Sur le podium européen avec ses 2,5 millions de bornes de recharge électrique, la France vise désormais les 7 millions d'infrastructures d'ici 2030. Le gouvernement est en tout cas prêt à relever le défi.

© HJBC / Shutterstock.com
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Alors que les véhicules électriques représentent désormais un quart des ventes automobiles en France, l'infrastructure de recharge suit la cadence. Ce vendredi 16 mai 2025, lors d'un déplacement à l'Haÿ-les-Roses, Eric Lombard et Marc Ferracci, respectivement ministre de l'Économie et ministre chargé de l'Industrie et de l'Énergie, ont annoncé une stratégie ambitieuse. L'objectif est clair : atteindre 7 millions de bornes d'ici 2030 sur le territoire, dont 400 000 en accès public.

Un réseau de bornes de recharge déjà bien branché

Avec près de 2,5 millions de points de recharge aujourd'hui, dont 168 000 accessibles au public, la France affiche déjà un bilan impressionnant. La disponibilité technique des bornes atteint 93% en avril 2025, un chiffre témoin de la fiabilité de l'infrastructure. Ce déploiement massif positionne d'ailleurs l'Hexagone parmi les champions européens de la mobilité électrique.

Pour accompagner cette croissance, le gouvernement mise sur la transparence. Une révision des données en open data est prévue. Elle permettra aux utilisateurs d'accéder facilement aux informations sur la localisation, la disponibilité et les tarifs des bornes. Un simulateur de calcul du coût de recharge sera également développé pour aider les consommateurs à mieux gérer leur budget énergie.

Fait notable, le maillage territorial en stations de recharge est désormais plus dense que celui des stations-service traditionnelles. Une révolution silencieuse qui transforme profondément le paysage énergétique français et facilite l'adoption des véhicules électriques, même dans les zones rurales jusqu'ici moins bien desservies.

Des aides concrètes pour électrifier le quotidien des Français

Autre sujet important, celui de l'installation d'une borne à domicile, qui reste un investissement significatif, avec un coût oscillant entre 1 500 et 2 500 euros. Pour alléger cette facture, l'État maintient son soutien avec un crédit d'impôt couvrant 75% du prix d'achat et d'installation, plafonné à 500 euros, ainsi qu'une TVA réduite.

En copropriété, la situation s'améliore. Les délais d'installation, souvent critiqués – à juste titre – pour leur longueur, devraient être considérablement réduits. Enedis devra présenter d'ici le 1er septembre 2025 un plan d'action visant à installer une borne en moins de six mois après l'accord de la copropriété, contre des délais bien plus longs actuellement.

Pour ceux sans possibilité de recharge à domicile, des solutions alternatives se développent, nous assure le gouvernement. Ce dernier travaille avec les employeurs pour offrir un accès à la recharge sur le lieu de travail. Les collectivités et grandes enseignes commerciales déploient également des bornes à grande échelle, avec 45 000 points supplémentaires prévus par la seule Banque des territoires.

La recharge intelligente, pilier de la transition énergétique

L'innovation la plus intéressante, c'est sans doute la V2G (Vehicle-to-Grid), une technologie bidirectionnelle qui permet aux véhicules de stocker l'électricité et de la restituer lors des pics de consommation. D'ici 2035, les batteries des véhicules électriques représenteront une capacité de stockage colossale de 1 200 GWh, pour transformer chaque voiture en mini-centrale électrique potentielle.

Le gouvernement encourage également une tarification plus intelligente, avec des offres préférentielles durant les « heures solaires » (11h-17h) et des périodes « super creuses » la nuit et le week-end. Cette flexibilité tarifaire permettra aux consommateurs de profiter des moments où l'électricité est abondante et moins chère, notamment lors des pics de production d'énergies renouvelables.

Pour les entreprises, la transition s'accélère aussi avec l'obligation d'atteindre 18% d'électrification de leurs flottes d'ici 2026. On sait que les parkings d'entreprises de plus de 20 places sont obligés d'accueillir des bornes de recharge. Un effort considérable, mais économiquement sensé puisque les véhicules électriques de fonction sont annoncés presque 50% moins chers à l'usage que leurs équivalents thermiques.