Réalisé en partie avec l'IA, cet anime Netflix fait déjà polémique

04 février 2023 à 15h00
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© Netflix / Wit Studio
© Netflix / Wit Studio

Réalisé en partie grâce à une IA génératrice de contenu, ce nouvel anime Netflix se montre aussi controversé que l'outil employé pour sa création.

Présenté comme un « effort expérimental » pour avertir de la pénurie d'artistes dans l'industrie des animes et la compenser, la plateforme de streaming a donc employé des moyens qui n'ont clairement pas été du goût de tout le monde.

A Dog, a Boy and an AI

Intitulé Dog & Boy, l'anime en question est un très court-métrage de seulement 3 minutes. Si les personnages ont bien été dessinés par des artistes de chair et d'os, Netflix et le studio d'animation Wit Studio se sont servis d'une IA génératrice d'images pour les décors en fond, qui représentent une partie très importante du processus de création d'un anime.

Ce qui a frappé de nombreux spectateurs, c'est la manière selon laquelle les artistes ont été crédités à la fin du court-métrage. En effet, les décors de fond sont attribués à « IA (+ Humain) », et nous pouvons également lire des crédits à destination de rinna Co., une société d'art spécialisée dans l'intelligence artificielle, ainsi que de plusieurs chercheurs versés dans ce domaine.

Sauf que les artistes humains ont non seulement travaillé sur les personnages, mais ont également dû retoucher les décors générés par l'IA. Sans pour autant recevoir de rémunération pour ce travail supplémentaire, puisque le gros du travail n'est, aux yeux de Netflix et Wit Studio, pas de leur fait.

L'industrie de l'anime dans la tourmente

Beaucoup ont donc vu dans ce court-métrage (non sans raison) une manœuvre de la part de Netflix et Wit Studio pour faire des économies sur la main-d'œuvre humaine en faisant appel à l'intelligence artificielle. Cette situation n'a malheureusement pas attendu l'IA pour être déjà dramatique.

Selon l'association japonaise des créateurs d'animation, en 2018, les artistes travaillant sur les décors de fond touchaient 200 yens (environ 2 euros) par dessin. Pour une animation fluide demandant de nombreux dessins et des heures de travail, chaque animateur gagnerait en moyenne 1,1 million de yens (aux alentours de 10 000 euros) par an, alors que le seuil de pauvreté au Japon est estimé à 2,2 millions de yens (environ 20 000 euros) par an.

Pire encore, de nombreux studios d'animation font appel à des artistes freelances travaillant bénévolement pour produire des animes en masse et dans les temps. Mais ce dernier coup d'éclat artificiel de Netflix touche, en plus de l'aspect financier de la chose, à l'honneur des artistes de chair et d'os.

En 2016, le très connu Hayao Miyazaki, cofondateur et dirigeant du non moins célèbre Studio Ghibli, avait en effet exprimé le fond de sa pensée vis-à-vis des programmes d'animation assistés par l'IA en ce sens : « Je souhaite que jamais cette technologie ne soit incorporée à mon travail. Je la perçois comme une insulte à la vie elle-même. » Une réaction pour le moins visionnaire, au vu de la levée de boucliers des communautés d'art face à des outils tels que DALL-E ou Midjourney ces derniers mois…

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Commentaires (35)

