Influenceurs : la loi déjà adoptée ! Voici, en 14 points, ce qu'elle va changer pour vous et pour eux

Alexandre Boero
Chargé de l'actualité de Clubic
02 juin 2023 à 16h15
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Léna Situations et Billal Hassani, deux des influenceurs les plus suivis en France © Shutterstock
Léna Situations et Billal Hassani, deux des influenceurs les plus suivis en France © Shutterstock

La proposition de loi visant à encadrer les activités des influenceurs a été adoptée par l'Assemblée nationale et le Sénat. Clubic a listé pour vous les changements qui entreront très vite en vigueur.

Le texte aura été adopté en un temps record. Présentée au Parlement par les ministres le 24 mars dernier, la proposition de loi visant à mieux encadrer les influenceurs, leurs pratiques et leurs dérives sur les réseaux sociaux, a été adoptée cette semaine de façon définitive par l'Assemblée nationale, puis par le Sénat. La France devient ainsi le premier pays européen à définir un cadre de régulation pour ce très lucratif secteur de l'influence commerciale. Le tout, en 14 points, et autour de deux axes : l'accompagnement des influenceurs d'un côté, et la protection des consommateurs et les nombreuses interdictions prononcées de l'autre.

Guide de bonne conduite ; définition juridique du statut ; mineurs : les contours de l'influenceur enfin dessinés aux yeux de la loi

La loi vient créer une définition juridique de l'activité d'influence commerciale. Officiellement, il s'agit donc de « la pratique qui consiste, à titre onéreux, à mobiliser sa notoriété auprès de son audience pour communiquer au public par voie électronique des contenus visant à faire la promotion, directement ou indirectement, de biens, de services ou d'une cause quelconque ». L'agent d'influence fait désormais aussi l'objet d'une définition juridique, lui qui représente les influenceurs.

Le texte crée l'obligation d'établir un contrat écrit entre les influenceurs, les agences et les marques, et ce dès lors que la relation possède un enjeu financier. Un seuil sera d'ailleurs prochainement fixé pour écarter, de cette obligation, les contrats dont les montants sont dérisoires pour l'influenceur.

Par ailleurs, et le ministre de l'Économie Bruno Le Maire y tenait, les influenceurs devront suivre les dispositions du guide de bonne conduite, aujourd'hui diffusé massivement aux influenceurs, aux agences et aux marques. Dans le prolongement de cette précédente mesure, auront lieu chaque année les « Assises de l'influence responsable », une réunion qui se tiendra à Bercy et qui permettra d'adapter le cadre réglementaire, en rassemblant aussi bien des influenceurs que des annonceurs, agences, autorités de régulation et autres acteurs liés au secteur.

© Shutterstock
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Les créateurs de contenus devront avoir une « influence responsable ». Le gouvernement regrette cependant son absence dans le texte, même s'il espère que les influenceurs passeront une formation ou un certificat, permettant d'appliquer les bonnes pratiques. Les ministres voulaient rendre ce passage obligatoire. Ils ont néanmoins pu obtenir la protection des influenceurs mineurs.

Pour les créateurs de moins de 16 ans dont l'image est exploitée à des fins commerciales, il sera nécessaire d'obtenir un agrément auprès des services de l'État. Et 90 % des revenus qu'ils pourraient tirer de leur activité d'influence commerciale devront être mis de côté jusqu'à leur majorité. Les mineurs de moins de 16 ans qui seraient sollicités par une agence d'influence devront obtenir l'autorisation de leurs parents, qui devront signer le contrat de travail du mineur.

Brigade de l'influence ; obligations ; interdictions et sanctions : ça ne rigole plus pour les influenceurs

La Répression des fraudes (DGCCRF) accueille une « brigade de l'influence commerciale », qui aujourd'hui est constituée de ses 15 premiers agents. Elle surveille les réseaux sociaux, répond aux signalements reçus sur Signal Conso et peut prendre des sanctions. La DGCCRF vient d'ailleurs d'épingler 6 influenceurs très suivis (Capucine Anav, Illan Castronovo, Anthony Mateo, Gaetan Debled, Simon Castaldi, Léa Montchicourt), leur imposant d'afficher un bandeau explicatif sur leurs réseaux sociaux. Les créateurs installés à l'étranger seront aussi mieux encadrés, avec l'obligation, entre autres, de souscrire auprès d'un assureur établi dans l'Union européenne.

