Stellantis, qui a rappelé plus de 600 000 véhicules équipés de moteurs de 1.5 BlueHDI, affronte une action collective pour défauts de fabrication. Certains clients du constructeur déplorent le trop faible dédommagement qu'il propose.

Après les déboires des moteurs PureTech, le diesel 1.5 BlueHDi fait à son tour parler de lui, hélas pour de mauvaises raisons. Des centaines de milliers de véhicules Stellantis équipés du moteur ont été rappelés en urgence pour des défaillances récurrentes sur la chaîne d'arbre à cames. Ces dernières sont survenues entre 2017 et 2023 sur les modèles Peugeot, Citroën, Opel et DS, qui justifient aujourd'hui le rappel massif du constructeur. Une action collective vise à obtenir des indemnisations pour les réparations non prises en charge.
Stellantis refuse de payer la réparation à 7000 euros causée par la casse du moteur
On en sait désormais un peu plus sur les coulisses de l'action collective menée contre Stellantis. France 3 nous rapporte l'histoire de Baptiste Duval, qui montre bien le calvaire vécu par de nombreux propriétaires. En juin 2023, sa compagne prend la route avec leurs deux enfants au volant de leur Peugeot 5008. Le véhicule, âgé de cinq ans seulement avec 90 000 kilomètres, s'arrête brutalement sans aucun signe avant-coureur.
Le diagnostic tombe comme un couperet, la voiture est victime d'une casse de l'arbre à cames. Un problème récurrent sur le moteur 1.5 BlueHDi, qui provoque des refus de démarrage, des bruits inhabituels et, dans les cas les plus graves, la destruction complète du bloc moteur.
Malgré un entretien régulier attesté en concession Peugeot, Stellantis refuse la prise en charge des réparations. Le constructeur invoque une révision effectuée en retard. « Il n'existe aucun lien entre ce retard et la casse de l'arbre à cames », affirme Baptiste Duval. Sa seule consolation ? Un dédommagement dérisoire de 500 euros pour changer les pneus, alors que sa facture grimpe à 7 000 euros.
Les victimes du moteur BlueHDi passent à l'offensive juridique
Le calvaire ne s'arrête pas là pour la famille Duval. Contrainte par la rupture de stock de moteurs, elle souscrit une LOA (location avec option d'achat) pour un nouveau véhicule en novembre 2023. Mais l'irone frappe la famille, puisque deux jours après seulement, le moteur arrive enfin. C'est un peu la double peine donc, avec une galère quotidienne amplifiée.
« Stellantis, c'est fini. Les problèmes mécaniques, on peut les comprendre, mais c'est la façon dont le service client nous traite qui est inadmissible », témoigne Baptiste Duval auprès de nos confrères. Cette exaspération pousse les victimes à s'organiser autour de Smaël Sebille, le président de l'association Victimes Chaîne 1.5 BlueHDi, et cofondateur de l'UMIA, l'Union des Méprisés de l'Industrie automobile.
L'action collective menée avec le cabinet de Me Christophe Leguevaques et la plateforme MyLéo est un peu dans la continuité des combats contre Stellantis pour les moteurs PureTech et les airbags Takata. « Les clients sont victimes de leurs défauts de fabrication et nous n'avons pas d'autres choix que de nous regrouper pour faire valoir nos droits », martèle Smaël Sebille.
Les victimes exigent l'ouverture d'une commission d'enquête parlementaire pour faire la lumière sur ces dysfonctionnements récurrents. Sous pression, Stellantis a lancé le rappel massif de plus de 600 000 véhicules dont nous parlions. Le groupe a aussi modifié la chaîne défaillante (de 7 à 8 mm) et étendu sa garantie jusqu'à 10 ans ou 240 000 kilomètres.