L'entreprise française Turgis & Gaillard a surpris le monde de la défense en dévoilant mercredi Foudre, un lance-roquettes multiples 100% français, rival désigné du célèbre Himars américain.

Ce nouveau lance-roquettes vient casser le mythe qui réserve les grands noms de l'armement aux seuls mastodontes américains ou aux géants français Pourtant, c'est bien une ETI tricolore qui s'apprête à bousculer le marché mondial des systèmes d'artillerie longue portée. Turgis & Gaillard a indiqué mercredi vouloir dévoilé en juin, à l'occasion du Salon du Bourget, son prometteur système Foudre, un lance-roquettes multiples jusque-là développé dans le plus grand secret depuis deux ans.
Le lance-roquettes Foudre arrive à point nommé pour l'armée française
Révélée par Challenges ce 30 avril, la nouvelle a fait l'effet d'un coup de tonnerre, au bon sens du terme, dans le monde de la défense. Alors qu'elle était déjà en pleins tests de son drone de surveillance Aarok, Turgis & Gaillard frappe à nouveau avec un système d'armement stratégique, baptisé Foudre. « Foudre traduit notre vision d'une défense agile, où la supériorité informationnelle se transforme en avantage décisif sur le terrain », explique Fanny Turgis, la présidente du groupe.
Pour l'armée française, l'enjeu est de taille. Il est question de remplacer les vieux lance-roquettes unitaires (LRU), qui doivent être mis au rebut fin 2027. Sans solution rapide, nos forces risquent un trou capacitaire critique pendant plusieurs années, et elles ne peuvent pas se le permettre.
Le timing est en tout cas parfait. Les premiers tests de tirs sont prévus pour mi-2026, et les livraisons fin 2027. Le tout pour un coût bien inférieur à celui d'une prolongation hasardeuse des systèmes actuels.
Le Foudre n'a franchement rien à envier à ses concurrents étrangers. Compact, mobile, transportable par avion C-130, il peut parcourir 1 000 km par jour par voie routière, ce qui fait de lui un bébé bien endurant. Son architecture ouverte permet d'intégrer différents types de munitions, des roquettes M31 (75 km) aux missiles PrSM (500 km), voire à terme des missiles de croisière terrestre atteignant 1 000 à 2 000 km de portée.
L'ascension fulgurante d'une pépite française de la défense
Ce qui nous fascine avec ce projet, c'est qu'il a été entièrement autofinancé par Turgis & Gaillard, une rareté dans l'industrie de défense. De quoi séduire Emmanuel Chiva, délégué général pour l'Armement, qui se dit « prêt à passer commande d'équipements qui ne sont pas encore opérationnels » aux entreprises innovantes qui bousculent les habitudes du secteur.
Le système rejoint en plus un écosystème cohérent. Vous avez le drone Aarok pour la détection, Foudre pour la frappe, et ODIN pour la communication entre les plateformes. « Cette combinaison offrirait des capacités inédites à l'armée de terre », assure Fanny Turgis. Une vision qui semble séduire jusqu'à Sébastien Lecornu, le ministre des Armées, déjà conquis par l'Aarok.
Et au-delà de l'armée française, Turgis & Gaillard vise l'export et l'intégration au projet européen ELSA (European Long-Range Strike Approach), soutenu par six pays dont la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni. Une belle revanche pour cette entreprise qui, partie de deux personnes en 2011, compte aujourd'hui plus de 300 collaborateurs. Le coup de Foudre est peut-être proche, et le Himars américain n'a qu'à bien se tenir.
28 avril 2025 à 12h02