Twitter Files : entre complotisme et harcèlement, Elon Musk essaie de se dédouaner

Vincent Mannessier
Publié le 06 décembre 2022 à 14h15
© Sattalat Phukkum / Shutterstock
© Sattalat Phukkum / Shutterstock

Vendredi dernier, le journaliste indépendant Matt Taibbi a publié sur Twitter une série de tweets appelés les « Twitter Files ». Il s'agit de soi-disant révélations livrées et amplifiées par Elon Musk lui-même.

L'objectif des informations que le patron de Twitter a transmises à Taibbi était de prouver le biais idéologique de la plateforme qu'il dénonce et qui favoriserait les voix progressistes. En fait de scandale, cette affaire ne repose sur aucun élément nouveau et montre comment le réseau social a empêché la diffusion d'images pornographiques de Hunter Biden, le fils de l'actuel président américain.

L'ordinateur portable de Hunter Biden, serpent de mer des républicains et des complotistes américains

Ce qu'Elon Musk présente comme un scandale est en vérité la décision des équipes de Twitter d'empêcher la diffusion sur la plateforme d'un article du New York Post pendant la campagne présidentielle de 2020. Le journal y relayait une histoire rapportée par un réparateur d'ordinateurs qui aurait eu entre les mains celui d'Hunter Biden, le fils de celui qui était encore candidat à ce moment-là. Selon ses déclarations, on pouvait y trouver des e-mails échangés avec des officiels ukrainiens ainsi que des vidéos dans lesquelles il avait des rapports sexuels et fumait du crack.

L'origine illégale, en plus d'être globalement douteuse, de la source avait à l'époque poussé la plupart des organes de presse américains à ne pas traiter l'affaire, à l'exception notable du New York Post. De leur côté, Twitter et Facebook en avaient tout simplement interdit la diffusion sur leurs plateformes, ce qui avait fait enrager les militants républicains, mais aussi les défenseurs de la liberté d'expression. Depuis, le mystère entourant cet ordinateur portable nourrit nombre de théories du complot outre-Atlantique. En publiant des informations sur l'affaire, Elon Musk savait donc très bien à qui il s'adressait.

Si la décision d'empêcher la diffusion d'un article tient de l'exceptionnel sur une plateforme qui a vu des articles bien plus dangereux être diffusés, les Twitter Files n'ont pas eu le retentissement espéré. En effet, ces révélations sont, pour la plupart, des captures d'écran d'e-mails échangés entre les cadres de l'entreprise (qui sont presque tous partis depuis) à propos de faits largement connus du public depuis deux ans. Elles révèlent que les dirigeants de Twitter ont discuté en interne de cette affaire à l'époque, ce qui n'est pas réellement une surprise. Aucune nouvelle information sur les raisons de la censure n'est donc à noter. Nombreux sont les républicains qui ont exprimé leur déception, directement sur Twitter ou dans des talk shows consacrés à l'affaire.

Plusieurs personnes harcelées en conséquence

On le sait, la vision de la liberté d'expression à géométrie variable d'Elon Musk consiste en théorie à laisser chacun s'exprimer de manière égale, dans un monde où tous les discours se valent. Et ce, même si ces discours sont des insultes et des menaces de mort adressées par milliers à la même personne ou entité. En droit français, cela s'appelle du harcèlement. Mais celui qui méconnaît le droit européen, et même parfois le droit tout court, n'en a cure.

Si les prétendues révélations des Twitter Files sont loin d'avoir eu l'effet escompté dans les médias, qui n'ont repris que marginalement l'histoire pour se concentrer sur la méthode, certaines des personnes citées dans l'affaire n'ont néanmoins pu se permettre le luxe de l'ignorer.

Ainsi, certaines personnes mentionnées dans les files ont reçu des centaines de messages d'insultes, et leurs information personnelles, pas ou peu protégées dans les captures d'écran, ont largement fuité. C'est le cas de Ro Khanna, un membre de la Chambre des représentants, mais aussi de personnes a priori moins publiques, membres des équipes de modération de Twitter. Elles sont désormais exposées à la colère de tous ceux qui considèrent leur travail comme de la censure. Le patron de leur ancienne entreprise est d'ailleurs le premier de ceux-là.

