Apple n'a pas le choix. L'entreprise doit ouvrir son App Store aux systèmes de paiement tiers. Mais la société laisse transparaître son aigreur.

Comment Apple sème le doute sur les apps n'utilisant son système de paiement ©Shutterstock
Comment Apple sème le doute sur les apps n'utilisant son système de paiement ©Shutterstock
L'info en 3 points
  • Apple doit permettre des paiements tiers sur l'App Store grâce au Digital Market Act de 2024.
  • Apple affiche un avertissement pour dissuader l'usage de paiements in-app tiers, suscitant des critiques.
  • Les paiements externes ne figurent pas dans l'historique d'achat Apple, mais sont toujours fiables et sécurisés.

Dans la cadre du Digital Market Act, la société Apple est priée d'ouvrir plusieurs éléments de son système iOS. Sur son App Store notamment, elle doit permettre aux éditeurs tiers de mettre en place le dispositif de paiement de leur choix

Apple teste un message d'alerte (et de dissuasion)

Favoriser la concurrence, c'est le mot d'ordre de l'Union européenne face aux Gatekeepers. Si par le passé, les autorités de la concurrence ne se basaient que sur la part de marché, cette fois, ils prennent également en compte les revenus générés par ces services. Or Apple, avec son App Store, prends des commissions jusqu'à 30% sur chaque achat effectué au travers de son App Store.

Depuis l'entrée en vigueur du Digital Market Act en 2024, les développeurs d’applications distribuées dans l’Union européenne peuvent proposer des systèmes de paiement alternatifs pour les biens et services numériques, ou rediriger les utilisateurs vers leur propre site web pour finaliser un achat.

Pour accéder à ces options, les développeurs doivent accepter des conditions spécifiques et utiliser des autorisations techniques dédiées, comme le StoreKit External Purchase Entitlement ou le StoreKit External Purchase Link Entitlement. Il leur est désormais possible de communiquer librement sur les promotions et offres disponibles en dehors de l’application, y compris via des liens multiples et personnalisés, sans devoir les déclarer préalablement à Apple.

Depuis peu, Apple teste un avertissement visuel en haut de la fiche App Store des applications concernées. Et ce dernier ne fait pas l'unanimité. Selon The Verge, ce dernier est notamment présent sur la fiche d'Instacar, un service disponible en Hongrie permettant de déterminer la cote d'une voiture d'occasion.

Instacar a mis en place un dispositif d'achat in-app tiers, lequel est présenté comme une menace potentielle sur sa fiche avec une alerte expliquant que "cette app ne prend pas en charge le système de paiement confidentiel et sécurisé de l'App Store"

Le message d'Apple sur la fiche Instacar ©The Verge
Le message d'Apple sur la fiche Instacar ©The Verge

Aigreur et mauvaise foi

De toute évidence, Apple entend dissuader les utilisateurs de télécharger l'application, et par conséquent, les développeurs d'opter pour un système de paiement sur lequel Apple ne peut réclamer des commissions.

En parallèle, les achats in-app effectués en dehors de l'App Store ne figurent pas dans l'historique d'achat, ni dans le gestionnaire centralisant les différentes souscriptions. Par ailleurs, ils ne sont pas éligibles au partage familial.

Si les éditeurs choisissent une autre méthode de paiement, il ne s'agit bien évidemment pas pour autant d'une solution non sécurisée. Stripe, Square, Shopify ou encore Paypal proposent des passerelles de paiement éprouvées depuis des années.

Précédemment, la commission européenne avait grincé des dents en observant Apple rendre la tâche difficile pour l'installationd es app store tiers. Récemment, en rebondissant sur l'affaire Epic Vs Apple, la justice américaine a emboité le pas à l'UE en obligeant la firme de Tim Cook à proposer sans frais l'intégration de dispositif de paiement externe et à rester neutre auprès des consommateurs.