Google, Twitter et Facebook sont-ils "complices" de terrorisme ? La Cour suprême américaine vient de trancher

21 mai 2023 à 20h15
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© Gorodenkoff/Adobe Stock
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Les plateformes de médias sociaux, visées par plusieurs plaintes liées à des actes terroristes, restent protégées par une loi datant des années 90 qui leur ôte toute responsabilité pénale vis-à-vis de ce que leurs utilisateurs publient.

C'est une grande victoire pour les géants du web, qui sont pourtant de plus en plus critiqués par la société. Alors, combien de temps cette situation pourra-t-elle durer ?

Les réseaux sociaux responsables d'attentats ?

Facebook, Twitter et Google se sont retrouvés face à la justice américaine après avoir été accusés d'avoir participé à la propagande de l'État islamique. Des victimes d'attentats terroristes ont porté plainte dans deux affaires distinctes, estimant que ces entreprises ont fait preuve de laxisme à l'égard de contenus qui auraient conduit des individus à se radicaliser.

D'une part, ce sont les parents d'une jeune Américaine tuée lors des attentats du Bataclan qui attaquent YouTube et sa maison mère. Pour eux, la plateforme aurait soutenu le développement de l'organisation terroriste en suggérant ses vidéos à certains utilisateurs. D'autre part, les proches d'un jeune homme victime d'un attentat orchestré contre une boîte de nuit à Istanbul estiment que Facebook, Google et Twitter seraient complices de l'acte. Orchestré lors des célébrations du Nouvel An, en 2017, il a été revendiqué par l'État islamique.

Dans les deux cas, c'est la Cour suprême qui a été amenée à rendre son verdict : les géants du web n'ont ici aucune responsabilité. Pour le juge Clarence Thomas, « le fait que de mauvais acteurs profitent de ces plateformes ne suffit pas à assurer que les accusés ont consciemment fourni une aide substantielle ».

© bbourdages/Adobe Stock
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L'effondrement de l'économie du numérique ?

L'institution judiciaire s'est appuyée sur une loi datant de 1996, qui accorde une immunité juridique aux entreprises du numérique par rapport aux contenus publiés par leurs utilisateurs. Les géants du web sont donc considérés comme des hébergeurs et non comme des éditeurs. Pourtant, en plus de deux décennies, la société et Internet ont changé, et les réseaux sociaux sont de plus en plus pointés du doigt pour leur responsabilité vis-à-vis de la société et leur modération parfois discutable.

Pour des élus américains, la situation doit évoluer. En effet, les membres du Parti démocrate jugent que les plateformes de médias sociaux ont tendance à laisser prospérer des messages racistes ou conspirationnistes. Ce qui est d'autant plus grave quand celles-ci commencent à tirer un bénéfice financier de ce type de contenu qui peut rapidement acquérir une certaine popularité. Mais, le consensus n'est pas tout à fait au rendez-vous au pays de l'Oncle Sam, où les Républicains avaient vivement critiqué la censure perpétrée par les géants du web lorsque Donald Trump avait été banni de plusieurs plateformes, dont Twitter.

Pour le juge John Roberts, changer la loi pourrait avoir d'autres effets négatifs, comme « faire s'effondrer l'économie numérique, avec toutes sortes de conséquences pour les travailleurs et les fonds de pension ». Entre liberté d'expression et protectionnisme à l'égard des travailleurs, la Cour suprême aurait donc de bonnes raisons pour éviter tout changement susceptible de modifier la situation actuelle.

Et, ce n'est pas le secteur de la tech qui va contester cette affirmation, puisque ses représentants se félicitent pour cette décision. D'autant plus que, selon Chris Marchese, avocat d'un collectif d'entreprises telles que Twitter, Meta et Google, « même avec les meilleurs systèmes de modération disponibles, un service comme Twitter ne peut pas filtrer chaque contenu généré par l'utilisateur avec une précision de 100 % ». Pas sûr que tout le monde soit toujours convaincu…

Source : Le Parisien, Reuters

Maxence Glineur

Geek hyper connecté et féru de podcasts, je suis toujours en train de lire ou écouter des points infos en tout genre. Entre histoire, tech, politique, musique, jeux-video et vulgarisation scientifique...

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Geek hyper connecté et féru de podcasts, je suis toujours en train de lire ou écouter des points infos en tout genre. Entre histoire, tech, politique, musique, jeux-video et vulgarisation scientifique : toute l'actualité (ou presque) attise ma curiosité. Sinon, j'aime le rock et le lofi, les game-nights toujours trop longues, les bons films et les nanards.