Sources : Gizmodo, The Verge

Vincent Mannessier
Par Vincent Mannessier

Rédacteur indépendant depuis des années, j'ai rédigé plus de 1.000 articles sur Internet sur une large variété de sujets. J'aime tout particulièrement écrire sur les actualités des réseaux sociaux et des GAFAM, mais les jeux vidéos et l'innovation numérique en général me passionnent aussi.

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Commentaires (10)
Popoulo

Titre : « entre complotisme et harcèlement, Elon Musk essaie de se dédouaner »
Préambule : « Il s’agit de soi-disant révélations livrées et amplifiées par Elon Musk lui-même »
Y a comme une coucougnette dans le ventilo là. Vous affirmer une chose dans le titre pour de suite après dire qu’en fait… on sait pas trop. Gulp.

« certaines personnes mentionnées dans les files » : files d’attente ? ou c’est un terme particulier chez twitter ?

« la vision de la liberté d’expression à géométrie variable d’Elon Musk » : vous pouvez rappeler ce que c’était avant svp ? Oui parce que twitter n’est pas né avec Musk (qui en fait ce qu’il veut, c’est son problème).

ang1

Pour Clubic, il est essentiel de formatter le sujet en tant qu’amalgame entre Twitterfiles et méchant complotistes républicains.
Bien plus plus important que de savoir si l’information portée par les Twitterfiles est exacte. Ce n’est pas de l’information, c’est du formatage et c’est très inquiétant que cela se produise en France sur un site Tech.

tfpsly

Non, juste qu’il n’y avait rien à raconter sur ce laptop bricolé par ceux qui l’ont « trouvé », comme démontrer par le FBI. Donc aucune histoire réelle à raconter.

Les deux affirment la même chose : Musk qui déclare livrer des preuves de complot pédophile par le fils de Biden - sauf que dans la suite rien ne le mentionne, ça fait pas mal pshit.
Donc Twitter aurait reçu des demandes de suppression de tweets, de la gauche et de la droite, surprise…

Ah si par contre il y a bien une surprise :
image
Donc Trump n’aurait pas respecté le premier amendement de la Constitution des US !

tfpsly

Au contraire justement : tu es vite impressionné par les balivernes dites sur ce laptop :stuck_out_tongue: :wink:

Wen84

Comment nier une news ? Il suffit de dire que tout ceci est parfaitement normal et qu’on apprends rien de ce qu’on sait déjà. Un grand classique.

Popoulo

Le fait d’affirmer quelque chose pour ensuite l’étayer par un « soi-disant » me semblait… un peu bancal. On se croirait dans Dynastie avec toutes ces histoires lol.

StephaneGotcha

« les défenseurs de la liberté d’expression »
Voler des photos et vidéos sur un PC en réparation, une belle notion de la liberté d’expression.

Encore un exemple de ceux qui confondent liberté et anarchie.

tfpsly

C’est même pire que ça : le contenu a été fortement modifié avant d’être diffusé,

  • les emails « sensibles » à la base des « affaires » semblent avoir été créés de toute pièce;
  • 128 755 faux emails semblent avoir été rajoutés ou fortement modifiés (certains avec des dates jusque 1 an après la perte du laptop);
  • et bizarrement ces gens ont effacé des logs systèmes qui auraient permis de savoir quand des fichiers ou emails ont été créé avant de passer le disque et son contenu.

Le contenu de ce laptop est tellement modifié que rien ne peut servir de preuve de quoi que ce soit :

One of the analysts characterized the data as a « disaster » from a forensics standpoint. The analysts found that people other than Hunter Biden had repeatedly accessed and copied data for nearly three years; they also found evidence that people other than Biden had accessed and written files to the drive, both before and after the New York Post story. […]

[…] The analysts also noted that the drive had been handled in such a way that logs and other files used by forensic analysts to examine system activity had been repeatedly deleted. […]
[…]
An analysis by Distributed Denial of Secrets of 128,755 emails allegedly copied from the laptop and circulated by allies and former staff of President Donald Trump showed « signs of tampering » including 145 modification dates and emails created more than a year after Hunter Biden had the laptop

tfpsly

On parle de trumpistes, faut pas en attendre grand chose :sunglasses:
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ABC

Peggy10Huitres : « Ah ces complotistes ! :joy: »

Hum, hum… :face_with_raised_eyebrow: