L'AI Act, la fameuse réglementation européenne sur l'intelligence artificielle, doit entrer en vigueur le 2 août 2025. Problème : l'industrie tech demande à l'UE son report, car elle pourrait torpiller les ambitions IA du continent.

L'association CCIA Europe, qui compte Apple, Meta et la maison mère de Google Alphabet parmi ses membres, presse les dirigeants européens de suspendre l'implémentation de l'AI Act, le règlement sur l'intelligence artificielle au calendrier un poil compliqué. L'organisation réclame une pause dans l'application de cette loi européenne, prévue le 2 août prochain, donc presque demain. Les entreprises dénoncent l'absence de guidelines définitives pour se conformer aux nouvelles règles sur l'IA générative, qui risquent selon elles de compromettre l'innovation sur le Vieux continent.
L'AI Act européen entre en vigueur sans mode d'emploi le 2 août
Le 2 août approche à grands pas, et ce jour est diablement important, puisqu'il marque l'entrée en vigueur des règles sur l'IA générative dans l'Union européenne. Il y a pourtant un problème, et il est de taille : les lignes directrices d'implémentation manquent encore à l'appel. La situation, qui pour le coup est assez ubuesque, place les entreprises visées par l'AI Act dans l'incertitude totale, sans boussole réglementaire pour naviguer dans ce nouveau monde juridique.
La Commission européenne, censée publier ces guidelines cruciales le 2 mai, accumule déjà les retards. Daniel Friedlaender, l'un des dirigeants de l'association CCIA qui représente les entreprises technologiques en Europe, dénonce un calendrier « irréaliste ». L'Europe risque-t-elle de jouer sa crédibilité sur l'autel de la précipitation ?
Les enjeux financiers sont en tout cas importants, puisque 3 400 milliards d'euros de retombées économiques sont espérées d'ici 2030. Un pactole qui pourrait en partie s'évaporer si l'implémentation tourne au cauchemar administratif, particulièrement pour les modèles d'IA générative (GPAI), qui sont dans le viseur de la réglementation.
Les entreprises et les dirigeants européens unis pour réclamer le report de la loi européenne sur l'intelligence artificielle
L'ironie est cruelle, car pendant que l'Europe s'empêtre dans sa bureaucratie légendaire, les États-Unis misent sur la souplesse volontaire. La Chine, elle, avance avec pragmatisme. Cette paralysie réglementaire pourrait reléguer définitivement l'Europe au rang de spectateur de la révolution IA. Emmanuel Macron lui-même appelait à ne pas aller trop vite sur la réglementation.
Il faut avoir avoir à l'esprit que plus de deux tiers des entreprises européennes avouent ne pas comprendre leurs obligations futures, comme le montre Amazon Web Services (AWS) dans un sondage, relayé par Reuters, qui illustre l'ampleur du malentendu entre régulateurs et régulés.
Nous parlions du président français, mais les dirigeants politiques sont nombreux à rejoindre le chœur des mécontents. Parmi eux, le Premier ministre suédois Ulf Kristersson qualifie ces règles de « confuses », et réclame une pause salvatrice. CCIA Europe demande aux dirigeants européens « un délai supplémentaire », qui « permettrait de finaliser le cadre juridique, de donner aux entreprises une fenêtre de conformité équitable et de garantir que la loi soutienne – plutôt qu'elle n'entrave – le développement du GPAI dans l'ensemble de l'Union européenne ».