Good Health Pass : de futurs passeports santé sur des blockchains ?

Cyril Fiévet
Par Cyril Fiévet, Cyberculture.
Publié le 25 février 2021 à 11h52
Good health pass

Le 9 février était annoncée Good Health Pass, une initiative internationale visant à standardiser des sortes de « passeports sanitaires ». Elle regroupe une trentaine d'acteurs de l’industrie du tourisme, de la santé, de la finance et du numérique.

Pour les membres fondateurs de Good Health Pass, la mission est claire : définir les futurs systèmes numériques qui permettront aux citoyens de prouver qu’ils sont en bonne santé pour voyager à l’ère COVID, et aux professionnels de s’en assurer. En somme, il s’agit de jeter les bases de « passeports de santé » qui viendraient compléter les passeports traditionnels.

Un projet universel et décentralisé

Le livre blanc du projet justifie : même si « la plus vaste campagne d’immunisation de l’histoire est en cours », « cela prendra encore des années pour vacciner 7,9 milliards d’individus ». Outre les dégâts humains, l’impact de la pandémie sur l’économie, en particulier le tourisme, est dramatique : « En 2020, les compagnies aériennes auront perdu près de 120 milliards de dollars, tandis que l’onde de choc envoyée par l’industrie du transport international et du tourisme dans tous les secteurs de l’économie devrait entrainer des pertes estimées à plus de 2000 milliards de dollars », souligne-t-on.

Il est donc urgent de « restaurer les voyages internationaux » tout en évitant la « fragmentation » occasionnée par des systèmes hétérogènes qui seraient déployés aux quatre coins du monde.

Harmonisation et vie privée

Si la cause est entendue, il faudra concilier l’acceptabilité de tels systèmes par le public et leur intégration aux dispositifs existants ou en cours d’élaboration.

Plusieurs projets internationaux, dont certains très avancés, visent déjà à développer des outils numériques pour faciliter le retour à la normale. Par exemple Travel Pass, développé par IATA (l’organisme qui fédère 85% des compagnies aériennes mondiales), permettra aux voyageurs d’attester qu’ils ont été testés ou vaccinés avant d’embarquer pour leur destination. Le dispositif est déjà expérimenté par au moins sept compagnies aériennes depuis plusieurs semaines et devrait être publiquement lancé en mars 2021, sous la forme d’une appli mobile gérant résultats de tests PCR ou preuves de vaccination.

Mais le sujet est délicat. En France, l’échec de l’application StopCovid, qui ne stockait pourtant aucune données de santé, a montré l’inquiétude des citoyens en matière de données personnelles et de surveillance. Et depuis le début de l’année, l’idée d’un possible « passeport vaccinal » qui autoriserait les personnes vaccinées à accéder à certains lieux fermés au reste de la population suscite un débat nourri, sur fond de discrimination et de limitation des libertés individuelles.

En janvier dernier, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) se déclarait du reste opposée au principe de passeport vaccinal, mais pas pour les raisons le plus souvent invoquées (elle argue en substance que la vaccination ne devrait pas remplacer toutes les autres mesures de prévention des risques sanitaires).

L’initiative Good Health s’inscrit donc dans un contexte compliqué.

Ses fondateurs se veulent malgré tout rassurants. D’abord, précisent-ils, il ne s’agit pas de remplacer les autres initiatives, mais plutôt d’aider à les harmoniser, en garantissant qu’elles soient interopérables et même « universellement acceptées, pour les trajets internationaux ou autre chose ». Pour cela, quatre points cardinaux que devront respecter les systèmes en question sont établis : transfrontaliers (devant fonctionner aux aéroports, dans les ports ou au passage de toutes frontières, en conformité avec les régulations nationales), multi-industries (en associant gouvernements et acteurs des industries du tourisme, de la santé et du numérique), sans friction (en s’intégrant aux processus existants et sans nécessiter de coût supplémentaire pour l’usager) et, enfin, respectueux de la vie privée et des libertés individuelles.

Sur ce dernier point, le document insiste fortement, en soulignant que les solutions envisagées seront « ouvertes », « ne devront pas contribuer à la création de nouvelles banques de données centralisées stockant des informations personnelles sensibles », et « permettront aux individus de posséder et de contrôler eux-mêmes leurs informations d'identification et de santé ».

