Une application capable de jouer aux avocats grâce à l'intelligence artificielle s'attire les foudres des professionnels du droit

Alexandre Boero
Chargé de l'actualité de Clubic
05 janvier 2024 à 08h08
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La justice et le droit n'échappent pas aux nouvelles technologies © mrshing / Shutterstock
La justice et le droit n'échappent pas aux nouvelles technologies © mrshing / Shutterstock

L'application iAvocat, lancée par un entrepreneur lyonnais, ne laisse pas de marbre les passionnées du monde juridique, car l'intelligence artificielle lui offre de vraies capacités d'avocat, en se basant notamment sur un demi-siècle de décisions de justice.

Avec son application iAvocat, Isaam Reghi fait polémique. L'entrepreneur de 35 ans promet, grâce à elle, de démocratiser l'accès au droit. La machine, nourrie de dizaines d'années de décisions de justice, propose des stratégies juridiques élaborées, proches de celles d'un avocat bien humain. Et c'est tout le problème : les professionnels du secteur ne voient pas cette technologie d'un bon œil. En réponse aux critiques, le Lyonnais l'assure : pour les utilisateurs, l'IA ne servira que de pont vers des avocats compétents.

Une application qui a avalé des millions de données et décisions de justice

Issam Reghi veut « faciliter l'accès au droit pour tous ». L'IA derrière cette application aurait assimilé pas moins de 50 ans de décisions judiciaires, mais aussi les programmes des écoles de la magistrature et celle du barreau. L'application est plutôt vorace donc, puisque cela représente l'équivalent de 11 millions de données.

Selon Issam, iAvocat est capable de « proposer une stratégie digne d'un avocat aguerri ». L'application, disponible depuis le 1er janvier 2024, n'est en revanche pas gratuite. Pour le moment, elle fonctionne sur un modèle annuel unique à 69 euros. Mais une offre mensuelle à 9 euros devrait bientôt être proposée aux utilisateurs.

Les critiques n'ont en tout cas pas tardé à éclater sur les réseaux sociaux. Certains expriment leur scepticisme avec ironie, se demandant par exemple comment une IA pourrait plaider devant une cour d'assises. Ce à quoi Issam Reghi a réagi en annonçant à nos confrères du Progrès le lancement d'une plateforme de mise en relation. Elle devrait avoir pour but, grâce à l'IA, d'assurer une collaboration qui ne ferait que des heureux, en redirigeant les clients vers de vrais avocats. Mais la question fondamentale demeure : l'essor de l'IA dans le domaine juridique suscite-t-il des inquiétudes légitimes ou offre-t-il de nouvelles opportunités ?

Les avocats robots, ce n'est pas encore pour tout de suite © Anton Gvozdikov / Shutterstock
Les avocats robots, ce n'est pas encore pour tout de suite © Anton Gvozdikov / Shutterstock

Une IA qui ne se destine pas à remplacer l'avocat humain, mais qui pourra l'aider dans bien des domaines

Le débat sur l'impact de l'IA dans le secteur juridique s'intensifie, d'autant plus que GPT-4 a déjà prouvé qu'il pouvait être un très bon avocat. Certains juristes soulignent que l'IA, bien qu'impressionnante, reste néanmoins un outil analytique et non créatif. Un avocat fait de chair et de sang détient une capacité humaine à concevoir des stratégies disruptives.

Maître Jean-Bernard Prouvez, avocat au barreau de Lyon, partage la perspective selon laquelle l'IA, en tant qu'outil analytique, ne remplacera jamais le rôle essentiel de l'humain, notamment dans l'exercice de la plaidoirie. « L'idée est d'en faire une aide, notamment à la rédaction », indique-t-il.

Foudeil Benazout a, lui, participé à l'évaluation d'iAvocat avant son lancement. Cet autre avocat lyonnais souligne l'importance de mettre l'IA en conformité avec la loi et la déontologie. Ce qui nous amène au principe de la confidentialité, un concept encore un peu étranger pour les intelligences artificielles, qui empilent les données et les informations. « Mais il est pertinent de prendre le taureau par les cornes, travailler avec la machine et pas contre », ajoute le juriste. La coexistence harmonieuse entre les compétences humaines et l'intelligence artificielle semble aujourd'hui être la clé pour tirer pleinement parti des avantages de la technologie tout en respectant les valeurs fondamentales du droit, et en laissant le progrès faire son oeuvre.

Source : Le Progrès

Alexandre Boero

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Journaliste, chargé de l'actualité de Clubic. Reporter, vidéaste, animateur et même imitateur-chanteur, j'ai écrit mon premier article en 6ème. J'ai fait de cette vocation mon métier (diplômé de l'EJC...

