AWS (Amazon Web Services) veut rendre plus d’eau qu’elle n’en utilise, mais comment ?

Alexandre Boero
Par Alexandre Boero, Journaliste-reporter, responsable de l'actu.
Publié le 02 décembre 2022 à 09h30
Le logo AWS, ici au AWS re:Invent 2022, à Las Vegas © Alexandre Boero pour Clubic
Le logo AWS, ici au AWS re:Invent 2022, à Las Vegas © Alexandre Boero pour Clubic

La filiale Cloud d’Amazon a présenté, cette semaine à Las Vegas, ses plans pour atténuer son impact carbone. Ils passent par une meilleure utilisation et redistribution de l’eau consommée dans ses data centers.

Welcome to Las Vegas, où était réunie cette semaine une partie des membres de l’imposante communauté mondiale du Cloud, pour assister aux conférences et autres spectacles de l’événement AWS re:Invent 2022, installé dans le plus grand hôtel de la ville du péché, au Venitian Resort. Une sorte de Disneyland à la sauce Sin City, où Amazon Web Services, l’un des gros poissons du Cloud, a fait des annonces majeures pour son futur, avec l’initiative Water Positive.

AWS veut mieux gérer l’amont et l’aval de sa consommation d’eau

L’eau est une ressource précieuse. En moyenne, Amazon Web Services utilise 0,25 litre d’eau par kilowattheure d’électricité dans ses centres de données et il n'est un secret pour personne que l'industrie du Cloud consomme aujourd’hui des milliards de litres d’eau. Inquiétant, alors que le réchauffement climatique pourrait aboutir à un déficit d’eau potable à hauteur de 50 % de la population mondiale, et ce, d’ici 2025.

Lors du AWS re:Invent, Amazon Web Services a pris l’engagement de restituer plus d’eau qu’elle n’en consomme, cela d’ici la fin de la décennie. Comment ? En menant à bien ce que la firme appelle l’initiative « Water Positive ».

AWS s'engage à rendre compte, chaque année, de sa mesure d’efficacité de l’utilisation de l’eau (WUE), ainsi que des efforts accomplis dans la réutilisation et le recyclage de l’eau utile à ses installations. « La rareté de l'eau est un problème majeur dans le monde et avec l'annonce positive d'aujourd'hui, nous nous engageons à faire notre part pour aider à résoudre ce défi en croissance rapide », expliquait cette semaine le patron d’AWS, Adam Selipsky. « D’ici 2030, on rendra plus d’eau aux communautés qu’on en consomme », nous confirme le directeur général d’AWS France, Julien Groues.

Pour réduire sa consommation d’eau, l’entreprise utilise ses services Cloud pour identifier en temps réel les fuites. Elle indique aussi avoir banni l’eau de refroidissement dans certains de ses centres de données, et ce, pendant une majeure partie de l’année. En Irlande et en Suède, deux pays au climat plutôt frais il est vrai, on sait qu’AWS n’utilise pas d’eau pour refroidir ses data centers pendant 95 % de l’année. Un système de traitement de l’eau sur site lui permet aussi d'utiliser l’eau plusieurs fois.

Une eau usée, certes, mais redistribuée à des acteurs locaux

Arrive ensuite la question des sources d’eau. AWS nous parle de « sources d’eau durables ». L’entreprise utilise de l’eau recyclée et collecte les eaux de pluie dès lors que cela est possible, sans plus de précisions. En Virginie du Nord, aux États-Unis, Amazon Web Services a collaboré avec Loudoun Water, la compagnie des eaux locale, pour devenir le premier opérateur de Cloud de l’État à être autorisé à utiliser de l’eau recyclée. Cette eau est sollicitée par les systèmes de refroidissement par évaporation directe. Ce ne sont pas moins de 20 data centers qui aujourd’hui utilise de l’eau recyclée. Et l’initiative Water Positive devrait contribuer à gonfler ce chiffre.

 La carte des 20 centres de données AWS utilisant de l'eau recyclée pour le refroidissement © AWS
La carte des 20 centres de données AWS utilisant de l'eau recyclée pour le refroidissement © AWS

Se pose ensuite la question de l’utilisation, ou plutôt de la réutilisation de l’eau de ces centres de données par la communauté. Bien qu’usé, le liquide reste sans danger pour de nombreuses applications. C’est ainsi que dans l’Oregon, AWS fournit jusqu’à 96 % de l’eau de refroidissement aux agriculteurs. Ces derniers s’en servent, gratuitement, pour irriguer leurs champs de blé, de soja et de maïs.

Des initiatives partout dans le monde

Pour donner pleinement vie au processus de réapprovisionnement en eau, AWS entend contribuer à restaurer les bassins versants, en apportant des services d’eau potable, d’assainissement et d’hygiène aux communautés qui ont des difficultés d’accès à l’eau. L’entreprise nous indique fournir chaque année 1,6 milliard de litres d’eau douce aux habitants de communautés situées en Inde, au Brésil, en Indonésie et en Afrique du Sud.

En Inde justement, AWS s’est associée à une ONG, Water.org, pour fournir à 250 000 personnes un accès à l’eau potable et à l’assainissement. Cinq systèmes d’eau courante ont déjà vu le jour. De nouveaux projets de recharge des eaux souterraines ont été lancés, pour alimenter de nouveaux foyers.

Au Royaume-Uni, AWS travaille avec deux associations pour créer deux zones humides sur un affluent de la Tamise, qui constitue l’un des bassins versants les plus importants outre-Manche. Les zones humides rechargeront plus de 587 millions de litres d’eau souterraine par an. Elles amélioreront ainsi la qualité de l’eau, en traitant les eaux de ruissellement qui ont été polluées par des fermes et des routes.

