Live Japon : le marché du hightech d'occasion

30 juin 2007 à 18h28
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Voici, comme chaque semaine un nouveau mini-reportage en direct du Japon, réalisé grâce à notre correspondant permanent sur place : Karyn. Présente dans la célèbre ville de Tokyo, Karyn nous propose donc de nous faire vivre l'actualité high tech de ce côté-ci du globe. Dépaysement garanti !

Au passage, on soulignera aussi la publication cette semaine chez Jeuxvideo.fr d'un article, également rédigé par Karyn, et lié au phénomène Nintendo DS Lite sur l'archipel.


Dans l'empire de l'électronique grand public qu'est le Japon, les technophiles qui mettent un point d'honneur à toujours posséder le nec plus ultra ont un moyen bien commode d'assouvir leurs envies en se débarrassant de leurs relatives vieilleries sans souci : les boutiques de deuxième main.

Le marché de l'occasion au Japon : un marché parallèle bien pratique

De fait, il existe au Japon, en dehors des populaires sites de revente de particulier à particulier également populaires comme eBay, un marché organisé de l'occasion, via des sortes de tiers de confiance que sont tout bonnement certains hypermarchés de la high-tech ayant pignon sur rue.

Plus sûr qu'internet, immédiat et pratique, ce système attire des milliers de Japonais, si l'on en juge simplement par le nombres de PC portables, iPod, Appareils photo numériques, assistants personnels (PDA) et autres appareils parfois ultra-récents que l'on peut ainsi dénicher dans les magasins spécialisés.
Beaucoup de nippons qui ont peur de se faire arnaquer en ligne optent pour ce système ma foi bien pratique.

A Akihabara, "Mecque" de l'informatique et de l'électronique, l'enseigne la plus connue dans ce genre de business se nomme Sofmap. Ses multiples magasins du quartier proposent un nombre impressionnant de produits d'occasion. On y dégote même des références qui viennent pourtant tout juste d'être commercialisées par leurs fabricants. Tout le monde peut acheter des appareils de seconde-main, mais seuls les autochtones et étrangers qui résident au Japon peuvent en vendre.

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Le principe est simple: pour refourguer un iPod, un enregistreur vidéo, un PC ou n'importe quelle machine, il suffit de la porter à un comptoir dédié. Elle y sera promptement inspectée et dans les minutes ou heures suivantes le vendeur sait quel prix il en tire, gardant le droit de renoncer à la vente. On y laisse forcément des plumes, mais ça débarrasse.

Le produit repris par Sofmap est ensuite expédié dans des ateliers spécialisés pour subir une sévère cure de jouvence. Il est expertisé à fond, réparé si besoin et briqué avant d'être proposé dans une des boutiques de la chaîne à un tarif évidemment nettement supérieur à celui auquel il a été racheté: c'est de bonne guerre et c'est même le B.A-BA des affaires.

Les revenus croissants annuels de Sofmap sur l'occasion tourneraient actuellement autour des 15 millions d'euros, dans un secteur en plein boom du fait du rythme très soutenu de sorties de nouveaux produits plus performants. Ce spécialiste, dont le savoir-faire est unanimement reconnu, s'offre une marge d'environ 30% sur les appareils de deuxième main, alors qu'en moyenne elle n'est que de 10% sur les produits neufs.

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Les fabricants ne sont pas inquiets par ce "marché parallèle", car dans la plupart des cas, celui qui se défait d'un produit en achète un neuf et celui qui s'offre une occasion n'aurait pas forcément été client d'un produit neuf, pour des questions de coûts. Bref, pas de manque à gagner. La roue tourne et tout le monde est gagnant.

Principe du système

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L'avantage pour le vendeur, c'est qu'il est tranquille une fois son produit repris par la boutique, c'est elle qui est responsable vis-à-vis du client suivant. De surcroît, le magasin paie sur le champ et rubis sur l'ongle en liquide les appareils qu'il accepte, à condition bien sûr de montrer patte blanche (pièce d'identité requise, adresse, numéro de téléphone). On peut aussi obtenir une prime de 15% sur le prix de reprise si on accepte d'être payé en points Sofmap. Si on a un achat à faire dans la boutique, cela peut éventuellement être intéressant, lesdits points se convertissant en yens sonnants et trébuchants.

L'inconvénient c'est que le prix de vente est dans la plupart des cas inférieur à celui qui pourrait être obtenu en traitant directement avec un particulier via internet, mais avec tous les risques et enquiquinements que cela comporte (temps d'attente, délai de paiement, expédition, réclamations...).

Pour établir le tarif de reprise, Sofmap applique un principe multi-critères que le client doit accepter sans broncher: pas de marchandage possible. Le magasin dispose d'un barème consultable qui fixe (en fonction du produit, de la notoriété de la marque, de la date de commercialisation initiale) le prix maximum de rachat. Puis il déduit de ce dernier les sommes correspondant à divers facteurs (rayure, absence de boîte ou de notice...), sous forme de pourcentage ou de montant pré-défini (valeur de remplacement).

