Tempête droit devant ! La NASA envoie ses petits satellites TROPICS étudier les ouragans en détail

Eric Bottlaender
Spécialiste espace
09 mai 2023 à 18h30
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Le lanceur Electron avec les deux minuscules satellites sous sa coiffe, lors d'une répétition sur le pas de tir. Crédits NASA/Rocket Lab
Le lanceur Electron avec les deux minuscules satellites sous sa coiffe, lors d'une répétition sur le pas de tir. Crédits NASA/Rocket Lab


Deux petits CubeSats ont décollé depuis la Nouvelle-Zélande avec un lanceur Electron, pour aller observer depuis l’orbite la saison des ouragans à venir. Des satellites de seulement 5,5 kg chacun, qui ont pourtant des capacités de mesures scientifiques étonnantes.

Deux autres unités TROPICS rejoindront cette petite constellation d’ici deux semaines.


Petits satellites, grandes attentes

C’est une toute petite constellation, et pourtant la NASA et les États-Unis vont surveiller de près les résultats de ces satellites TROPICS (Time-Resolved Observations of Precipitation structure and storm Intensity with a Constellation of Smallsats
). En effet, les deux premiers de ces quatre CubeSats (repliés, ils mesurent 10x10x36 cm) sont arrivés en orbite ce 8 mai après leur lancement à 3h du matin (Paris) depuis la Nouvelle-Zélande. Petits, mais costauds ! Ils sont équipés d’un radiomètre micro-ondes qui tourne sur lui-même à 30 tours/minute et qui « scanne » l’intérieur des nuages sur sa trajectoire à différentes bandes de fréquence. L’objectif est simple, disposer de profils détaillés et approfondis des formations de tempêtes tropicales, cyclones et ouragans (en particulier dans l’Atlantique, mais pas uniquement) pour pouvoir étudier leur évolution. L’aspect « constellation » est d’ailleurs crucial : avec à terme quatre unités, la NASA veut pouvoir scanner une éventuelle tempête une fois par heure ! Profils de température, composition, densité hydrologique… De tels instruments existent déjà sur des satellites météorologiques beaucoup plus gros en orbite basse, mais ils n’ont ni les mêmes caractéristiques exactes ni cette fréquence d’observation.

Sous les sunlights des TROPICS

Le décollage, initialement prévu le 1er mai avec le lanceur Electron, a ironiquement été repoussé d’une semaine à cause de conditions météorologiques trop proches de la tempête au large de la péninsule de Mahia, le site de lancement de Rocket Lab en Nouvelle-Zélande. Or, pour la mission TROPICS, l’agenda est un élément majeur : Rocket Lab doit impérativement envoyer les deux unités restantes en orbite pour qu’elles puissent toutes être déployées et actives avant juin… et le début de la saison des ouragans en Atlantique, qui s’étend officiellement du 1er juin au 30 novembre (ce qui n’empêche pas quelques exceptions). C’est que ces petits satellites, s’ils sont peu chers, y compris à envoyer en orbite, n’ont pas une durée de vie extraordinaire. Du coup, la NASA, qui espère les utiliser au moins un an, veut avoir une saison des ouragans complète en observation. Avant, peut-être, de passer à des véhicules plus pérennes.

Voici à quoi ressemble un satellite TROPICS (il s'agit d'un modèle précurseur). Crédits NASA
Voici à quoi ressemble un satellite TROPICS (il s'agit d'un modèle précurseur). Crédits NASA

Deux sur six ? Ou quatre sur six ?

Il faut dire aussi que TROPICS a eu une histoire mouvementée. À l’origine, il devait y avoir six satellites, mais les deux premiers ont été perdus l’année dernière lors d’un échec au décollage avec un lanceur Rocket 3 de l’opérateur ASTRA. Fait rarissime, l’agence avait ensuite décidé de changer de fournisseur pour passer chez Rocket Lab et son lanceur Electron. Et de nombreux observateurs ont cru à une redite ce lundi 8 mai : les deux satellites ont pris jusqu’à 6 heures pour établir leur premier contact avec les stations au sol !

Source : nasa

Eric Bottlaender

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser v...

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser vos questions !

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Commentaires (3)

yann_ducept
Je ne comprends pas, le rôle de surveillance des phénomènes météorologiques ne devrait il pas être géré par la NOAA: l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique ?
ebottlaender
Grosso modo, on peut dire que la NOAA est en charge de la météo et que la NASA est en charge de la recherche.<br /> S’agissant d’un programme essentiellement axé sur la recherche, il est sous gestion NASA (ce qui n’empêche pas les ponts entre les deux agences).
Chirokee
Bien vu Yann
yann_ducept
Merci
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