nicgrover
Que c’est moche…
Mayonnez
On s’y attendait, maintenant il va falloir réagir avant d’être complétement mangé par les industries qui ne vont plus avoir envie de payer des artistes humains.
Aristote76
Vu ce que c’est laid, ils vont pas augmenter leurs abonnés.
gamez
moi ce qui me rend triste c’est surtout le chien qui a perdu son ami sniffffffffffff<br /> mais heureusement il l’a retrouvé!!! <br /> par contre il va le reperdre car l’humain vieilli et finira par mourir alors que lui, non, donc ca va être encore triste sniffffffffff :’(
SlashDot2k19
Ils s’en mettent plein les fouilles aux dépend des animateurs payés au lance-pierre…
Metaphore54
Je trouve ça bien, c’est un outil que les artistes vont pouvoir utiliser pour augmenter leur productivité et peut être même en qualité. Par contre la retouche des images est un travail qui doit être rémunéré.
fg03
Je pensais que les séries françaises qu’on voyait sur TF1 entre autres étaient faites avec de l’IA cad de l’Inintelligence Artificielle<br /> :o)
Yasakar
Il suffit de ne pas regarder ou de boycotter l anime pour que netflix change de point de vue.<br /> Outre l aspect artistique, on est dans un monde d offres et de demandes. Si pas de demande, pas d offre. Et si on force l offre, on peut tjrs ne pas consommer.<br /> Les seules questions : qui va gagner ce bras de fer ? De quel coté va se placer le regulateur (les etats et gvts)?
Wen84
Après c’est pas nouveau qu’ils essayent de réduire la quantité de travail sur les dessin animés, ça ne date pas de l’IA
Pronimo
Les artistes se plaignent des crunchs et des conditions de travails dans certaines sociétés comme chez Marvel. Ils devraient plutôt embrasser l’IA qui pourrait faire partie de leurs workflows afin de réduire leurs charges de travail, pas spécialement pour générer des œuvres entières - ce dont le résultat est souvent très discutable -, mais pour des retouches (a la façon Photoshop!).
KlingonBrain
On peut y voir aussi du bon.<br /> A terme, les industriels exploiteront les machines et les IA au lieu des humains. Et en échange on sera obligé d’instaurer un vrai droit a un revenu universel. (Parce qu’économiquement, ce qui se produit sans travail peut se redistribuer sans contrepartie en travail).<br /> Ce qui fait que les humains pourront utiliser leur temps pour réfléchir et faire preuve de vraie créativité artistique plutôt que de produire du « tout venant » commercial au kilomètre.
Yorgmald
C’est fou quand même, les « artistes » sont en concurrences ou remplacés par des IA et ça pleure, ça crie au scandale MAIS quand les ouvriers ou autres personnes sont remplacés par une machine (entre autres) là on dit rien.<br /> Perso je me dis que c’est bien cette histoire d’IA, chacun son tour de subir l’évolution du marché et du monde. Certains ont dû le faire, aux autres aussi.
baal-fr
Rarement vu comparaison aussi flinguée. Si les gens râlent quand des robots remplacent des ouvriers, c’est SURTOUT parce qu’ils perdent leur emploi et que le contexte socio économique ne favorise pas l’emploi ou la reconversion. A peu près certain que 99% des ouvriers, si tu leur propose une solution garantie bien moins usante, ils signent dans la minute pour être remplacés par des robots.<br /> Quel rapport avec des artistes/artisans dont le job est directement lié à leur passion (aliénation moindre) ? Et même sans ça, faut quand même être assez ignorant pour omettre tout le processus de création et l’intention donnée par un artiste (ou une équipe) qui est fondamental dans une oeuvre. Il n’y a pas que le résultat qui importe (sachant que même sur le résultat, c’est déjà loin d’être ça avec une IA).
Blap
Le recours a l’IA ne changerait rien aux crunchs, il y a eu des automatisations dans tous les domaines dans la creation de films bien plus drastiques que l’IA et ca ne change strictement rien sur les conditions de travail.<br /> Et comparer l’IA a du photoshop c’est vraiment ne pas s’etre renseigne sur le sujet. Il est bien plus rapide de retoucher sur un soft dedie a ca que d’utiliser de l’IA.<br /> Pareil quand tu veux retoucher un resultat d’IA, ca prend moins de temps de tout refaire car tu n’as aucun controle sur ce resultat comme dans d’autres softs de creation
Joeee
Yorgmald:<br /> C’est fou quand même, les « artistes » sont en concurrences ou remplacés par des IA et ça pleure, ça crie au scandale MAIS quand les ouvriers ou autres personnes sont remplacés par une machine (entre autres) là on dit rien.<br /> Pas tout à fait la même chose. Les robots permettent de sauver les emplois en France. Avec la mondialisation, les couts d’un ouvriers français sont bien plus importants que certains pays d’europe et surtout de Chine.<br /> Si on arrive à refaire revenir une partie de notre industrie, c’est en partie avec les robots. Préfères tu une industrie faite à l’étranger par des ouvriers en Chine ou faire revenir l’industrie en France avec des robots ?
Roger_Pimpon
