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Fin d'un mythe : en Suisse, au royaume de la confidentialité, la surveillance de masse se confirme

11 janvier 2024 à 07h46
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Le drapeau de la Suisse s'affiche sur un ordinateur © garagestock / Shutterstock
Le drapeau de la Suisse s'affiche sur un ordinateur © garagestock / Shutterstock

Des révélations du journal suisse alémanique Republik montrent que les services secrets du pays ont mis l'ensemble de la population sous surveillance.

Avec le développement des technologies de communications, les services secrets des grands pays ont de plus en plus d'outils à leur disposition pour mener leurs missions de surveillance. Certains, comme Pegasus, consistent en des instruments utilisés pour espionner des personnes particulières, quand d'autres, plus invasifs, peuvent tout bonnement mettre l'ensemble d'un pays sous écoute. Des systèmes extrêmement problématiques, découverts avec les fuites d'Edward Snowden en 2013, qui ont aussi été mis en place en Suisse.

Une surveillance analogue à celle dénoncée par Edward Snowden

En 2013, le monde découvrait avec les révélations d'Edward Snowden que la NSA, l'agence d'espionnage américaine chargée du renseignement d'origine électromagnétique, effectuait une surveillance de masse sur les citoyens du pays. Un précédent dangereux, depuis souvent invoqué quand un pays souhaitait améliorer ses capacités d'interception à l'aide de nouvelles législations.

Ainsi, en 2016, quand la Suisse faisait voter par référendum une nouvelle Loi fédérale sur le renseignement, nombreuses étaient les voix à s'inquiéter d'une dérive similaire. Dérive qui se confirme aujourd'hui avec des documents (correspondance officielle et dossier judiciaires) obtenus par le média alémanique Republik.

Ceux-ci montrent que l'ensemble des communications internet du pays sont mis sous surveillance. À l'instar du système mis en place une décennie auparavant par la NSA, dès qu'un des mots-clés établis par les services est découvert dans les communications, l'ensemble du message est envoyé au centre des opérations électroniques du Département fédéral de la défense. Il est alors décrypté, avant d'être transmis, si nécessaire, aux équipes du renseignement concernées.

Edward Snowden en parlait il y a 10 ans déjà © AP Images
Edward Snowden en parlait il y a 10 ans déjà © AP Images

Une promesse rompue ?

Le système est assez établi pour que le Département de la défense ait admis, dans les documents judiciaires consultés, que les communications « domestiques » étaient bien lues. Point encore plus litigieux, la surveillance serait non seulement massive, mais aussi particulièrement indiscriminée. Ainsi, comme le souligne Republik, le caractère secret de correspondances traditionnellement protégées, comme les échanges entre les avocats et leurs clients, ou les journalistes et leurs sources, est mis en danger.

La nouvelle risque de faire d'autant plus polémique qu'à l'époque du vote, plusieurs hauts dirigeants du Service de renseignement de la Confédération avaient publiquement assuré que la loi n'entraînerait pas de surveillance, que celle-ci n'était pas planifiée, et qu'aucun citoyen suisse ne serait de son fait espionné, que ce soit sur le territoire national ou à l'étranger. Le document d'explication envoyé avec le matériel de vote indiquait par ailleurs que cette réglementation était « si étroite que ce moyen ne peut être utilisé que contre des menaces spécifiques et qu'une surveillance globale de tous les citoyens est exclue. » Le résultat est semble-t-il légèrement différent.

Source : Republik

Samir Rahmoune

Journaliste tech, spécialisé dans l'impact des hautes technologies sur les relations internationales. Je suis passionné par toutes les nouveautés dans le domaine (Blockchain, IA, quantique...), les q...

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Journaliste tech, spécialisé dans l'impact des hautes technologies sur les relations internationales. Je suis passionné par toutes les nouveautés dans le domaine (Blockchain, IA, quantique...), les questions énergétiques, et l'astronomie. Souvent un pied en Asie, et toujours prêt à enfiler les gants.

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Commentaires (11)

_Reg24
Comme dans tous les pays, rien de nouveau…
gothax
Depuis Snoden nous le savons mais nous ne savons pas à quelle échelle<br /> Avec ces révélations les suisses le savent
adarion29
Voilà pourquoi il ne faut rien lâcher, ça fini toujours comme ça, et en fonction des pouvoirs en places qui changent ça peut vite devenir n’importe quoi. Pensez à nos loi surveillance avec les JO… Aucun doute que le but réel soit de renforcer ce genre de pratiques, avec un marché juteux à vendre aux pote de type comme estrosi, une gabegie comme on sait si bien les faire en politique
gothax
Perso, je soutiens la QdN et ses (nos) combats
hellcat1944
Vous pourriez aussi préciser que le Département de la défense suisse a vivement démenti ces allégations mais aussi que le journal Republik est considéré comme peu fiable car très orienté idéologiquement et politiquement…
NumLOCK
Bon déjà on ne donne absolument aucun détail organisationnel ni technique du prétendu dispositif.<br /> Et ensuite:<br /> «&nbsp;dès qu’un des mots-clés établis par les services est découvert dans les communications, l’ensemble du message est envoyé au centre des opérations électroniques du Département fédéral de la défense. Il est alors décrypté&nbsp;»<br /> Ceci n’a techniquement aucun sens: qui peut identifier des mots-clés dans des données chiffrées avant de les déchiffrer. C’est risible.<br /> Donc peut-être vrai, mais navrant de constater que ces journalistes n’ont fait aucun effort pour étayer ces «&nbsp;révélations&nbsp;».
Kriz4liD
C’est pour notre bien à tous !<br /> Les gentils politiques qui font ca ne le font que pour nous ! Ils sont la pour assurer notre confort et notre bien etre ! Ne vous posez plus de question ,laissez les vous niqu…
lanana
Façon un pays où l’on ne serait pas surveillé d’une quelconque manière n’existe tout simplement pas.<br /> Soit on nous y dit clairement (chose rare évidemment), soit ça se découvre après bien des années.<br /> La quadrature du net mène un combat tant bien que mal, mais ce qui est dingue, c’est que je suis convaincue que des personnes les voient comme des «&nbsp;extrémistes&nbsp;» à trop en faire, parce que pour la majorité de la population qui est novice, et ne sait pas trop ce qui se trame, n’ont pas conscience de tout ça, ni de l’ampleur que ça peut avoir.<br /> Suffit de parler d’Edward Snowden, certaines personnes (beaucoup probablement) ne savent pas qui il est, ni ce qu’il a mis au grand jour, et c’était il y a 11 ans.<br /> Preuve que les mentalités n’évoluent pas, les citoyens continuent de vivre l’air de rien, pas très soucieux, puis sortiront toujours la même phrase<br /> «&nbsp;Moi j’ai rien à cacher, je suis clean, donc je m’en fous qu’on m’espionne/surveille&nbsp;» (et par effet de bord ils tolèrent qu’on vole et revende leurs données personnelles), triste réalité, que je vois dans mon propre entourage, malgré leur avoir expliqué, je passe pour la parano de la famille…
Modjo1
mdr
kroman
Ça va booster le développement d’appli décentralisées chiffrées de bout en bout et passant par TOR. Bonne chance pour tout surveiller après !
MisterDams
Ha merci, ça allait être ma prochaine recherche que de comparer avec d’autres sources <br /> C’est vrai que la formulation d’ensemble semblait trop énorme et polémiste, en plus d’être techniquement difficile. Même si ça veut pas dire qu’il n’y a aucune surveillance, évidemment.
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