Jupiter Ascending : cendrillon boostée à la SF ?

18 septembre 2020 à 15h50
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SFF Jupiter Ascending

L'univers est menacé par une famille aristocrate extraterrestre et seule une jeune femme de ménage pourra sauver l'humanité. Improbable ? Totalement et pourtant c'est le pitch d'un des films les plus innovants de ces dernières années.

Clubic aime la science, Clubic aime l'avenir, Clubic aime la science-fiction. Avec · S | ꟻ · nous vous partagerons régulièrement nos recommandations dans le domaine de l'imaginaire : littérature, bande dessinée mais aussi films... Nous nous donnons 5 citations et 5 paragraphes pour vous convaincre.

Jupiter Ascending (2015)

de Lana et Lily Wachowski

Le space opera, en voilà un genre trop rare au cinéma. Depuis plusieurs années, seules les franchises Star Wars et Star Trek et dans une moindre mesure Les Gardiens de la Galaxie l'ont représenté dans les salles.

Jupiter Ascending (ou Jupiter, le destin de l'Univers dans son hasardeuse traduction française) est donc d'emblée un évènement puisqu'il propose un monde inédit et original et n'adapte aucun univers préexistant.

Encore plus important, il est signé des sœurs Wachowski, les deux cinéastes ayant réalisé rien de moins que la trilogie Matrix, et dont j'admire le talent et la créativité depuis mes plus jeunes années. Cette incursion dans le space opera est-elle à la hauteur de mon attente forcément démesurée ?

"Du point de vue de l'immigration je suis une Alien."

Commençons par le scénario. Le film ne s'embarrasse pas d'explications et nous présente Jupiter, une jeune fille née en plein milieu de l'océan et dont le travail est littéralement de récurer les cabinets.

Elle se retrouvera sauvée des griffes d'aliens par Caine, un hybride mi-humain mi-loup, qui la conduira dans l'espace et lui révélera sa destinée et son rôle dans toute son histoire.

On découvre aussi la fratrie Abrasax, deux frères et une sœur chacun à la tête d'une lucrative activité et qui cherchent par tous les moyens à développer leur business, quitte à sacrifier une ou deux planètes au passage.

© Warner Bros
© Warner Bros

" Je déteste ma vie…"

Si je prends autant de temps pour vous décrire le contexte du film, c'est parce que Jupiter Ascending impressionne par l'ampleur de son univers.

Le premier acte déborde littéralement d'informations et fait pressentir un monde bien plus vaste et complexe que celui qui s'affiche à l'écran. Les
sœurs Wachowski ont, en effet, à l'origine, écrit un script de 600 pages. En comparaison, le scénario typique d'un film de deux heures se situe à peu près autour des 120 pages.

Les cinéastes ont imaginé un univers foisonnant dont Jupiter Ascending n'est que la première pierre. Chaque planète se différencie de la précédente. Chaque arme, vaisseau, costume ou créature est du jamais-vu richement détaillé. Je me suis perdu dans cet univers avec plaisir et l'envie d'en voir encore plus.

"Elles volent vos bottes ?"

Pour imaginer leur space opera, les Wachowski ont fait ce qu'elles ont toujours su faire : agréger un maximum de références et d'influences puis les digérer dans un tout déstabilisant mais cohérent.

Les créatures sont des animaux terrestres augmentés, ce qui est cohérent avec le propos du film. Les « éclaireurs » qui viennent sur Terre ont le look des extraterrestres de Roswell, logique donc que nous connaissons les aliens sous cette forme.

Des statues antiques au steampunk jusqu'à la space fantasy saupoudrée avec malice de références queer, les deux femmes osent tout et présentent un mix culturel qui repousse à de rares occasions les limites du mauvais goût mais qui a aussi l'audace d'oser et de ne pas se complaire dans la nostalgie.

© Warner Bros
© Warner Bros

"La vie est un acte de consommation Jupiter."

De même, les réalisatrices ne se contentent pas d'un « simple space opéra » mais mêlent leur récit à un autre genre : le conte de fées. À ma grande surprise, Jupiter n'est pas qu'une simple élue mais aussi une Cendrillon des temps modernes qui rêve en regardant les étoiles et communie avec les abeilles. Oui, le film s'avère par moment très fleur bleue, vous voilà prévenus.

Les Wachowski, entre deux scènes d'action spatiales irréprochables de précision et de lisibilité, proposent une histoire d'amour sincère et naïve (et ce n'est pas un gros mot dans ma bouche) entre Jupiter et Caine. Les deux apprendront à s'apprivoiser tout en s'épanouissant individuellement.

J'ai aussi beaucoup apprécié ces quelques scènes de comédie totalement incongrues qui mettent en scène la chaotique famille russe de Jupiter. Rustres, grandes gueules, ils sont aussi plein d'amour les uns envers les autres et les voir échanger est une respiration bienvenue dans un récit qui ne s'arrête presque jamais.

"Arrête de me prendre pour ta mère !"

Enfin un film des Wachowski ne peut échapper au message politique et sociétal. Jupiter Ascending tire à boulets rouges contre le capitalisme et l'exploitation des masses.

L'univers du film n'est régi que par des contrats, des formulaires et des planètes-usine et les personnages se battent pour de simples parts de marché et l'augmentation de leurs profits. La démonstration est rentre-dedans mais finalement on ne peut plus d'actualité.

Concrètement, Jupiter Ascending pourrait être une relecture de Matrix, qui troque l'univers informatique verdâtre et les tenues en cuir par une ouverture au merveilleux et aux grands espaces. Encore une fois, j'en redemande !