Enfin l’histoire nous raconte autre chose. Les processus d’automatisation du travail n’ont malheureusement que rarement libéré les « travailleurs » (voir le début de l’ère industrielle qui a conduit aux pires horreurs. Aujourd’hui le management automatique, l’homme piloté par un algorithme). Ce serait merveilleux, mais…<br /> Ces progrès sont d’abord et toujours au service de ceux qui possèdent l’outil de production/distribution.<br /> C’est uniquement par la lutte, le combat (jusqu’ici dans la rue) que les travailleurs ont pu obtenir leur part du gateau (et encore tout est bien relatif, puisqu’on a surtout en fin de millénaire externalisé l’esclavage (Chine, Inde, Afrique …)).<br /> Ces « disruptions » comme disent les gens qui savent produisent d’abord des cadavres. Qui suscitent bien souvent bien très peu d’empathie chez ceux qui échappent aux gouttes. Et pourtant à terme, le prix de ces « réorganisations brutales », tout le monde, indirectement, le paie.
F4FEnder
Donc quand on met un robot on sauve l’industrie et on aide le pauvre travailleur qui souffrait… mais si un jour on génère des films avec des IA alors ce sera une catastrophe pour les travailleurs et l’industrie du « film ».<br /> J’ai du rater un épisode car pour moi cela revient au même.<br /> Ou je travaille on produisait 600K pièces par jour avec 4 à 5 personnes et désormais c’est 1500K pièces avec 1 personne.<br /> Je dis pas que c’était mieux ou pire avant mais que la robotisation est passée par la et que des emplois ont disparu.<br /> Par contre, je trouve amusant les commentaires « c’est moche », « on perd plus de temps… », c’est peut-être vrai aujourd’hui mais ce ne sera surement plus le cas dans 5/10/20 ans.<br /> D’autre part avant l’informatique chez Disney c’était souvent un dessin par image et cela devait déjà générer plus de main d’œuvre.
TonTonFomoso
Ce problème va s’appliquer a tout les domaines<br /> Il va falloir accepter le progrès et accepter que le travail va devenir une chose du passé<br /> donc ceux qui se définis que a travers l’emploi il va falloir vous trouver d’autres passions<br /> La perte d’emploi n’es pas une excuse car c’est le revenue universelle qui va remplacer l’emploi
pecore
Ou alors et à mon avis, de manière plus constructive, au lieu de créer une société d’oisifs payés à glander, on pourra créer de nouveaux emplois dans des secteurs inexplorés ou bien en souffrance. Ce ne sont pas les possibilités qui manquent.
bizbiz
C’est exactement la première réflexion qui m’est venue en tête .
flodousse
Si plus personne ne gagne d’argent plus personne ne peut commander netflix donc ca peut pas marcher comme système<br /> Il y aura forcément des gens avec des revenus
pecore
F4F_Ender:<br /> cela devait déjà générer plus de main d’œuvre.<br /> Assurément, mais il me semble que même au début de l’animation on utilisait des calques pour les décors de fond, de manière à ne pas avoir à les redessiner à chaque fois.<br /> Donc même à l’époque, cela demandait moins de travail que l’animation des personnages. On peut donc supposer que ceux qui s’en chargeaient étaient considérés comme les petites mains du secteur.
Sodium
Tout ceux qui commentent « nianiania c’est moche » me font beaucoup rire. Vous oubliez totalement qu’il y a cinq ans, ceci était de la pure science fiction. Ca va continuer d’évoluer très vite et les artistes que je connais, qui eux connaissent la réalité du milieu, craignent déjà largement pour leur avenir.
TotO
C’est ignorer ce métier ou utiliser l’IA pour détourner la rémunération. N’importe quel graphiste vous dira que ça ne prend pas plus de temps de dessiner un arrière plan de tête ou depuis une vue réelle, que devoir reprendre le travail d’un autre pour avoir le bon rendu.<br /> La logique voudrait que l’IA soit un outil, tel un filtre dans Photoshop.
dFxed
Oui, un outil peut être mal utilisé.<br /> Oui, interdire les nouveaux outils sous ce prétexte, c’est anti-evolutif, et a contre sens de l’histoire.<br /> Oui, le but ultime de certains est de s’enrichir au dépends des autres et de tout le reste. Rien a voir avec l’outil…
City79
« effort expérimental » pour avertir de la pénurie d’artistes dans l’industrie »<br /> Sachant qu’il y a plus de 450 saisons de séries qui sortent chaque années et tout autant en animés, je ne pense pas qu’une pénurie d’artistes soit bien importante. On produit trop et dans tous les sens, comme dans tous les autres domaines d’ailleurs.
ABC
Il faut être aveugle pour ne pas voir l’inspiration, pour ne pas dire le vol de ce qui existe déjà. Aucune créativité, juste du prédigéré régurgité. Aucune cohérence artistique. C’est le niveau zéro de la création. Les seuls qui ont à craindre de ça sont les mauvais qui pastichaient ou piquaient déjà le travail des autres.<br /> Le jour ou l’IA sera vraiment capable de création au sens véritable du terme, n’est pas arrivé. Ça finira par arriver. Mais ça demandera de tels investissements en terme de ressources, sans se baser sur le vol, que ça coutera une blinde.
