Créer un musée virtuel en ligne pour sauvegarder le patrimoine ukrainien, voilà le but du Museum of Stolen Art. Une lutte culturelle vitale, loin de la ligne de front.
En plus des conséquences dévastatrices du conflit russo-ukrainien (pertes humaines dramatiques, déplacements de populations, dommages matériels ou même risques inhérents à la cybersécurité), il ne faut pas oublier qu'une guerre d'usure comme celle-ci détruit tout. Le patrimoine culturel est également menacé, et le sauvegarder est également un acte héroïque. L'initiative Museum of Stolen Art vise à rassembler et à exposer dans un espace virtuel les œuvres volées ou détruites pendant les combats.
Une réponse numérique à la crise culturelle
Le Museum of Stolen Art a été créé par les Les Yakymchuk de l'agence Lynza. Pensé comme un véritable musée, il est possible de naviguer dans les pièces et d'admirer des galeries qui regroupent des œuvres perdues (lien dans les sources). Des pièces d'artistes de renom comme Arkhip Kouïndji ou Ivan Aïvazovski ainsi que de nombreuses autres y sont présentes. Ce musée est aussi un témoin de la perte de patrimoine que l'Ukraine a subi pendant ces années de conflit.
Les Yakymchuk souligne l'importance de ce projet : « les Russes sont en train de convaincre le monde que certaines de ces œuvres d’art ont toujours été russes ! Ils ne volent pas seulement les objets, ils volent la mémoire et les informations de ces objets ». Depuis le début du conflit, des dizaines de milliers d'œuvres d'importance majeures ont été détruites ou dérobées. Le phénomène est aujourd'hui considéré par les historiens comme le plus grand vol d'art depuis la Seconde Guerre mondiale.
Espoirs pour l'avenir
Les efforts déployés sont titanesques au vu de l'ampleur de la tâche. L'Ukraine, toujours engagée dans l'effort de guerre, rencontre de grosses difficultés à archiver les œuvres disparues. Les Yakymchuk le disent eux-mêmes, c'est un processus extrêmement long qui pourraient bien s'étendre sur des années. Ce musée en ligne est aussi une manière de préparer le terrain en vue d'un éventuel rapatriement des œuvres d'art lorsque le contexte s'y prêtera.
L'Unesco a pour projet de fonder également un projet du même style, le Musée Virtuel des objets culturels volés pour 2025, en partenariat avec Interpol. Les Yakymchuk ont réagi à cette annonce : « Nous ne sommes pas encore entrés en contact avec eux. Mais j'espère qu'on y verra des œuvres ukrainiennes (…) »
Le Museum of Stolen Art est donc plus qu'une simple collection d'images, il est un acte de résistance. Les identités culturelles s'expriment en partie à travers l'expression artistique, et celles-ci sont mises à rude épreuve lors des temps de guerre. Si le virtuel peut aider, il serait dommage de ne pas en profiter.
Sources : Radio France, Museum of Stolen Art