Plusieurs obligations et interdictions s'appliqueront aux influenceurs, une fois la loi promulguée :

  • Obligation de transparence des photos, des vidéos retouchées et des représentations d'une silhouette ou d'un visage produit par l'intelligence artificielle. Notons que cette obligation s'inspire directement de celle imposée aux photographies publicitaires, qui viennent modifier l'apparence corporelle des mannequins
  • Interdiction de la promotion de certains services, biens ou causes : la loi vise ici la chirurgie esthétique, la nicotine, les actes de santé, la médecine, l'abstention thérapeutique et les animaux sauvages

Le dropshipping, cette pratique qui consiste à faire la promotion d'un site de vente en ligne et de produits qui ne sont en réalité pas en stock, est désormais encadré. Le créateur de contenus devra s'assurer que le ou les produits sont bien en stock. En parallèle, les réseaux sociaux devront, tout comme les influenceurs, clairement identifier aux yeux des utilisateurs les publications commerciales.

Enfin, le dernier point porte sur les sanctions. Pour un influenceur, ne pas indiquer sur son compte le caractère publicitaire d'une vidéo ou d'une photo sera considéré comme une pratique commerciale trompeuse. Ce dernier encourra jusqu'à 2 ans de prison et 300 000 euros d'amende s'il ne se conforme pas, voire 7 ans en cas de circonstances aggravantes.

Alexandre Boero

Chargé de l'actualité de Clubic

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Journaliste, chargé de l'actualité de Clubic. Reporter, vidéaste, animateur et même imitateur-chanteur, j'ai écrit mon premier article en 6ème. J'ai fait de cette vocation mon métier (diplômé de l'EJC...

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Journaliste, chargé de l'actualité de Clubic. Reporter, vidéaste, animateur et même imitateur-chanteur, j'ai écrit mon premier article en 6ème. J'ai fait de cette vocation mon métier (diplômé de l'EJCAM, école reconnue par la profession), pour écrire, interviewer, filmer, monter et produire du contenu écrit, audio ou vidéo au quotidien. Quelques atomes crochus avec la Tech, certes, mais aussi avec l'univers des médias, du sport et du voyage. Outre le journalisme, la production vidéo et l'animation, je possède une chaîne YouTube (à mon nom) qui devrait piquer votre curiosité si vous aimez les belles balades à travers le monde, les nouvelles technologies et la musique :)

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Commentaires (24)