Blockchain

Cette technologie révolutionnaire permet des échanges rapides de valeurs ou d’informations en pair-à-pair, en toute transparence et sans intermédiaire.
Lire la suite…

La blockchain en ligne de mire

Au plan technique, le livre blanc reste évasif. Il évoque plusieurs fois des solutions à base de QR codes sur des applis mobiles, mais ne mentionne pas quelles architectures techniques seront envisagées ou préconisées pour standardiser ces futurs passeports sanitaires. Malgré tout, la description des principes généraux et l’observation de la liste des membres fondateurs de Good Health semblent clairement pointer vers les blockchains — même si le mot n’est jamais mentionné dans le livre blanc de Good Health.

Une bonne partie des entreprises impliquées proposent déjà des solutions d'identification ou de gestion de données à partir de blockchains privées ou hybrides (semi-privées, où seuls des acteurs dûment agréés peuvent participer), et certaines ne font même que ça.

C’est par exemple le cas de Hyperledger, un consortium formé en 2015 par la Fondation Linux (et qui regroupe plusieurs dizaines d’acteur industriels) avec pour mission de « faire progresser l'adoption des blockchains d’entreprise par une collaboration open source mondiale ». On retrouve également au sein de Good Health la start-up Evernym, le prestataire choisi par IATA pour son Travel Pass, dont les solutions d’identification sont basées sur des blockchains.

L’entreprise a d’ailleurs donné naissance au réseau Sovrin, géré sur une blockchain semi-privée par une fondation indépendante, également membre fondateur de Good Health. Tout comme le Centre Blockchain de Catalogne ou encore MUNA, un service à base de blockchains lancé par National Aviation Services, entreprise spécialisée dans la maintenance aéroportuaire, sans oublier IBM, premier fournisseur mondial de services blockchain aux entreprises à travers son département dédié...

S’il n’est pas exclu à ce stade que les futurs passeports sanitaires de Good Health soient bâtis sur des blockchains publiques, comme celles de Bitcoin ou d’Ethereum, il paraît probable en tout cas que des blockchains, sous une forme ou une autre, soient envisagées.

Source : Good Health Pass

Par Cyril Fiévet
Cyberculture

Cyril Fiévet est ingénieur, journaliste et auteur. Il couvre depuis une vingtaine d’années les technologies de pointe, l'innovation et les tendances émergentes. Il a publié plusieurs centaines d’articles dans une vingtaine de médias sur la cyberculture, l'évolution des usages numériques, l’intelligence artificielle, les interfaces homme-machine, les blockchains... et 7 livres annonçant successivement l’avènement d’Internet, des blogs, des robots ou des crypto-monnaies.

Vous êtes un utilisateur de Google Actualités ou de WhatsApp ?
Suivez-nous pour ne rien rater de l'actu tech !
Commentaires (0)
Rejoignez la communauté Clubic
Rejoignez la communauté des passionnés de nouvelles technologies. Venez partager votre passion et débattre de l’actualité avec nos membres qui s’entraident et partagent leur expertise quotidiennement.
Commentaires (10)
Fodger

Si on laisse faire, c’est un pas de plus vers la privation de nos libertés.

tomcat75

« Si on laisse faire, c’est un pas de plus vers la privation de nos libertés »

Le pas est déjà (virtuellement) franchi, c’est juste une affaire de timing et de communication ! Donc, à moins d’une intervention d’extraterrestres, ce contrôle et fichage international est en passe d’entrer dans nos vies du « monde D’après »(sic)…

cirdan

Je pense que tu as malheureusement raison. Que ça se passe sur une blockchain ou ailleurs n’est vraiment pas le débat de fond.

Le monde d’après risque de ressembler furieusement au monde d’avant en pire, parce qu’on aura une bonne excuse pour faire passer des mesures inacceptables aujourd’hui.

lapin-tfc

Si on pouvait priver le plus rapidement possible de toutes libertés les antivax ce serait un grand pas pour sauver des vies, alors je dis oui sans hésiter

Azito

:joy::joy::joy::joy::joy: :sheep:

lapin-tfc

Moi un mouton ? Cite moi des chiffres et des arguments

EnLighter

@lapin-tfc

« Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l’une ni l’autre, et finit par perdre les deux » Benjamin Franklin

Tu devrais méditer cette phrase avant d’appeler à la privation de liberté des « antivax » comme tu aimes bien les nommer. Pour la plupart, ils se méfient de la façon dont ils ont été faits et des conséquences à long terme. Peut-être n’as tu jamais entendu parler des scandales comme ceux du médiator.