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Commentaires (16)

pecore
Si une plateforme peut montrer qu’elle fait tout ce qu’elle peut pour empêcher les appels à la haine ou à commettre des crimes ou délits, personne ne pourra lui reprocher de ne pas être 100% étanche.<br /> Mais ce n’est pas ce qu’il se passe en réalité. On est très loin de faire tout ce qui est possible, c’est même carrément du laissez faire, dans certains cas. Ce qui peut être reproché n’est donc pas de ne pas tout bloquer, mais de ne même pas essayer.<br /> En attaquant les réseaux sociaux sur ce terrain là, les avocats des plaignants auraient pu contourner cette loi de 1996. Maintenant, avec l’autorité de la chose jugée, il est trop tard.
gothax
Tout est dit ici : « …faire s’effondrer l’économie numérique… »<br /> Juge(s) neoliberal(s), protectioniste(s) et religieux … Faut plus s’attendre à quelque-chose<br /> Faudrait mettre le curseur loin de ce pays qui s’autodétruira un jour … Ou nous détruira
Fab12
Le juge oublie ou fait l’impasse… Que ces plateformes sont utilisées pour semer le désordre et des perturbations dans certains pays, voila pourquoi certains pays le bloque.<br /> Bref , juge non impartial.
Fab12
C’est le but , créer un précédent pour protégé ces outils utilisés par le gouvernement.
GhostKilla
Pourtant bizarrement lorsqu’il s’agit de photo un peu trop dénudée, ils sont très rapides pour modérer et ne laissent rien passer…
Francis7
Il y avait une loi comme ça pour les sites de « Warez » de téléchargement illégaL Une loi Bill Clinton pour protéger les Webmasters parce qu’ils ne sont pas pourvoyeurs de contenus, d’ailleurs, bien souvent, il n’y avait rien à télécharger. Mais il y avait incitation quand même puisque cela créait un besoin qui n’aurait pas existé sans cette tentation.<br /> Les réseaux sociaux, c’est du grand n’importe quoi, c’est pire qu’un salon de chat de jeu video. Mais là, on peut signaler du contenu indésirable.<br /> Je n’utilise pas les réseaux sociaux, mais il n’y a pas un moyen de faire des signalements aux modérateurs ? A mon avis, c’est une solution.
Korgen
Quand bien même elle ferait tout ce qu’elle peut, si tant est que cela puisse se prouver, ce serait toujours insuffisant pour certaines personnes.
juju251
Francis7:<br /> Je n’utilise pas les réseaux sociaux, mais il n’y a pas un moyen de faire des signalements aux modérateurs ? A mon avis, c’est une solution.<br /> Sur ceux que je connais, c’est à dire Instagram, Twitter, Facebook), il est effectivement possible de signaler un contenu qui nous semble inapproprié.
keyplus
depuis le debut d el humanité il y a des guerres et des attentats donc…
gnouman
Donc quoi ? Faut continuer ?
jcc137
La famille d’une victime de meurtre par arme blanche peut-elle rendre responsable le fabricant de couteaux ?<br /> Si un meurtre a été commis à l’aide d’un véhicule Renault, doit-on rendre cette société complice de ce meurtre par fourniture de moyens ?<br /> Vous avez la réponse.<br /> Dire que les réseaux sociaux ont fourni un moyen de commettre des meurtres, signifierait qu’elles sont complices et donc, punissables au même titre que les auteurs, devant une cour de justice. On atteint là une belle aberration de la qualification des méfaits.
dFxed
Il y a une différence entre la mauvaise utilisation d’un outil, et la non modération de contenus appelant à la haine.<br /> Car si il est rarement possible de contrôler ce que fait le porteur d’un couteau, le contenu hébergé sur un réseau social, est aisément contrôlable.<br /> De plus, malheureusement trop souvent, des contenus inappropriés restent des journées entières avant d’être examinés, alors même qu’ils ont fait l’objet de signalements.<br /> Le problème ici est plutôt que le juge ayant rendu verdict est totalement corrompu (il a reçu des millions de dollars de dons d’un magna ultra conservateur, ainsi que des dons en nature (vacances sur le yatch du magna…)), qu’il lui était impossible d’avoir un jugement normal.
jcc137
Je suis à peu près d’accord avec vous sur la modération ; trop stricte, les gens fuient le réseau, trop modérée, elle laisse traîner des éléments sensibles, auquel s’ajoute le tempérament et la mentalité du modérateur, pro ou anti sujet abordé. Donc difficile parfois de discerner la limite où la modération doit s’appliquer.<br /> Exemple : sur un réseau social qui commence par F et finit par K, je me suis fait copieusement insulté par une bonne femme. A la fin, j’ai perdu mon politiquement correct et j’ai lancé une parabole dans laquelle une truie était le sujet principal. Je me suis fait blacklister 2 heures après pour avoir comparé un humain à un animal. La bonne femme, elle n’a pas eu à subir ce même sort. Bien sûr j’ai contesté cette décision en expliquant les faits, et 10 mn plus tard, ce réseau confirmait ma"sanction".<br /> Dois-je supposer que le modérateur est une femme ? ou une fermière qui n’a pas aimé que je compare un paisible animal à une dévergondée ?<br /> Ensuite, imaginer que la cour suprême puisse être achetée et corrompue de la sorte, pour le bien des propriétaires milliardaires, ça reste à prouver. Donc accusation gratuite sans aucun intérêt pour le sujet en cours.