jvachez
« Obligation de transparence des photos, des vidéos retouchées »<br /> Du grand n’importe quoi, quasiment 100% des photos sont retouchées et pas que chez les influenceurs.<br /> De nos jours, ne pas retoucher une photo c’est un peu comme sortir en pyjama ou sans se peigner.
Valmont69
jvachez:<br /> De nos jours, ne pas retoucher une photo c’est un peu comme sortir en pyjama ou sans se peigner.<br /> Peut-être qu’il faut faire la différence entre « Développement » (comme développer un RAW sous LR) et « Retouche » (Utilisation de PhotoShop), car oui si on confond les 2 alors les photos sont retouchées depuis que la Photo existe.
nicgrover
« code de bonne conduite »…<br /> Ces benêts d’influenceurs-ses savent-ils au moins ce que cela veut dire. Avec le QI d’une moule il y a du chemin…<br /> Et c’est pas mieux de l’autre côté avec un QI d’huitre pour gober le contenu à la pelle…
Bidouille
Ce qui m’étonnera toujours est que ces gens soient si suivis. Car pour suivre les influenceurs, il faut être influençable. Les français ont pourtant la réputation de contester systématiquement, par principe.<br /> Décidément, tout fout le camp avec les réseaux sociaux.
Mel92
Je ne comprends pas très bien. Qu’est-ce qu’un influenceur ? Si je suis le texte, c’est une personne qui fait profession de vendre son influence, c’est à dire quelqu’un dont le métier est de faire de la publicité.<br /> Or ce n’est pas le cas de Léna Situations ni de Billal Hassani présentés en photo dans l’article.<br /> De qui s’agit-il alors ?
W_wy
J’amène tous les jours ma fille à pieds à l’école sans me peigner…<br /> Même pas peur !
MattS32
Bidouille:<br /> Les français ont pourtant la réputation de contester systématiquement, par principe.<br /> Quand ça vient des autorités officielles. Quand ça vient de Nabila ou du conplotiste du coin, ça passe.
Pronimo
Triste ceux qui calquent leurs modes vies sur des influenceurs au lieu s’influencer eux meme sur leurs vies
Fab12
Quand je voit la photo , je ne peux m’inquiéter pous nos jeunes…
Fab12
Un gouvernement responsable aurait taxer à 80% tout ces influenceuses inutiles pour les distribuer aux aides soignantes, BTP, tout les métiers dangereux.<br /> Des petits jeunes qui gagnent des millions sans les déclarer, ça fait mal au cœur.
Fab12
C’est n’est pas les français, mais les "jeunes "
Pernel
Contester tout ce qui représente l’autorité. Pour le reste non, « on » suis les influenceurs qu’ils viennent de youtube, la TV ou réseau asociaux pour faire « comme tout le monde ». Si un jeune ne suis pas ce que suivent les copains, il est exclu, donc ils suivent.
Blackalf
Bidouille:<br /> Ce qui m’étonnera toujours est que ces gens soient si suivis. Car pour suivre les influenceurs, il faut être influençable.<br /> J’ai toujours pensé la même chose. ^^<br /> Et ce qui m’amuse aussi, c’est le terme followers qui veut dire suiveurs/suiveuses. A une époque où tout le monde veut être particulier, différent, ne pas entrer dans un moule quelconque et même pour certains, jouer au rebelle anti-tout. Je trouve ça paradoxal que les opinions d’autres personnes soient si importantes pour les gens (si elles ne l’étaient pas, ils ne « suivraient » pas).
pecore
Contester systématiquement l’autorité et tout ce qui émane d’une autorité.<br /> Mais les influenceurs font justement très attention de faire en sorte que leur public ait l’impression de choisir par eux-même.
Blackalf
pecore:<br /> Contester systématiquement l’autorité et tout ce qui émane d’une autorité.<br /> Tu me rappelles un cas vécu la semaine dernière. ^^<br /> Quand je vais rechercher mon beau-fils à la gare vers 18-19 h, les places sont rares, aussi on est souvent plusieurs à se garer sur un large trottoir. J’étais garé là lorsque des policiers sont apparus et m’en ont fait la remarque.<br /> J’ai été comme d’habitude aimable et courtois et ait fait valoir que je ne débordais pas sur la chaussée, qu’il restait un passage d’un bon mètre pour les piétons entre ma voiture et une clôture, que je rabattais mes rétros pour leur faciliter encore plus le passage, que je n’étais pas - contrairement à d’autres - garé sur une place PMR ni sur la station de taxis. Le policier m’a simplement répondu je vois tout ça, mais vous ne pouvez quand même pas rester là, monsieur, il faut aller ailleurs. Je l’ai remercié et suis parti plus loin pour faire demi-tour, une place s’étant libérée de l’autre côté de la rue.<br /> En repassant à sa hauteur, j’ai vu qu’il était occupé avec un autre automobiliste, lequel avait l’air très énervé et parlait haut et fort…et le policier avait une tablette en main, signe qu’il rédigeait un p.v. <br /> Moralité : tant que vous êtes poli et correct, vous n’avez jamais de soucis avec la police…mais si vous voulez la ramener et jouer au rebelle en carton, assumez les conséquences.
bennukem
Et en même temps, si tu ne dérangeais pas, pourquoi ils viennent casser les bonbons ? Y a toujours une loi très vague invoqué constamment pour des raisons politiques (envie du maire)
alsaco67
