Depuis le Salon du Bourget ce mardi, Aura Aero a officialisé Enbata, son drone militaire français MALE. Fabriqué avec le soutien officiel du Ministère des Armées, il pourrait voler dans un peu plus d'un an.

Image du drone Enbata au-dessus du désert © AuraAero
Image du drone Enbata au-dessus du désert © AuraAero

Le constructeur aéronautique toulousain Aura Aero a officiellement lancé son programme Enbata de drone militaire français au Salon de l'Aéronautique 2025. Ce drone MALE (Moyenne Altitude Longue Endurance) de 2 tonnes à très forte autonomie doit répondre aux besoins stratégiques européens identifiés par les conflits récents que l'on a tous en tête. Son premier vol est programmé fin 2026, avec le soutien de la Direction générale de l'Armement (DGA).

Enbata, un drone français qui maîtrise toutes les missions de guerre moderne

Le drone Enbata d'Aura Aero a de quoi impressionner avec ses caractéristiques. D'une masse maximale de 2 tonnes, le « petit » aéronef peut emporter jusqu'à 1 tonne de charge utile, avec une autonomie record pouvant atteindre 55 heures, d'après l'entreprise. Des performances qui placent ce programme français au niveau des références mondiales du secteur.

Sa polyvalence opérationnelle est l'un de ses principaux atouts. Enbata maîtrise tout l'éventail des missions militaires modernes, allant de la reconnaissance armée au renseignement longue portée, en passant par la surveillance maritime, la guerre électronique, la lutte anti-drones et le rôle de relais de communication. Ses commandes de vol électriques et son architecture modulaire lui garantiront une redoutable adaptabilité.

Autre enjeu majeur du projet : l'indépendance technologique. Enbata, développé en collaboration avec Thales, Safran et Aresia, adopte une approche dite « ITAR Free », c'est-à-dire sans composants américains. Cette souveraineté technologique française échappe aux contraintes réglementaires internationales, qui ont tendance à compliquer assez souvent les exportations d'armements.

Guilhem Reboul, directeur de la Direction des opérations, du maintien en condition opérationnelle et du numérique pour la DGA, et Jérémy Caussade, président d'Aura Aero, en présence de Sébastien Lecornu, ministre des Armées, et Emmanuel Chiva, Délégué général pour l'Armement.© Aura Aero
Guilhem Reboul, directeur de la Direction des opérations, du maintien en condition opérationnelle et du numérique pour la DGA, et Jérémy Caussade, président d'Aura Aero, en présence de Sébastien Lecornu, ministre des Armées, et Emmanuel Chiva, Délégué général pour l'Armement.© Aura Aero

Aura Aero transforme son savoir-faire civil en avantage militaire décisif

Aura Aero a mis au point une stratégie industrielle plutôt intéressante. En fait, l'entreprise capitalise intégralement sur son outil industriel existant, qui est parfaitement dimensionné pour des drones de la taille de ses avions civils. Cette approche intègre des briques technologiques partagées avec le programme ERA, l'avion régional hybride-électrique de 19 places, ce qui crée une sorte de synergie naturelle entre développements civils et militaires.

La certification duale civile-militaire ouvre d'ailleurs des horizons inédits pour ce programme. Aura Aero finalise un contrat de pré-application avec l'EASA, l'Agence de l'Union européenne pour la sécurité aérienne, pour obtenir cette certification. Parmi les applications civiles, on peut citer la recherche et sauvetage, la surveillance des feux de forêt et la surveillance aérienne. Oui, Enbata jouit d'un gros potentiel économique, qui va donc au-delà du seul marché militaire

« Le contexte mondial nous pousse à avancer vite, avec des besoins de défense réels, et nous avons, en France, tous les outils technologiques pour pouvoir y répondre », a commenté Jérémy Caussade, le président d'Aura Aero. Le général Stephane Mille, ancien chef d'état-major de l'Armée de l'air et de l'espace de 2021 à 2024, vante carrément « une mission vraiment pas impossible pour Aura Aero ». Il n'y a plus qu'à, et rendez-vous en 2026.