dFxed
@jcc137<br /> Il ne s’agit pas d’accusations mais de faits :<br /> Vacances<br /> Education d’un membre de sa famille<br /> Maison de sa mère <br /> D’où ma conclusion, concernant la probité du juge envers les puissants magnas …
jcc137
Le plus incroyable et le plus étonnant, c’est que ces faits dévoilés n’aient pas causé un si grand scandale auquel on aurait pu s’attendre. De plus, est-ce le même juge qui a statué sur l’innocence des patrons des réseaux sociaux ?
jeanlucesi
Les réseaux devraient être libres et sans censures .<br /> Ils devraient annoncer la couleur sur la page de garde .<br /> Exemple : Google nous censurons tous les discours qui vont à l’encontre de ce que pense le gouvernement Américain.<br /> Twitter : Tout le monde peut s’exprimer comme bon lui semble etc…
juju251
jeanlucesi:<br /> Les réseaux devraient être libres et sans censures .<br /> Toujours la même rengaine.<br /> On sait très bien ce que donnent des réseaux où l’expression est «&nbsp;libre&nbsp;» (et ce que veux dire «&nbsp;libres et sans censure&nbsp;»).<br /> C’est la foire aux menaces en tout genre et à l’expression de la haine.<br /> Et dès que quelqu’un s’exprime là dessus, ou ose exprimer une pensée à contre courant, elle à droit à un déferlement de haine.<br /> jeanlucesi:<br /> Ils devraient annoncer la couleur sur la page de garde .<br /> Exemple : Google nous censurons tous les discours qui vont à l’encontre de ce que pense le gouvernement Américain.<br /> Twitter : Tout le monde peut s’exprimer comme bon lui semble etc…<br /> Très fort. Tu arrives à te contredire en deux lignes.<br /> Et Twitter, bwahahahaha, cette blague : Dès que quelqu’un ose exprimer la haine qu’il reçoit en ligne (ouais, parce que Twitter, il y a des sacrés paquets de décérébrés qui y sévissent), il se prend un ban dû à un mass report …<br /> On les connait les méthodes des extrémistes de tout poils, pas besoin de nous faire croire monts et merveilles (beaucoup de gens ici ne sont plus des lapereaux de 3 jours).
Caramel34
Je n’arrive pas à comprendre comment on peut assimiler liberté d’expression et apologie à la haine ou à la violence, il y’a un truc qui m’échappe.<br /> On a appris un truc à l’école, je parle d’école primaire il y’a 40 ans de ça, la liberté des uns s’arrête où commence celle des autres.
MattS32
juju251:<br /> Et Twitter, bwahahahaha, cette blague : Dès que quelqu’un ose exprimer la haine qu’il reçoit en ligne (ouais, parce que Twitter, il y a des sacrés paquets de décérébrés qui y sévissent), il se prend un ban dû à un mass report …<br /> Tiens d’ailleurs j’ai entendu un truc édifiant à ce sujet à la radio l’autre jour : depuis juillet 2022, 50% des comptes de scientifiques sur le climat sur Twitter ont cessé leur activité (et plus généralement près de 10% des comptes scientifiques toutes disciplines confondues). Ceux qui ont expliqué pour quoi donnent quasiment tous la même explication : l’explosion du harcèlement qu’ils subissent depuis que Musk est aux commandes.<br /> Et pendant ce temps, à l’inverse, les comptes et publications complotistes prolifèrent…
Caramel34
Dommage qu’il n’y ait pas plus de monde qui l’abandonne.
jeanlucesi
Personne ne t’oblige à aller sur les rs.<br /> Je pense que la vraie haine vient des gens comme toi près à censurer du moment que l’on ne pense pas comme eux.
jeanlucesi
La haine chez la plupart des gens comme toi commence quand un citoyen dit aimer son pays et sa culture .
tfpsly
jeanlucesi:<br /> Personne ne t’oblige à aller sur les rs.<br /> Et quand on est déjà sur un rs, mais qu’un changement de proprio fait changer les règlements ?<br /> jeanlucesi:<br /> Je pense que la vraie haine vient des gens comme toi près à censurer du moment que l’on ne pense pas comme eux.<br /> Ou plutôt : prêt à censurer dès que le message est non conforme aux lois ?
Caramel34
Je crois que c’est pas la peine d’insister.
Blackalf
Surtout venant de quelqu’un qui a arboré en guise d’avatar l’emblème du parti républicain US, pour passer ensuite au Kremlin et en venir aujourd’hui au drapeau français…
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