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Journaliste, chargé de l'actualité de Clubic. Reporter, vidéaste, animateur et même imitateur-chanteur, j'ai écrit mon premier article en 6ème. J'ai fait de cette vocation mon métier (diplômé de l'EJCAM, école reconnue par la profession), pour écrire, interviewer, filmer, monter et produire du contenu écrit, audio ou vidéo au quotidien. Quelques atomes crochus avec la Tech, certes, mais aussi avec l'univers des médias, du sport et du voyage. Outre le journalisme, la production vidéo et l'animation, je possède une chaîne YouTube (à mon nom) qui devrait piquer votre curiosité si vous aimez les belles balades à travers le monde, les nouvelles technologies et la musique :)

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Commentaires (9)

sebstein
puisque cela représente l’équivalent de 11 millions de données.<br /> Soit environ 275 kilo, en somme ?
lepef32
Il est assez evident que les (bas) metiers de la justice sont morts. Les avocats vont rester mais un cabinet va pouvoir fortement reduire ses effectifs …<br /> Franchement, pop-corn, il y a trop eu de dénigrement quand les prolos ont perdu leur jobs avec la mecanisation, les delocalisations et l’immigration cheap pour ne pas rigoler un coup maintenant que les metier intellectuels et artistiques sont touches …
jvachez
Une justice sans avocat serait une vraie justice.<br /> Ce n’est pas normal qu’un verdict dépende du talent d’un avocat ou des juges présents.<br /> L’idéal serait que l’IA gère tout. Tels faits et preuves entrainent tel verdict de façon universelle.
StephaneGotcha
On pourrait dire que les avocats sont verts ?<br /> Avec cette réaction, ils vont droit dans le «&nbsp;mûr&nbsp;» !
nicgrover
Dupont-Moretti sera-t-il condamné par l’IA? Une victime de plus du système…
saddedm61
Clairement, tous les métiers dont le rôle est d’apprendre par cœur des quantités d’informations seront morts d’ici 5 ans. Même chose pour ceux qui jongle avec les chiffres (comptables, contrôleur fiscaux, etc…). Effectivement nous assistons à une révolution : jusque ici, c’était les métiers mal payés et peu qualifiés qui disparaissaient au profit de la robotisation. Désormais, ce sont les métiers intellectuels bien payés qui sont sur le départ. Si vous aimez vos enfants, faites en des cuisiniers, des maçons ou des plaquistes. Ceux-là ont encore une génération pour bosser. Mais dans 50 ans, tout le monde sera au chômage.
Roger_Pimpon
J’ai déjà lu ce type de commentaire et je le trouve chaque fois effrayant.<br /> A quel moment et par qui ceux qui ont vu leur les jobs sacrifiés par l’automatisation (qui a des aspects positifs tout de même, parce que derrière souvent des jobs horribles avec ces espérances de vie en berne), les délocalisations (là aucun raisonnable) et l’immigration (qui permet de réduire les charges en rognant sur les acquis. Qui sert d’abord les employeurs, les actionnaires. Mais qui comme dans le cas de la délocalisation, profite aussi de façon bien perverse à un plus grand nombre. On a tous des produits chinois chez nous, et bien satisfaits de ne pas les avoir payé plus cher. Regardons nous en face) ont été dénigrés ? Vraiment ? A quel moment avez vous été témoin réel de ce dénigrement ?<br /> Très souvent assurément, trop d’indifférence. Mais indifférence partagée malheureusement pas tous. Quand ces gens ont perdu leur emploi, on a relevé aucun mouvement de solidarité large, étendu au delà des cercles proches des victimes ? Point de mobilisation. Juste du soutien du bout des lèvres, des condoléances.<br /> En revanche dans votre commentaire, c’est bien plus que du dénigrement pour ces métiers qui vous qualifiez «&nbsp;d’intellectuels&nbsp;». Là on se réjouit ouvertement du malheur de l’autre. De l’autre qui est coupable d’avoir fait des études. L’avocat qui est donc coupable d’avoir mouillé un peu la chemise (parce qu’il s’agit d’études un peu exigeantes, qui demandent plus d’effort de sacrifices que d’autres. Mais notons aussi, des études ouvertes à tous. Sans frais particulier pour peu qui vous habitiez près d’une grande ville (voir fiche wiki de Rachida Dati)), cet intellectuel est coupable de ces vies sacrifiées (???). Par contre celui qui monte un business (le business men, le commercial … études là non ouvertes à tous : il faut que papa maman sortent le chéquier)(rappelons le principe de base d’un business : profiter la misère d’un coté et de la crédulité de l’autre pour faire des bénéfices), métiers clairement non intellectuels