Le système est transparent: autrement dit, le préposé de service explique très clairement au vendeur particulier comment le prix de reprise a été calculé. Le vendeur sait ainsi que le câble manquant lui a fait perdre 3.000 yens (20 euros), que l'absence de boîte lui coûte 1.000 yens, ou encore que les rayures irrémédiables ont fait chuté le tarif de 10%. Exemple: un Powerbook vieux de 18 mois acheté 175.000 yens, revendu avec tous les accessoires, dans sa boîte d'origine est repris 80.000 yens maximum. Il subira une décote de 10% pour une petite rayure sur le capot. On le retrouvera quelques jours plus tard en rayon au tarif TTC de 105.000 yens environ.

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Déduction: pour obtenir le meilleur prix, il faut prendre hyper-soin du matos, garder les boîtes et ne pas paumer le moindre accessoire (y compris par exemple une dragonne ou un chiffon vendu avec un appareil photo numérique).

Bien qu'ils ne mettent parfois qu'une demi-heure à inspecter un appareil, les gars de Sofmap sont des professionnels difficiles à piéger. Les petits rusés n'ont qu'à bien se tenir. Il ne sert par exemple à rien de racheter une dragonne pour remplacer celle qu'on a égarée et de la mettre dans la boîte en pensant que le technicien n'y verra que du feu. Il s'en rendra compte illico. Tous les accessoires doivent être d'origine. Car ces malins ont des bases de données archi-complètes qui recensent tous les produits et détaillent, images à l'appui, les configurations initiales. Imparable.

Voilà pour la partie amont. En aval, c'est-à-dire pour les acheteurs d'appareils de seconde main, le système est pour le moins attractif. Les tarifs de vente sont certes un peu plus élevés que ceux pratiqués par les particuliers sur internet, mais avec l'avantage majeur de pouvoir toucher, tester et observer l'objet sous toutes les coutures. Mieux encore, les produits sont garantis. Certes la période ne dépasse pas à la base un mois, mais il est possible de l'étendre à trois ans moyennant 5.000 yens (environ 35 euros) de surcoût. Pour un PC portable, cette précaution est assurément indispensable.

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Ainsi peut-on aisément acheter chez Sofmap ou dans d'autres enseignes du même tonneau un PC ultra-portable Sharp (Windows XP, processeur 1GHz, DD 20 Go, 900 grammes) âgé de 24 mois en quasi-parfait état pour à peine 500 euros, extensions de garantie à trois ans comprise. Idéal pour taper des articles et autres textes, faire son blog ou surfer sur le net au café du coin sans s'encombrer d'un engin multimédia lourd et surdimensionné pour ce genre de tâche. Neuf, il valait quatre fois plus. Et des bonnes occases de ce genre, il y en a à la pelle.

Dans le cas d'un ordinateur, par souci de sécurité, et notamment pour éviter que des données du précédent possesseur puissent être retrouvées au fin fond du disque dur, les boutiques sont tenues de se conformer à une charte définie par l'Association des fabricants d'appareils électroniques japonais.
Le marché des PC d'occasion est évalué à plus d'un million d'unités par an contre environ 12 ou 13 millions pour les ordinateurs neufs.

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Autres exemples: sur ce "marché de l'occase", les appareils photos numériques, PDA ou iPod se dénichent à partir de 150 euros, des périphériques (cartes mémoires, câbles) peuvent être achetés pour le prix de quelques nigiris (boules de riz fourrées) et des camescopes ou enregistreurs de salon sur DVD et disque dur à partir de 200 euros.

Conclusion : un marché local bien spécifique

Bref, à condition de s'y connaître un brin et d'y consacrer un peu de temps, il y a clairement des affaires à saisir... pour ceux qui résident au Japon. Car la plupart des produits proposés sont évidemment conçus par des fabricants nippons pour le marché local (avec les standards et autres spécificités du cru). Les PC sous OS japonais, avec un clavier japonais et une notice en japonais. La garantie ne vaut que sur l'archipel.

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A noter en outre, qu'hormis et ses iPod, les autres marques étrangères ne sont guère prisées, pas davantage visibles en vitrine et que leurs tarifs de reprise sont dérisoires donc dissuasifs.
Autre point important à souligner: l'absence quasi-totale de téléphones portables d'occasion. La raison est simple: les modèles japonais, souvent exclusivement disponibles sur l'archipel et signés de fabricants locaux (Sharp, Casio, Hitachi, Toshiba, Fujitsu, Kyocera, Sanyo, NEC, Panasonic...) , sont tous bridés. Ils sont conçus sur mesure pour un opérateur local et ne peuvent être utilisés qu'associés à un abonnement au réseau de ce dernier.

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En outre, les mobiles ont pris une telle valeur personnelle et émotionnelle pour les Japonais qu'ils ne seraient guère attirés par des appareils ayant eu une vie intime antérieure, à moins qu'il ne s'agisse de collectors introuvables (séries limitées de l'opérateur KDDI par exemple).

Sachez enfin pour conclure qu'au Japon, il existe un moyen fort simple et écologique de se défaire des produits électroniques et audiovisuels devenus obsolètes, totalement inutilisables et/ou invendables: il suffit de tendre l'oreille pour guetter le message d'une de ces dizaines de camionnettes qui sillonnent Tokyo pour récupérer gratuitement les appareils et les recycler.
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