Le projet Proactif, dévoilé mercredi et taillé pour révolutionner la surveillance des infrastructures critiques européennes, sera mené par Nokia. Il reposera assez fortement sur les drones, qui joueront ce rôle de protecteur et de surveillance.

Drone Nokia Drone Networks avec parachute © Nokia
Drone Nokia Drone Networks avec parachute © Nokia

Nokia a été sélectionné pour diriger Proactif, un projet européen de robotique et de drones financé par l'Union européenne. Le consortium rassemble 42 entreprises technologiques de 13 pays, avec le but de développer des systèmes de surveillance des infrastructures critiques. Le Français Safran, l'Américain NVIDIA, le Suédois Saab et l'Italien Leonardo font partie de cette initiative qui ambitionne de renforcer la résilience technologique européenne, à l'aide d'appareils non pilotés destinés à protéger les installations stratégiques du continent, comme les data centers par exemple.

Nokia unit Nvidia, Safran et 40 autres entreprises pour protéger l'Europe

Qu'on se le dise, Proactif représente bien plus qu'un simple projet de R&D. Il s'agit d'une véritable déclaration d'indépendance technologique européenne, du point de vue de ses leaders. L'initiative, conjointement financée par l'Union Européenne via son programme Chips Joint Undertaking, les pays participants et les entreprises du consortium, réunit des géants de la Tech, aux côtés d'universités prestigieuses et de start-up réputées innovantes.

L'expertise reconnue de Nokia en matière de drones, développée notamment à travers sa division « Dr Drone Networks », a sans doute pesé dans le choix de l'UE pour en faire l'entreprise leader de l'initiative. « L'expertise approfondie de Nokia a contribué à établir les meilleures pratiques en matière de technologie des drones et à transformer les drones en assistants quotidiens pour la sécurité publique et les opérations critiques », essaie d'expliquer Thomas Eder, le responsable des solutions sans fil embarquées chez Nokia.

Le consortium développera neuf blocs technologiques avancés et cinq plateformes de véhicules non pilotés (UxV) d'avant-garde. Ces systèmes surveilleront des centrales électriques, des ports, des réseaux ferroviaires, des centres de données et même certaines structures de télécommunications. L'accent est mis sur l'interopérabilité, le déploiement rapide et l'autonomie, pour répondre aux besoins sociétaux et de marché européens.

Un projet civil qui cache des ambitions militaires assumées

Nous avons quelques chiffres à vous donner autour ce projet. Par exemple, le consortium s'attend à 90 millions d'euros de retombées grâce au projet, outre 50 nouveaux produits mis sur le marché et plus de 15 brevets industriels, d'ici 2035. Mais derrière ces projections se cache une ambition plus large. Le projet devrait générer des centaines d'emplois qualifiés et attirer plus de 40 millions d'euros d'investissements complémentaires, créant une d'écosystème d'innovation européen.

L'invasion russe de l'Ukraine a cruellement révélé la vulnérabilité européenne face à la guerre des drones moderne. « La protection de nos infrastructures critiques n'a pas toujours été une priorité absolue », reconnaît Thomas Eder avec une franchise désarmante auprès de nos confrères de Reuters. Le projet arrive donc à point nommé pour combler un retard stratégique qui se veut préoccupant.

Officiellement destiné à la sécurité civile, Proactif pourrait rapidement évoluer vers des applications militaires. Interrogé sur cette possibilité, Thomas Eder se montre d'ailleurs transparent : « Je pense que c'est hautement possible. Mais pour l'instant, il s'agit d'un projet d'infrastructure critique pour les lignes électriques, les centrales, les chemins de fer, les ports. » Une polyvalence qui renforce l'intérêt stratégique de l'initiative pour l'autonomie européenne en matière de défense.