Douze sculptures emblématiques des jardins de Versailles répondent désormais aux visiteurs grâce à une IA. Un outil de médiation gratuit, mis en ligne avec Ask Mona et OpenAI, permet d’engager une conversation vocale avec les œuvres depuis un smartphone.

- Les jardins de Versailles innovent avec une IA qui permet aux sculptures de "parler" via un QR code.
- L'outil, accessible en treize langues, offre une visite interactive mais manque de spontanéité et d'humour.
- Malgré quelques bugs, l'expérience enrichit la visite, remplaçant les audioguides classiques par des échanges vocaux.
Et soudain, elles se sont mises à parler. Douze statues et fontaines du château de Versailles se sont mises à parler. Littéralement. En scannant un QR code, les visiteurs peuvent engager une conversation avec ces œuvres du Grand Siècle, grâce à un assistant vocal piloté par une IA. Le projet utilise les technologies d’OpenAI et l’application Ask Mona, déjà connue dans le monde pourtant conservateur du passé des musées. Le but est de proposer une visite libre, vivante et personnalisée des jardins, que vous alliez visiter les jardins pendant vos vacances cet été ou souhaitiez le faire depuis le confort de votre salon, via votre smartphone. L’initiative, saluée pour son accessibilité, rencontre un accueil plus nuancé sur le terrain. Car si les statues savent réciter leur histoire, elles peinent parfois à tenir une vraie conversation.
Des sculptures qui parlent, des visiteurs qui choisissent leur chemin
Mais comment ces statues font-elles pour tailler une bavette avec leurs visiteurs ? Il suffit de scanner un QR code placé près de l’œuvre pour déclencher une interface vocale sur son téléphone. Depuis là, on peut poser ses questions à la sculpture, qui répond immédiatement, comme si elle reprenait la parole après plusieurs siècles de silence.
La même fonction existe dans l’application mobile du château, où une carte interactive permet de localiser chaque œuvre. Pas besoin d’être sur place, puisque les échanges peuvent aussi se faire à distance, depuis un simple navigateur.
Les voix racontent la naissance de l’œuvre, sa symbolique, ses liens avec le règne de Louis XIV. « La fontaine symbolise l’aube, le moment où la lumière se répand sur le monde », affirme le bassin d’Apollon dans l’un des dialogues cités par Business Insider. Les contenus ont été validés en amont par les équipes scientifiques du domaine.
L’outil ne propose aucun parcours imposé. Le visiteur peut se promener librement, choisir les sculptures qui l’intriguent, poser toutes les questions qu’il souhaite. L’interface est accessible dans treize langues, pour une utilisation sur place comme à l’étranger.

Des réponses documentées mais un ton rigide et peu interactif
La visite virtuelle fonctionne, mais le dialogue reste limité. Lors de ses tests depuis Singapour, la journaliste de Business Insider a noté une absence d’humour et de relance. À une question anodine comme « Peux-tu me raconter une blague ? », la statue d’Apollon répond par une pirouette sérieuse : « Je suis un symbole de puissance, de grâce et de renouveau éternel ». Le belâtre n'est visiblement pas là pour rigoler.
L'outil délivre des informations fiables, mais n'engage pas vraiment la discussion. Les statues ne posent jamais de questions en retour. Impossible d'élargir à d'autres sujets, même proches. Une tentative d’évoquer Paris a reçu cette réponse laconique : « Que votre admiration se porte sur les sculptures et les eaux qui racontent ici les histoires des dieux et des légendes ».
L’interface connaît aussi quelques dysfonctionnements. Lors d’une conversation avec la fontaine de Neptune, l’assistant est resté silencieux plusieurs secondes avant de reprendre. Une mise à jour du site a corrigé l’erreur, mais l’échange avait perdu en spontanéité.
Mais à part ça, tout va très bien, madame la marquise. Certains visiteurs y trouvent un avantage par rapport aux audioguides classiques. La voix remplace le texte, le ton varie, les réponses sont immédiates. « J’avais l’impression de marcher avec un guide touristique », résume l’autrice du test.
Les statues répondent sans délai aux questions sur leur date, leur matériau ou leur restauration. Les personnes peu attirées par les cartels imprimés peuvent y trouver une alternative plus vivante.
Si vous voulez vous faire votre propre opinion et faire un brin de causette avec Aristée et Protée, l’application est accessible en français, anglais et espagnol sur AppStore et Google Play. Les contenus audio couvrent treize langues, du polonais au mandarin, en passant par l’allemand, le coréen ou l’arabe, pour toucher un public international. Chaque année, les jardins du château de Versailles accueillent plus de six millions de visiteurs. L’outil vocal lancé en partenariat avec Ask Mona et OpenAI restera actif tout l’été.
Source : Château de Versailles, Business Insider (accès payant)