Ensuite, prétendre que les complots n’existent que pour les pauvres d’esprit, je dirais que ce sont justement les pauvres d’esprit qui peuvent prétendre que les complots n’existent pas, surtout quand il y a une matière comme histoire-géo à l’école …

Tu donnes comme argument que tous les pays du monde combattent le virus. Ce n’est pas un argument, car tu ne différencies pas ceux qui le font de façon pro-active en soignant sans priver leur population de leurs libertés (Taïwan, Corée du Sud, etc.) et ceux qui ont choisi la lâcheté alors que les plus éminents scientifiques de ces mêmes pays appellent à agir autrement.

En somme, j’attends tes arguments, des vrais de préférence, car jusqu’à preuve du contraire, j’observe que les pays qui ont le plus privés leurs populations de leurs libertés sont ceux qui avaient des intérêts supplémentaires au seul combat contre un virus mortel à 0.5 % max.

Je remarque enfin que seule la voie du vaccin a été choisie alors que « nous sommes en guerre » (ce n’est pas moi qui l’ai dit !). Quand on est en guerre, on fait feu de tout bois car c’est la survie qui est en jeu. On explore toutes les pistes et pas seulement celles qui ne peuvent profiter qu’aux Big Pharma.

lapin-tfc

Et on commence par une grande phrase le truc classique pour jeter de la poudre aux yeux : désolé mais ce n’est pas Benjamin Frankilin qui va régler la dette mais les jeunes générations, next

Quel est le rapport entre le médiator qui est un traitement et le vaccin ? Aucun, j’entends le même type d’arguments avec le sang contaminé, on prend 2 choses qui n’ont rien à voir (mais alors rien de rien) et on tente de les lier pour faire… peur…

Tous les pays du monde combattent le virus est c’est un argument que ne supporte pas les complotistes. Merci pour l’argument d’autorité sur les « éminents scientifiques » pourtant… La Corée du Sud veut vacciner 60 % de la population d'ici l'automne | Les Echos

Je n’ai pas d’argument mais que des faits car rien ne résiste aux faits : Vaccination anti-Covid : en Israël, une baisse spectaculaire des contaminations et des décès - Le Parisien

« Je remarque enfin que seule la voie du vaccin… » c’est faux :

Et l’argument traditionnel BigPharma… les vaccins chinois et russes c’est pour que ça « profite » à Big Pharma ?..

EnLighter

J’adore les personnes qui répètent en boucle les mêmes choses en pensant que cela finira par faire autorité.

Un fait n’est pas un argument et un argument n’est pas un exemple, ou alors nous n’avons pas eu le même programme scolaire.

Le rapport entre les vaccins contre la Covi 19 et un traitement comme le médiator, ce n’est pas la méthode d’opération de la molécule bien évidemment, c’est le fait que l’on t’inocule une substance sans savoir quelles en seront les effets sur ton corps à moyen ou long terme. Ce genre de scandale n’arrive jamais à court terme, sinon il y a bien longtemps que certaines entreprises auraient disparues. En somme, le lien est à la fois le manque de recule et le fait que ces molécules soient présentées comme efficaces et indispensables dans leurs contextes respectifs. Je ne pensais pas avoir à expliquer une telle évidence, mais je pense que ta mauvaise foi sera difficile à dissimuler désormais.

Qu’un pays comme la Corée du Sud qui n’a pas confiné cherche à vacciner sa population n’est en rien choquant. Il sera d’ailleurs intéressant de voir quel vaccin sera choisi par eux car justement, les plus promptes à vacciner, n’ont pas du tout choisi le vaccin russe ou chinois je te rappelle … et le traitement dont tu parles (que j’ai trouvé remarquable dès sa présentation), il coûte une blinde et c’est bien pourquoi seul l’ex Président Trump a pu le recevoir durant son expérimentation. Encore une fois, je remarque que c’est bien la grande industrie pharmaceutique qui est choisie systématiquement. Qu’est ce que les médias n’ont pas dit comme bêtise sur le vaccin russe avant que The Lancet ne sorte ses chiffres il y a quelques jours …

Enfin, la phrase de Benjamin Franklin, ne t’en déplaise, est plus que d’actualité de nos jours. Il n’est pas celui qui va régler nos dettes, mais j’ai une news pour toi : il y a un vrai lien entre la santé économique d’un pays et la santé de sa population. Donc quand je lis des phrases comme les tiennes qui appellent à la privation de libertés alors même que l’on connait les conséquences économiques de ces privations, c’est presqu’incroyable que tu puisses ramener une remarque sur l’économie et les dettes ensuite.

J’attends toujours de vrais arguments.

lapin-tfc

Je crois que tu n’as pas bien compris seul les faits comptent, le vaccin permettra de revenir à une vie normale cf ce qui se passe en israel

Pour les arguments bah faut aller au bistro… Pas de chance ils sont fermés…