mais à l’origine direct de ces sacrifices, en tirant eux profit direct et donc s’en réjouissant (avec les actionnaires), jamais pointés du doigt. Vous dézinguez l’avocat qui défend les gens sacrifiées par ceux envers lesquels vous n’affichez aucune animosité…<br /> Et le rapprochement intellectuels et artistes … On peut légitimement être chatouillé par tout le blé, ces montant vulgaires, qui circule dans le monde des arts (mais là on retrouve nos business men qui n’aiment pas le vide. Et on doit alors l’être autant pour les gens du sport), mais qui d’autres que ces deux groupes d’individus ont fait de notre civilisation ce qu’elle est ? On leur doit tout ce qui relève de notre élévation (la science et les arts). Maintenant ces personnes en retour, se doivent de rester humbles, parce qu’elles doivent tout aux masses laborieuses, qui prennent en charge pour eux tout ce qui nous permet de survivre et vivre même confortablement.<br /> On doit en premier lieu tout aux gens qui travaillent (au sens étymologique du terme). Et il convient bien sûr de le rappeler régulièrement au gens «&nbsp;d’en haut&nbsp;» intellectuels et artistes. Mais eux ne sont pas la source de nos problèmes. C’est la cupidité diffuse que nous portons chacun en nous, et que certains expriment pleinement sans scrupules (et souvent sous les applaudissements : tous ces entrepreneurs sanctifiés, qui n’ont dans les faits souvent que monté des business florissant sur des idées de rien ou malsaine (ex tous les rois de l’uberisation))
lepef32
Je suis globalement d’accord avec votre commentaire bien construit et tres mesuré ( donc plus précis que le miens fait a la va vite et qui peut donc paraître radical .)<br /> «&nbsp;ont été dénigrés ? Vraiment ? A quel moment avez vous été témoin réel de ce dénigrement ?&nbsp;»<br /> Alors oui on entend pas des «&nbsp;bien fait pour les prolos&nbsp;» mais du mépris condescendant de leurs problèmes en lisant entre les lignes/paroles de la «&nbsp;bourgeoisie&nbsp;» au sens large, il y en a pléthore (la periode des Gilets Jaunes etait un festival).<br /> «&nbsp;(rappelons le principe de base d’un business : profiter la misère d’un coté et de la crédulité de l’autre pour faire des bénéfices)&nbsp;»<br /> C’est extrêmement réducteur désolé, un business, pour 95% d’entre eux c’est avant tout remplir les besoins de clients et faire une marge pour en vivre. Pour les 5% qui reste oui ca correspond a votre description.
arnaques_tutoriels_aide_informatique_tests
Les avocats en pls et tant mieux ! Ils vont devoir diminuer leur honoraires scandaleux ahahah
Blackalf
arnaques_tutoriels_aide_informatique_tests:<br /> Les avocats en pls et tant mieux ! Ils vont devoir diminuer leur honoraires scandaleux ahahah<br /> Assurance protection juridique vie privée à 40 €/an et tu es couvert pour beaucoup de choses.<br /> Suite à un accident que ma femme a eu dans une grande surface, l’assurance a tout payé pendant 13 ans et nous avons récupéré au final 40.000 €. Et nous avions choisi un avocat spécialisé dans les litiges d’assurance bien réputé et coûteux. ^^
arnaques_tutoriels_aide_informatique_tests
Hello pas sur de tout capter. Oui je connais l’assurance à 40e mais c’est juste des conseils juridiques, pas un vrai avocat il me semble. Ensuite, vous parlez d un avocat couteux donc fallait bien encore payer. La question est :avocat non spécialisé vous auriez pas paye plus de 40e ? Mais vous auriez pas gagné ? Merci.<br /> Bon dimanche
juju251
Relis bien ce que Blackalf a écrit :<br /> Blackalf:<br /> Suite à un accident que ma femme a eu dans une grande surface, l’assurance a tout payé pendant 13 ans et nous avons récupéré au final 40.000 €. Et nous avions choisi un avocat spécialisé dans les litiges d’assurance bien réputé et coûteux. ^^<br /> Ca semble clair.
Blackalf
Une assurance protection juridique vie privée vous couvre pour toutes sortes de risques, dans le cas de ma femme, un accident survenu dans une grande surface. Elle est tombée en glissant sur un liquide qui s’écoulait d’un frigo au rayon crémerie et s’est bousillé un genou.<br /> Voilà ce que couvre notre contrat :<br /> www-data.das.be<br /> F5001_T19_Vie_Privee_8e675501d9.pdf<br /> 188.21 KB<br /> Lorsque l’assurance accepte le dossier, elle vous fait choisir dans des listes un médecin-conseil licencié en dommages corporels et un avocat pour vous représenter et paie tous les frais (dans la limite d’un plafond, variable selon le contrat).
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