Les décisions judiciaires s'enchaînent en Europe dans une lutte de fond contre l'IPTV illégale. La France, l'Italie et la Belgique obligent désormais les résolveurs DNS publics comme Google, Cloudflare et OpenDNS à bloquer l’accès à certains domaines liés au piratage IPTV.

La lutte contre l'IPTV menace la neutralité d'internet. @gnepphoto / Shutterstock
La lutte contre l'IPTV menace la neutralité d'internet. @gnepphoto / Shutterstock
L'info en 3 points
  • En Europe, France, Italie et Belgique imposent aux résolveurs DNS publics de bloquer des domaines IPTV illégaux.
  • Cette approche pourrait fragmenter Internet en zones géographiques et inciter à recourir à des VPN pour contourner.
  • Les décisions pourraient inspirer des lois similaires aux États-Unis, affectant la neutralité traditionnelle des DNS.

Le blocage de l’accès à certains domaines liés au piratage IPTV continue à se durcir en Europe. Une approche qui se renforce et marque une rupture avec les méthodes traditionnelles de blocage au niveau des fournisseurs d’accès à Internet (FAI) et soulève des inquiétudes sur la liberté d’Internet.

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Trois stratégies aux conséquences variables

Traditionnellement, les ayants droit ciblaient les FAI pour bloquer l’accès aux sites de streaming illégal. Désormais, les résolveurs DNS publics sont contraints de bloquer directement les domaines incriminés. En Belgique, par exemple, une récente décision de justice a imposé à Google (8.8.8.8), Cloudflare (1.1.1.1) et OpenDNS de bloquer plus d’une centaine de domaines liés à des services de streaming sportif illégal.

Trois stratégies distinctes se dessinent. OpenDNS (Cisco) adopte la méthode la plus radicale en se retirant complètement des pays concernés, comme la France et la Belgique. Cloudflare, de son côté, affiche une certaine transparence en renvoyant les requêtes bloquées vers une erreur HTTP 451, expliquant que l’accès est bloqué pour des raisons légales. Google, quant à lui, bloque sans explication, provoquant une erreur générique dans le navigateur de l’utilisateur. Cette approche opaque peut créer de la confusion et un sentiment de restriction arbitraire, même de censure pure et simple.

Le risque imminent d'un internet fragmenté

La manipulation des résolveurs DNS pose la question de la fragmentation du réseau entre territoires. Les mesures de blocage pourraient inciter certains opérateurs à quitter les pays imposant de telles contraintes, comme l’a fait OpenDNS en Belgique récemment. De plus, ces pratiques risquent d’encourager l’utilisation de techniques de contournement (VPN, DNS alternatifs), réduisant ainsi l’efficacité de la mesure.

Ces décisions européennes pourraient faire boule de neige dans la jurisprudence internationale. Aux États-Unis, des projets de loi envisagent déjà d’imposer des obligations similaires aux résolveurs DNS dans les affaires de piratage audiovisuel. À mesure que le DNS, pourtant simple composant technique, devient un levier de régulation des contenus, la frontière entre gestion réseau et censure devient de plus en plus floue.

Les défenseurs d’un Internet libre et ouvert ont des raisons de s'inquiéter de l'évolution du blocage DNS comme outil contre le piratage IPTV. Cette approche marque en effet une rupture avec la neutralité historique du DNS en tant que simple service de résolution de noms de domaine. Si la lutte contre l’IPTV illégale est justifiée, les moyens employés pourraient avoir des conséquences durables sur la structure même de l’Internet. On pense aux services VPN qui menacent de quitter la France après des assignations en justice. Raison de plus pour renforcer la vigilance pour éviter de compromettre la liberté d’accès à l’information en ligne.