F4FEnder
J’aime lire: « Les IA volent » car elles sont « nourris » par des bases de données et le mettre en corrélation avec des musiciens comme Tommy Emanuel qui disent que pour être un bon musicien il faut écouter un maxium de musiques et ce dans tous les univers musicaux, qu’il faut se nourrir de cela…<br /> Je me fais lavo at du diable mais ce qui est valable pour les humains devrait être valable pour les IA, non?
StephaneGotcha
Donc en fait le problème n’est pas l’IA mais l’argent et la reconnaissance que les gens veulent garder.
Roger_Pimpon
D’accord sur tous les points. Mais sur le dernier je modulerais. Ce « certains », c’est en fait presque tout le monde. Ne nous voilons pas la face. Dés lors l’avènement d’un outil aussi puissant (avec une capacité de déploiement comme jamais l’humanité n’en a connu) laisse présager de trucs assez peu engageant.<br /> Je ne suis ni contre le « progrès », ni contre l’I.A (dont on peut concevoir assurément pleins d’applications merveilleuses (on nous en présente là une par semaine)). En revanche je trouve cette dernière tellement vertigineuse que s’en est inquiétant. Et je suis aussi effrayé de l’enthousiasme totalement débridé qu’elle suscite (comme si personne n’avait lu un bouquin de SF anticipative). Et triste du peu de cas qui est fait de ceux qui vont se prendre cette « disruption » dans la gueule (là aussi un bon révélateur de ce qu’est la nature humaine).
gloubhi-Boulgha
le coup du « job passion »: genre s’il ya passion, ça ne mérite pas d’être payé?<br /> aliénation moindre?<br /> en quoi un agriculteur, un artisan, ou un ouvrier chez renault devraient être moins passionés ?En gros, faut s’emmerder dans des jobs à la con pour mériter salaire?<br /> la « passion » c’est surtout un argument pour ne pas payer les gens.<br /> revoyez un peu la logique de l’argument du « métier passion ». c’est juste une arnaque pour ne pas payer les gens au niveau du travail fourni.<br /> c’est tout le problème de notre civilisation, où le travail (l’étymologie= tripalium = instrument de torture) devrait être une souffrance, sinon ça ne mérite pas salaire.<br /> bonjour la PNL…
gloubhi-Boulgha
surtout que l’IA demande pas mal de travil… ceux qui ont essayé le savent. là c’est surtout de la 3D vu qu’il est bien dit que seuls les décors et certains effets spéciaux ont été généré par IA.<br /> euh, et alors?<br /> ça ne dérange pas les gens d’aller voir avatar où tout est fait en 3D et pas en décors fait par des artsans avec des marionnettes compliquées (chomage des marionetistes, des décorateurs)… alors que le scénario est vraiment creux et bidon, un simple copier coller du premier avatar.<br /> ça ne dérange pas les gens d’aller au ciné sans qu’il y ait un pianiste en chair et en os dans chaque salle comme dans l’ancien temps (le cinéma parlant est passé par exactement la même phase que ces débats idiots sur l’IA - mise au chomage des pianistes).<br /> et des centaines d’exemples à toutes les époques, à chaque nouveauté… mémoire courte. se scandaliser pour rien.<br /> ainsi va le monde , les metiers vont et viennent, ceux qui s’adaptent continuent, et les autres personnes en a rien à faire. Dans ceux qui critiquent, je pense que très peu achètent des oeuvres d’art ni vont voir les films , les musiques et autres « arts » qu’on ne leur sert pas tout cuit via le marketing et la promotion.<br /> et vu le travail de chien des animateurs et desinateurs, depuis longtemps, surtout au japon, faut être un peu esclavagiste pour ne pas leur permettre de profiter de ces nouveaux outils, et un peu borné en tant que spectateur pour ne pas en profiter et apprécier le boulot au dela des termes nouveaux comme « IA ».<br /> tartufferies… débats niveau Hanouna…
baal-fr
Je suis heureux de t’annoncer que t’as compris mon message à l’envers. C’est pas grave, inverse juste ta réflexion.
Blade_Hunter
exactement, comme à l’époque de la Grèce antique, notamment à Athènes, la société reposait en grande partie sur l’exploitation des esclaves pour le travail. Cependant, cette période a également été marquée par des avancées significatives dans de nombreux domaines, notamment la philosophie, la démocratie et les arts. En effet, Athènes a vu l’émergence de grands penseurs tels que Socrate, Platon et Aristote, ainsi que la mise en place d’un système démocratique unique pour l’époque. De plus, les artistes athéniens ont laissé un héritage culturel riche et varié, avec des exemples remarquables d’architecture, de sculpture et de théâtre. Malgré l’utilisation généralisée des esclaves dans leur société, les Athéniens ont également développé des idées et des pratiques qui ont permis une progression significative dans les domaines de la pensée, de la politique et de la culture. PS: le mot « robot » de Asimov avait été inspiré du mot tchèque « robota », qui signifie « travail forcé » ou « corvée » donc « esclave »
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