Le parquet de Rouen a rouvert une enquête sur une escroquerie présumée. En ligne de mire, un possible « brouteur » ivoirien. La victime supposée : une femme de 82 ans, partie s’installer avec lui à Abidjan après l’avoir rencontré sur Facebook.

- Marie-José, 82 ans, a quitté la Normandie pour Abidjan après avoir rencontré un Ivoirien sur Facebook.
- Son fils, Xavier, suspecte une escroquerie sentimentale, avec des virements bancaires et achats suspects en Côte d'Ivoire.
- L'enquête rouverte par la police de Rouen vise à déterminer s'il y a eu manipulation ou captation d'héritage.
Ce sont des messages qui commencent toujours de la même manière. Un prénom. Un compliment. Et la promesse d’un lien, d’une vraie relation. Puis les discussions s’intensifient. La confiance s’installe. L’argent, lui, finit souvent par suivre. Ce schéma, vous le connaissez peut-être.
On vous l’a déjà raconté sur Clubic, notamment dans l’histoire du faux Brad Pitt. L’affaire de Marie-José, 82 ans, installée depuis plusieurs mois en Côte d’Ivoire auprès d’un homme rencontré en ligne, semble suivre le même scénario. Sauf que cette fois, le fils de la victime est allé jusqu’à obtenir la réouverture d’une enquête pénale.
Séduction en ligne, promesses et virements bancaires
Marie-José vivait en Normandie. Veuve, retraitée, plutôt discrète. Jusqu’au jour où elle a rencontré « Frédéric Lopez » sur Facebook. Derrière ce profil : un homme ivoirien de 28 ans, prénommé Christ, qui vit avec sa famille à Abidjan. Rapidement, elle décide de le rejoindre. Elle part seule, s’installe là-bas, et dit ne pas vouloir rentrer.
Pour son fils Xavier, rien ne colle. Il découvre des virements bancaires, une voiture envoyée depuis la France, une moto achetée sur place. Et une mère qui, à 82 ans, explique avec calme qu’elle va bien, qu’elle est amoureuse, et qu’elle a fait tout cela de son plein gré.
Un scénario que vous avez peut-être vu ou vécu, et c’est bien normal : on vous a détaillé dans un précédent article sur Clubic le fonctionnement des brouteurs, ces escrocs qui opèrent depuis l’Afrique de l’Ouest ou qui utilisent l'IA en ciblant des victimes fragiles ou isolées, souvent âgées. Tout commence par la séduction. Puis vient un premier besoin d’aide. Une urgence médicale. Un blocage bancaire. Et peu à peu, les sommes s’enchaînent.
Xavier, lui, a tenté d’alerter très tôt. Deux plaintes avaient été déposées, l’une pour disparition inquiétante, l’autre pour escroquerie. Elles avaient été classées sans suite en mars 2025. Les autorités estimaient que Marie-José était partie volontairement et qu’aucune infraction ne pouvait être retenue.
Il a fallu plusieurs mois, et de nouveaux éléments financiers, pour que le dossier soit rouvert. Selon nos informations, l’enquête a été confiée à la Direction interrégionale de la police nationale de Rouen. Elle devra déterminer s’il y a eu manipulation, pression ou captation d’héritage. Le fils évoque une emprise psychologique. La justice, pour l’instant, n’exclut rien.
Depuis Abidjan, Marie-José continue d’assurer que tout va bien. Elle envoie des vidéos, reste en contact avec ses proches, mais refuse toute évocation d’un retour. Le consulat de France a été sollicité, sans succès. Pour les autorités, la situation reste floue : il n’y a pas de signalement médical, pas de retrait forcé de fonds, pas de plainte directe de la principale intéressée.

Des escroqueries bien rodées, rarement poursuivies, mais évitables
Les arnaques sentimentales de ce type ne sont pas nouvelles. Mais elles évoluent. Et surtout, elles passent rarement le cap judiciaire. Difficile d’identifier les auteurs, de prouver les intentions frauduleuses ou de faire coopérer les services locaux.
Dans un dossier publié sur Clubic début 2025, on détaillait justement la mécanique de ces arnaques aux sentiments. Une logique bien huilée, avec parfois des équipes organisées derrière un seul profil. L’objectif n’est pas juste de soutirer quelques virements : certains visent la captation de tout un patrimoine. D’où le rôle essentiel des proches dans la détection de ces signaux faibles, et la difficulté de faire entendre une alerte quand la victime ne se reconnaît pas comme telle.
Si vous avez un doute, agissez vite. En cas de soupçon, même léger, certains réflexes peuvent éviter des conséquences durables. Signalez tout de suite le profil frauduleux sur la plateforme concernée. Coupez le contact sans attendre. Si vous avez déjà transféré de l’argent, alertez votre banque immédiatement — elle pourra peut-être bloquer l’opération. Déposez une plainte auprès de la police et remplissez un signalement sur Pharos. Enfin, vous pouvez contacter l’association France Victimes au 116 006 : des professionnels y répondent tous les jours pour vous conseiller.
- Signalement simplifié des contenus illicites en ligne
- Collaboration étroite avec la police nationale
- Plateforme sécurisée et anonyme
Source : Le Parisien