs de droits.
La décision judiciaire évoque sans détour des « atteintes graves et répétées aux droits exclusifs » de diffusion. Pour Canal+, on parle d'environ 200 sites visés, tandis que la LFP obtient le blocage de 25 plateformes qui retransmettaient auprès des viewers illégalement les matchs de Ligue 1 et Ligue 2.
Une mesure temporaire, certes, mais un impact durable sur le piratage sportif
Ces restrictions ne seront pas éternelles, ce qui est toujours un petit peu le problème en matière de blocage. Elles resteront en vigueur jusqu'à la fin des compétitions en cours, autrement dit le 25 mai 2025 pour la Premier League, le 31 mai pour la Ligue des Champions, et 28 juin pour le Top 14 de rugby. La LFP, elle, est protégée jusqu'à la fin de la saison, qui comprend des play-offs et barrages.
L'efficacité de la mesure reste donc à prouver. Les services VPN concernés devront-ils bloquer ces sites pour tous leurs utilisateurs, ou seulement ceux localisés en France ? La course technologique entre pirates et ayants-droit pourrait simplement s'intensifier, avec l'émergence probable de nouvelles plateformes de contournement.
On peut néanmoins parler d'un tournant, dans la « puissance » de la décision et le nombre de plateformes bloquées. Pour la première fois, des intermédiaires techniques comme les VPN, traditionnellement neutres face aux contenus, sont contraints de jouer les gendarmes du web. Un précédent qui pourrait faire jurisprudence bien au-delà du monde sportif. C'est aussi une excellente nouvelle pour les diffuseurs, à quelques jours de Roland-Garros.