DSA : ce qui change, quelles entreprises et quelles sanctions : le nouveau règlement européen décrypté en 3 questions

Alexandre Boero
Chargé de l'actualité de Clubic
16 février 2024 à 13h19
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Concept de la loi sur les services numériques, le DSA © Dan74 / Shutterstock
Concept de la loi sur les services numériques, le DSA © Dan74 / Shutterstock

Le nouveau et très lourd règlement européen sur les géants du numérique, le Digital Services Act (DSA), entre en vigueur ce samedi 17 février. Clubic vous le présente point par point, pour tout compendre.

Après être entré en vigueur le 25 août dernier, le Digital Services Act s'applique à toutes les plateformes concernées, parmi lesquelles Google Search, Facebook ou Amazon Store, à compter de ce samedi 17 février 2024. Sans survendre la chose, il s'agit d'un règlement sur les services numériques particulièrement dense, qui pourrait bien les faire basculer dans une nouvelle ère de la régulation. Clubic vous explique tout, en 3 questions, à commencer par ce que doit et ce que va changer le fameux DSA.

Avec le DSA, qu'est-ce qui change ?

Le Digital Services Act concerne tous les plus gros fournisseurs de services intermédiaires en ligne d'Europe et du monde. On y retrouve des moteurs de recherche, des réseaux sociaux, des hébergeurs, des plateformes d'hébergement et de voyage et, évidemment, des sites de e-commerce.

Plus en détail, le DSA permet de lutter contre la diffusion de contenus illicites sur les plateformes, le cyberharcèlement et contre la désinformation en ligne, avec des boutons de signalement immédiatement accessibles aux utilisateurs. Le règlement aidera à agir contre tout contenu pouvant avoir des effets négatifs (qu'ils soient prévisibles ou bien réels) sur la sécurité publique, et les processus électoraux et démocratiques. Tout compte publiant des contenus illicites au sens du texte devra être suspendu, et les utilisateurs devront savoir pourquoi exactement.

Autant donc dire que le DSA trouvera toute son application cette année avec les élections européennes. Plusieurs réseaux majeurs, dont TikTok, concerné par le règlement, ont déjà annoncé des changements en la matière.

En outre, le DSA interdit la publicité ciblée envers les mineurs et impose une information transparente et éclairée, intelligible et aisément abordable des utilisateurs lors de leur navigation sur ces services, par le biais des conditions générales par exemple, souvent épinglées par les tribunaux européens ces dernières années. Mais plus précisément, à qui s'applique ce règlement ?

L'Union européenne veut franchir un cap historique avec le DSA © Shutterstock
L'Union européenne veut franchir un cap historique avec le DSA © Shutterstock

Quelles sont les plateformes de plus de 45 millions d'utilisateurs mensuels en Europe concernées ?

Au total, 22 acteurs sont concernés par le DSA. Vous ne serez pas étonnés de voir que certains sont issus de la même entreprise. Pourquoi cela ? Car l'Union européenne a tenu à ce que les services de plus de 45 millions d'utilisateurs actifs mensuels dans l'UE soient visés. Voici la liste complète des plateformes soumises au Digital Services Act, par ordre alphabétique :

  • AliExpress,
  • Amazon Store,
  • AppStore,
  • Bing,
  • Booking,
  • Facebook,
  • Google Maps,
  • Google Play,
  • Google Search,
  • Google Shopping,
  • Instagram,
  • LinkedIn,
  • Pinterest,
  • Snapchat,
  • TikTok,
  • Wikipedia,
  • X.com (ancien Twitter),
  • YouTube,
  • Zalando.

Le 20 décembre 2023, la Commission européenne a ajouté à cette liste les trois plus grandes plateformes en ligne de contenus pour adultes, à savoir Pornhub, Stripchat et Xvideos.

Quelle sanctions pour ceux qui ne respectent pas le DSA ?

Si une entreprise vient à être reconnue coupable d'un manquement au Digital Services Act, elle sera épinglée par la Commission européenne. Bruxelles disposera du pouvoir d'infliger des amendes pouvant aller jusqu'à 6% du chiffre d'affaires mondial annuel de l'entreprise concernée. Autant donc le dire : une sanction pourrait se chiffrer en milliard(s) d'euros ! Pour établir le montant de l'amende, les autorités européennes se baseront sur les revenus de l'exercice précédent.

Si jamais la même entreprise se livre à des manquements à la fois graves et répétés pour une de ses plateformes, l'Union européenne pourra décréter une mesure temporaire drastique de restriction de l'accès au service incriminé.

Enfin, une astreinte journalière pourra être prononcée envers les très grandes plateformes concernées, mais à l'initiative des États membres seulement. Cette astreinte pourra peser jusqu'à 5% des revenus ou du chiffre d'affaires mondial quotidiens de la plateforme.

Alexandre Boero

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Journaliste, chargé de l'actualité de Clubic. Reporter, vidéaste, animateur et même imitateur-chanteur, j'ai écrit mon premier article en 6ème. J'ai fait de cette vocation mon métier (diplômé de l'EJC...