Sans aucun doute, ce film est dans la veine de ce que George Lucas souhaitait accomplir avec ses différents épisodes Star Wars : surprendre, étonner, émerveiller.

S'il est certain que le film est loin d'être parfait, il foisonne d'idées uniques et riches. Si je suis certain d'en oublier dans cette chronique, je vous invite à vous risquer à Jupiter Ascending afin de pouvoir en débattre ci-dessous ; le film est, en général, source de discussions fort contrastées.

Jupiter Ascending est disponible en DVD et Blu-Ray chez Warner Bros et en VOD sur Netflix.

© Warner Bros
© Warner Bros
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Commentaires (12)

Biggs
J’ai vu ce Jupiter Ascending il y a quelques années déjà. Je ne me rappelle plus les détails mais j’ai le souvenir d’un film très médiocre. Il n’a d’ailleurs pas une très bonne note sur Allociné (2.5/5) ni sur IMDb (5.3/10) ni sur Rotten Tomatoes (audience score 38%) et il a disparu des écrans et des mémoires aussi vite qu’il était arrivé.<br /> Chacun se fera sa propre opinion bien sûr, en ce qui me concerne comparer ce truc avec Star Wars me fait doucement rigoler.
Nounours_Psx
Fan des pace operas j’ai vu et revu ce film, force est de constater que même si le background de l’univers est vaste (le design des vaisseaux avec liaison des parties comme dans les mangas SF est inédit) ; Mila Kunis est pitoyable dans ce film, plus habituée aux rôles romantiques, l’histoire s’encombre de lourdeur ou d’effets qui devaient sembler fun sur le papier mais très mauvais à l’écran («&nbsp;les rollers de l’espace&nbsp;» surtout), les twists prévisibles, la musique sans aucune inspiration … Ca a beau être du Wachoski, même les meilleur(es) peuvent se planter … Et en toute logique 'pour une fois), bide commercial, ce n°1 d’une trilogie qui ne verra jamais de suite … (un peu comme John Carter quoi!)
Zakalwe
Quand j’ai vu SW en 77, j’avais 13 ans. Très déçu, pour moi, c’était un film pour gamin. L’année suivante, je lisais Dune.
julla0
Un film pour gamins, peut-être, mais quel film!!!<br /> Dune, magnifique œuvre, mais peux-tu en dire autant du film?<br /> Et sinon le rapport avec la news?
Zakalwe
J’ai rebondi sur le post de Biggs.
Kahn-San
je me souviens ne pas avoir aimé … mais je ne sais plus pourquoi vu que je l’avais totalement oublié celui là ^^<br /> peut-être à revoir pour me refaire une idée quelques années plus tard
Kvn_Jma
Je me souviens avoir adoré, oui adoré et pourtant je suis un grand fan de SF qui a lu ses classiques et vu ce qu’il y avait à voir en séries et films.<br /> L’ampleur de l’univers est effectivement un des points fort du film, tout va mériterait une série rien que pour montrer tout ce qui est hors champ er il y aurait milles histoires à raconter.<br /> Il y a des plans magnifiques dans le film, lorsque l’aîné abrasax émerge de sa piscine devant la planète Jupiter, lorsque le cadet fait émerger son faisceau d’une ceinture de glace, c’est superbe, de même que la planète OSIRIS, berceau réel de l’humanité, la vision change d’un basique coruscant, les annexes artificiels autour sont une très bonne idée.<br /> Certes le jeu d’acteur est aux fraises, mais si on s’en tient à l’univers et aux visuels, aux vaisseaux, aux différents design, c’est juste génial.<br /> Le soucis c’est que d’une part le film n’a pas eu le budget demandé mat pas réalisatrices et qu’ensuite le studio a délibérément saboté la communication avant la sortie, ce qui fait que j’ai découvert le film par le plus grand des hasards. L’échec commercial était donc assuré.<br /> Il en va de même pour John Carter, personnellement j’ai beaucoup aimé le film parce que comme Jupiter Ascending l’univers était intéressant et le champ des possibles extrêmement vaste, ça méritait facilement une trilogie et au final si ça a bidé c’est parce que le studio a totalement saboté la sortie du film (il suffit de chercher c’est édifiant) et je l’ai découvert au cinéma Disney IMAX, par hasard alors qu’il pleuvait et que j’avais deux heures à tuer. Je n’ai aucun regret.
Gus_71
Kvn Jma : Quelles seraient les raisons qui feraient qu’un studio «&nbsp;sabote délibérément&nbsp;» la sortie d’un film dans lequel il a investi quelques millions de dollars ?<br /> Pour en revenir au film, je suis quasiment sûr de l’avoir déjà vu, mais je n’en ai aucun souvenir !<br /> Donc, à revoir à l’occasion !
JamesCr
Fan des Wachowskis depuis 1999 et Matrix, mon ressenti de ce film est que l’univers est extrêmement riche, on a envie d’en savoir plus mais on aurait choisi l’histoire la moins intéressante à nous raconter…<br /> Et si un jour, il devait y avoir un film Mass Effect, ce serait aux Wachowskis de le faire. Graphiquement, Jupiter est assez fou.
Mathieu_G
Parfois les raisons sont purement politiques. Ici une nouvelle direction a pris le pouvoir pendant la fabrication du film et a préféré couler la sortie du film, éviter de trop donner de pouvoir à des créateurs assez libres pour se concentrer sur les franchises DC et Harry Potter, avec les échecs que l’on connait.
Gam-ill
Arrêtons de tergiverser, je suis total avec toi @JamesCr. Mais a la fin en fait on est tous la pour les yeux de Mila Kunis<br /> #ChangeMyMind
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