Enfin, AWS aidera à recharger, dès cet hiver et chaque année, quelque 189 millions de litres d’eau souterraine dans le district d’Omochumne-Hartnell (à Sacramento, en Californie) grâce à l’utilisation de l’eau d’hiver provenant de la rivière. L’eau pourra ainsi s’écouler à travers la nappe phréatique et revenir dans le bassin versant de Sacramento et de San Joaquin, en augmentant les débits d’eau lorsque nécessaire, pendant les mois d’été par exemple, particulièrement chauds et secs dans la région. L’initiative permettra d’abaisser la température de la rivière et d’augmenter les débits estivaux dans le delta de la baie de San Francisco, source d’approvisionnement majeure en Californie.

AWS, toujours plus verte ?

La question autour de la consommation colossale des data centers se pose. Et les initiatives menées par AWS ne nous empêchent pas de penser que l’entreprise (ainsi que ses concurrentes) consomme de plus en plus de données, et possède de plus en plus de data centers, qui accroissent le phénomène.

« Nos data centers sont cinq fois plus efficaces qu'un centre de données medium en Europe », explique Julien Groues à Clubic. « Basculer ses applications et ses données chez AWS, c'est s’assurer de 80 % de réduction de consommation d'énergie et d'émissions de CO2 », ajoute-t-il. « On peut contribuer à cet élan et aller vers la réduction de l'impact du numérique sur la planète ».

L'objectif d'Amazon est d’atteindre, d’ici 2040, la neutralité carbone. Soit 10 ans avant l’objectif fixé par l’Accord de Paris.

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Par Alexandre Boero
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Journaliste, responsable de l'actualité de Clubic. En soutien direct du rédacteur en chef, je suis aussi le reporter et le vidéaste de la bande. Journaliste de formation, j'ai fait mes gammes à l'EJCAM, école reconnue par la profession, où j'ai bouclé mon Master avec une mention « Bien » et un mémoire sur les médias en poche.

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Commentaires (10)
Fodger

La plupart des entreprises n’ont en réalité pas besoin du cloud, il serait bien plus salutaire d’optimiser les applicatifs souvent mal écrits.

Le problème est que c’est un effet de mode, et le fait d’avoir des serveurs qui se déploient automatiquement au moindre dixième de pourcent de surcharge est un cercle vicieux puisque ça oblige à avoir toujours plus de serveurs physiques qu’il faut à minima maintenir en veille même inexploités.

Serveurs physiques en pagaille qu’il faut produire, pour ensuite avoir une consommation électrique monstrueuses, une consommation d’eau monstrueuse, avec des risques au niveau sécurité car très c’est du cloud partagé. Tout ça c’est encore le modèle de la croissance illimité dans un monde fini.

Et dans le cas des AWS, Gcloud, AZURE se posent en plus des problèmes de souveraineté.
Un état quel qu’il soit ne devrait jamais héberger ses données dans une multinationale comme AWS.

bennukem

Mais du coup, on parlait d’eau, non ?

Fodger

Et donc l’impact du cloud au niveau écologique qui est désastreuse… Il faut savoir aller plus loin.
C’est un très grave problème qui est posé aujourd’hui au niveau mondial.

gemini7

Sur le papier, je trouve cette initiative, pas mal du tout, si les agriculteurs peuvent récupérer de cette eau usée, pour l’arrosage de leurs cultures, c’est très bien.

wannted

Quelqu’un sait pourquoi on utilise de l’eau potable pour les toilettes ?

zeebix

Car les installations sont mal pensé et que le filtrage et récupération des eaux grises n’est pas suffisamment répandue, accessible et mis en avant. J’y ai pensé récemment (cet été) et c’est minimum 5000€ avec l’installation pour adapter le système à ma maison… ça devrait être encourager par le gouvernement au même titre que les passoires thermiques.

Aristote76

Les cloud sont loin d’être indispensables, ce sont souvent que des outils de confort sans revenir au papier et au crayon, on peut très largement réduire les dépenses énergétique et d’eau, j’irai même plus loin ça à surtout été créé dans le but de satisfaire grosse multinationales et états, on vois le résultat. Qu’AWS baisse sa conso. franchement ils l’ont crée de toute pièce cette demande.

qotzo

parce que tu n’étais pas né quand les plans d’urbanisation ont été fait.

Et aussi parce que pour utiliser, quand même, de l’eau impropre à la consommation, il faudrait construire un 2e réseau, dans les maisons, les rues, … Et quand on parle de 2e réseau, c’est aller et retour car il faut malgré tout recycler cette eau impropre (tu ne fais pas la vaisselle avec l’eau que tu as déjà utilisé hier n’est-ce pas ?)
Et ça implique de casser/reconstruire. Le bilan carbone il est comment ?

Ou alors tu abandonnes les villes et tu reconstruit tout ailleurs, en pensant mieux les réseaux d’eau. Oui mais tu comprends, il faut aussi construire les réseaux routiers et ferroviaires vers cet ailleurs car sinon comment vas-tu aller bosser, faire tes courses, voir le médecin ?

yeerum

il n’est un secret pour personne que l’industrie du Cloud consomme aujourd’hui des milliards de litres d’eau. Inquiétant, alors que le réchauffement climatique pourrait aboutir à un déficit d’eau potable à hauteur de 50 % de la population mondiale

Avec 509 millions de km2 de la surface du globe couverte, il faut comprendre que c’est dans l’eau dite potable potentielle qu’on se sert pour la consommation de l’industrie du Cloud?

zeebix

Bon on s’écarte du sujet initial…mais bon

Tu va un poil trop loin dans ton raisonnement en oubliant un gros détail, tu produits déjà chez toi de l’eau grise, et qu’il suffirait d’un second réseau chez toi et ça arrête là, pas besoin d’autres infrastructures.

Sa question est loin d’etre bête.