Le gouvernement français, par l'intermédiaire de Clara Chappaz, a répondu sèchement, mercredi soir, au blocage des sites pornographiques Pornhub ou encore YouPorn en France. La ministre déléguée à l'IA et au Numérique assume la confrontation.

La page d'accueil de Pornhub désormais, qui provoque le gouvernement © Alexandre Boero / Clubic
La page d'accueil de Pornhub désormais, qui provoque le gouvernement © Alexandre Boero / Clubic

Depuis ce mercredi 4 juin, il est impossible d'accéder à Pornhub, YouPorn ou Redtube depuis la France. Les sites d'Aylo, la société luxembourgeoise propriétaire des trois plateformes, protestent contre l'obligation de vérifier l'âge des utilisateurs, imposée par l'État. Mais le gouvernement ne compte pas plier et sort l'artillerie lourde pour répondre à ce qu'il compare à des « tentatives d'intimidation ». La ministre Clara Chappaz a fait part de sa colère mercredi soir.

Pornhub et YouPorn déclarent la guerre à la loi française

Marianne brandissant le drapeau tricolore, voilà ce qui accueille désormais les internautes français qui essaient d'accéder à Pornhub, Redtube et Youporn, les sites du géant Aylo. L'entreprise a choisi la manière forte pour protester contre la loi SREN, en affichant fièrement sur sa page d'accueil que « la liberté n'a pas de bouton off ». Une mise en scène évidemment réfléchie et symbolique, pour justifier son refus catégorique de procéder à la vérification d'âge des utilisateurs.

Car derrière cette posture révolutionnaire se cache un argument bien plus prosaïque. Aylo estime que vérifier l'âge des utilisateurs compromet leur vie privée et s'avère « inefficace ». L'entreprise propose plutôt une vérification directement sur les appareils, solution qu'elle juge plus intelligente. Selon ses dires, le gouvernement français aurait ignoré ces alternatives pendant des années.

Pourtant, il existe désormais de nombreuses solutions de vérification réputées robustes, portées par Docapost, IDNow, IN Groupe, Orange ou encore la Fédération bancaire française. En réponse, Aylo estime que les fuites de données exposeraient ses utilisateurs à un « risque de sécurité inacceptable » que la firme se refuse « d'imposer aux utilisateurs ».

Pour Aylo, la réglementation pousse paradoxalement les utilisateurs vers des sites moins scrupuleux qui « ne vérifient pas l'âge des personnes figurant dans les vidéos ». Un argument qui a du poids, puisqu'avec 7 millions de visiteurs quotidiens en France, Pornhub est un enjeu majeur pour la protection des mineurs.

Le gouvernement sort les griffes

Mais Clara Chappaz ne l'entend pas de cette oreille. Dans un communiqué au vitriol publié en soirée, la ministre déléguée au Numérique démonte méthodiquement chaque argument d'Aylo. Les chiffres qu'elle brandit sont désormais connus de tous : 2,3 millions de mineurs accèdent chaque mois aux sites pornographiques en France, et plus d'un tiers des 12-17 ans visitent Pornhub chaque mois.

« Ils ont choisi : fuir plutôt que protéger les mineurs », assène la ministre sans détour. Le gouvernement balaie l'accusation d'absence de dialogue, en rappelant les discussions menées depuis l'adoption de la loi de juillet 2020 et une réunion encore organisée le 8 janvier dernier. Contrairement à ses concurrents, Aylo n'aurait même pas pris contact avec l'ARCOM, le régulateur du numérique, pour anticiper sa mise en conformité.

L'exécutif n'entend pas reculer « Moi, je ne plierai pas », martèle Clara Chappaz, qui conclut d'un cinglant : « Aujourd'hui, Pornhub et YouPorn préfèrent se déconnecter plutôt que d'assumer leurs responsabilités. Qu'ils partent (…), je leur dis très clairement : bon vent. » La bataille semble promise à s'éterniser.