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Journaliste, chargé de l'actualité de Clubic. Reporter, vidéaste, animateur et même imitateur-chanteur, j'ai écrit mon premier article en 6ème. J'ai fait de cette vocation mon métier (diplômé de l'EJCAM, école reconnue par la profession), pour écrire, interviewer, filmer, monter et produire du contenu écrit, audio ou vidéo au quotidien. Quelques atomes crochus avec la Tech, certes, mais aussi avec l'univers des médias, du sport et du voyage. Outre le journalisme, la production vidéo et l'animation, je possède une chaîne YouTube (à mon nom) qui devrait piquer votre curiosité si vous aimez les belles balades à travers le monde, les nouvelles technologies et la musique :)

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Commentaires (2)

Gandalf67
Les géants en question en tremblent… comme des fameux impôts en Europe
gothax
Apple et Microsoft se sont déjà essuyés … le front avec ! Hein !
Mel92
Je ne comprends vraiment pas ce que fait Wikipédia dans cette liste. D’abord il s’agit de quel site exactement (les différentes versions de Wikipédia sont organisées par langue et pas par pays) ?<br /> Ensuite, ce n’est pas un grand réseau social au sens de la commission car il n’y a que quelques dizaines de milliers de contributeurs, même sur le Wikipédia francophone. On est donc très loin des 45 millions demandés.<br /> Et puis Wikipédia ne vend rien, fait un travail constant sur la désinformation au point qu’ils sont la référence en matière de sureté de l’information, et de toutes façons il et ne fait pas de chiffre d’affaire.
MattS32
Ce n’est pas parce que Wikimedia (qui édite l’ensemble des sites Wikipedia, quelque soit leur langue) n’a pas d’activité commerciale qu’elle échappe aux DSA, les règles ne sont pas fixées que pour les plateformes commerciales (ça serait complètement aberrant d’imposer aux plateformes commerciales de lutter activement contre le harcèlement ou la désinformation tout en laissant les plateformes non commerciales faire ce qu’elles veulent…).<br /> Quand au palier de 45 millions à partir duquel les règles du DSA s’appliquent, c’est 45 millions d’utilisateurs, pas 45 millions de comptes ou 45 millions de contributeurs. Et les 45 millions d’utilisateurs, Wikimedia les a largement.<br /> Donc oui, Wikimedia/Wikipedia est concerné par le DSA et doit faire sa part dans le travail de modération… Et ça tombe bien, puisque comme tu le soulignes, Wikimedia est déjà un bon élève sur ces points, et donc, dans les faits, l’entrée en vigueur du DSA ne changera sans doute pas grand chose pour eux, puisqu’ils sont déjà largement dans les clous.<br /> Quand au chiffre d’affaire, ce n’est pas parce que Wikimedia est à but non lucratif que le chiffre d’affaire est nul… La fondation Wikimedia a fait un chiffre d’affaire de près de 155 millions de dollars en 2022 (source… Wikipedia ).
Oncle_Picsou
Etonnant qu’il n’y ait pas Tripadvisor dans cette liste.
Mel92
La fondation Wikimedia (fondation à but non lucratif de droit américain qui ne « vit » que de dons) n’est pas l’éditeur des sites. Et ceux qui font l’édition ne sont pas nécessairement membres de la fondation (généralement, ils ne le sont pas). En fait, il n’y a pas d’éditeur légal, pas de rédaction en chef, ni de direction de la publication, ni service administratif. Wikipédia est simplement une marque déposée par la fondation.<br /> Elle n’a d’ailleurs aucun impact sur le contenu. Elle n’a même pas la possibilité d’en supprimer ou d’en modifier. Si elle demande à ajouter des bannières d’appels aux dons (sa seule modification « éditoriale ») de temps en temps, c’est à la libre appréciation de la communauté linguistique.<br /> Les versions linguistiques sont décorrélées les unes des autres et ne sont pas liés à des pays, des continents, ni même des peuples. Il est vrai que la version francophone a plus de contributeurs et de lecteurs français que canadiens, belges, algériens ou béninois par exemple, mais ça n’en fait pas une version française. D’ailleurs, quelle serait la nationalité de cette version : Vicipaedia<br /> Dans les autres pays qui cherchent à contrôler Wikipédia (la Russie récemment par exemple), ce sont les contributeurs individuels qui sont responsables et qui vont parfois en prison.<br /> Donc je ne vois pas ce que l’Europe veut faire avec le DSA, ni à qui elle veut s’adresser pour essayer de faire appliquer quoique ce soit.
MattS32
Mel92:<br /> La fondation Wikimedia (fondation à but non lucratif de droit américain qui ne « vit » que de dons) n’est pas l’éditeur des sites.<br /> Elle en est l’hébergeur, ce qui lui confère des responsabilités sur le contenu, comme tout hébergeur.<br /> Mel92:<br /> Elle n’a même pas la possibilité d’en supprimer ou d’en modifier.<br /> Ben si, comme n’importe quel contributeur…<br /> Et aussi bien Wikimedia que les associations locales (en tout cas, Wikimedia France), ont des adresses mail permettant de les contacter pour leur remonter un problème avec le contenu (insulte, diffamation, violation de droit d’auteurs), et une demande jugée légitime par les bénévoles ou les employés de Wikimedia ou de l’association locale peut donner lieu à une modification ou à une suppression de contenu (voir par exemple là et là).
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