La seule définition de l’activité mérite que l’on s’interroge … Qui dit influenceur dit un public, large , d’influençables et influencés. Cela ne parle à personne ???<br /> Que les activités de ces « influenceurs » soient encadrées par la Loi comme TOUTES les autres activités professionnelles ne devraient choquer personne, et pourtant. …<br /> La retouche de photo ? Cela dépend du contexte. Si l’influenceuse vend un produit cosmétique sponsorisé avec ce que 'son voit souvent "avant " et « après » avec une photo retouchée « après » , cela s’appelle dans un certain cas une publicité mensongère et dans d’autres de l’escroquerie qui sont sanctionnantes et ne l’étaient pas. Les « influencés » se retrouvaient « baba » avec de la poudre ou de la crème de perlimpinpin.<br /> Il faut arrêter de réagir à toute mesure prise par des représentants élus comme une atteinte à quoi que ce soit … La liberté, c’est de faire dans la limite de ce qui est autorisé pour le bien d’une collectivité , l’anarchie, c’est faire tout ce que l’on veut sans contrôle, la loi du plus fort et sans aucune sanction.
AvocatDD
Bonjour,<br /> Ils pourrons toujours placer de la pub dans les commentaires, exemple moi ici je fais bien de la pub pour coca-cola.<br /> Buvez en, ça fait tomber les dents!
pecore
Pas mieux.
kyosho62
Donc pas lu la charte
Than
Ce qui me sidère dans tout ça, c’est le temps que ça a pris pour poser des règles somme toutes plutôt logiques et protectrices de l’influençable moyen.<br /> (J’ai l’impression d’être insulté quand on considère que je suis un « follower » d’un « influenceur ». Je ne fais parti d’aucun culte, et j’aimerai m’y tenir aussi longtemps que possible. )
Blackalf
bennukem:<br /> Et en même temps, si tu ne dérangeais pas, pourquoi ils viennent casser les bonbons ? Y a toujours une loi très vague invoqué constamment pour des raisons politiques (envie du maire)<br /> Il faut préciser qu’il y a bien un panneau E1 (interdiction de stationner), donc j’étais effectivement en tort. Je voulais souligner que quand on est correct, les policiers le sont aussi. ^^<br /> Than:<br /> J’ai l’impression d’être insulté quand on considère que je suis un « follower » d’un « influenceur ».<br /> Ce n’est pas une insulte. Parce que toutes les personnes qui ont une chaîne Youtube ne sont pas forcément des influenceurs*, juste des passionnés par l’un ou l’autre sujet. Mais on ne peut pas nier non plus que dans d’autres cas, on se demande comment des gens qui n’ont pas grand-chose d’intéressant à dire aient des milliers, si pas des dizaines de milliers, de followers. ^^<br /> de mon point de vue, un influenceur est quelqu’un qui cherche par exemple à pousser les gens à utiliser/acheter un produit ou à suivre une mode…bref, il cherche à agir sur le comportement et/ou les opinions.<br />
Than
Tout à fait.<br /> J’exagérais mon point de vue, mais ça dénote à mes yeux d’une tendance à nous « moutonniser » (ce qui est assez paradoxal à l’ère de l’individualisation d’à peu près tout, mais bon, vaste sujet. Pas pour aujourd’hui !)<br /> Le hic, c’est que le random passionné d’un jour peut te vendre un truc le lendemain. Et redevenir juste un passionné de son sujet de prédilection le surlendemain. C’est contre ce flou artistique que ces règles sont utiles.<br /> En soit, j’ai aucun problème avec le fait que certaines vidéos soient sponsorisées, ou présentent un produit.<br /> Si au bout d’une à deux vidéos je m’aperçois/je doute de la sincérité du test, je blacklist immédiatement ce type de contenu, voire carrément la personne même sur son contenu « non sponsorisé », car à un moment c’est associable à une éthique personnelle.<br /> Mais si c’est annoncé, bien fait, et qu’on ne nous ment pas en restant dans l’à peu près ok sur le fait d’enjoliver la présentation, bon… ça, ça peut passer.<br /> Reste que ça me dérange un peu par principe, car des sites de tests de matériels informatiques, par exemple, ils se font pas sponsoriser mais reçoivent des constructeurs le matériel. Et font leurs tests là-dessus. C’est une autre forme de fonctionnement, et ça évitait dans une certaine mesure le risque de « corruption d’intention » en vantant les mérites d’un produit sans rapport avec la réalité.<br /> Pour reprendre ta définition, à ce stade-là, c’est carrément une vocation, un métier, un objectif que d’influencer !<br /> Or, je suis pas sûr que ça soit l’objectif de tous les concernés aujourd’hui.<br /> Et en ce qui me concerne, du coup je comprends absolument pas l’intérêt pour un « viewer » de suivre ce genre de personnes… Je suis hermétique au concept. Je me contrefous de l’individu random qui ne partage au finalement absolument aucune expertise, mais n’est qu’un homme sandwich du produit du jour…<br /> Autrement dit, le télé-achat numérique. Et là, clairement, ça me dépasse… y’a un côté idole pour lequel je suis pas câblé pour être réceptif.
mcbenny
J’ai quand même toujours du mal à comprendre que des gens puissent « suivre » un/e influenceur/se.<br /> Le simple nom explique qu’ils sont en train de regarder une publicité… Mais c’est cool peut-être. Je vieillis je suppose.
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