Ports identiques, fonctions variables, compatibilité hasardeuse… Depuis des années, l’USB-C sur PC Windows est un terrain miné. Fatiguée des retours utilisateurs mécontents, Microsoft a décidé de remettre de l’ordre, en imposant un socle de fonctionnalités minimales sur tous les futurs PC portables certifiés Windows 11.

Microsoft sévit sur l’USB-C : bientôt plus de ports bridés sous Windows 11 ?. © Photo For Everything / Shutterstock
Microsoft sévit sur l’USB-C : bientôt plus de ports bridés sous Windows 11 ?. © Photo For Everything / Shutterstock
L'info en 3 points
  • Microsoft impose des normes USB-C minimales pour les PC Windows 11, garantissant charge et affichage standardisés.
  • Les nouvelles règles visent à éliminer les ports USB-C limités, assurant des performances fiables et uniformes.
  • Les fabricants doivent prouver les capacités USB annoncées, renforçant la qualité et la cohérence des appareils certifiés.

Un seul connecteur pour charger, afficher, transférer… Sur le papier, l'USB-C devait simplifier nos vies. Sauf qu’en pratique, c’est un peu la roulette russe. Derrière un port qui ressemble à un autre, on peut trouver du simple USB 2.0 sans charge rapide, ou du Thunderbolt 3 blindé de fonctions. Rien ne l’indique, et c’est souvent à l’utilisateur ou l’utilisatrice de le découvrir à ses dépens.

Las ! Microsoft en a visiblement assez de devoir ramasser les pots cassés et impose une série de nouvelles règles strictes pour les fabricants. Objectif : s’assurer que tous les PC portables certifiés Windows 11 offrent un socle commun de fonctionnalités USB-C, sans surprise ni compromis techniques planqués sous le capot.

USB-C, même connecteur, expériences très différentes

Le coup de l’écran qui ne s’allume pas ou du périphérique haut débit qui plafonne à 30 Mo/s, beaucoup l’ont vécu. Et ce n’est pas faute de matériel compatible. Ce qui manque, c’est l’assurance que le port du PC fait vraiment ce qu’il promet. Et c’est justement ce que Microsoft veut forcer.

Aujourd’hui encore, selon les données diffusées par Redmond, plus d’un quart des PC (27 %) équipés d’un port USB 4 ont affiché un message signalant qu’une fonction attendue n’était pas disponible. En clair, le port ressemble à un port complet, mais il ne sait pas tout faire. Le câble rentre, l’appareil est compatible, mais la fonction n’est pas activée, tout simplement parce que le constructeur ne l’a pas prévue.

Aussi, avec le programme WHCP (Windows Hardware Compatibility Program), Microsoft a décidé de changer les règles du jeu. Désormais, plus question de labelliser un PC portable « Windows 11 » s’il ne remplit pas le minimum syndical côté USB-C :

  • tous les ports doivent permettre la charge via Power Delivery,
  • l’affichage externe devient obligatoire via DisplayPort (et certifié),
  • les composants USB intégrés au PC, comme les contrôleurs, doivent être certifiés USB-IF (ou équivalent),
  • et surtout, les pilotes doivent venir du noyau Windows, pour assurer les mises à jour via Windows Update.

Autrement dit, le WHCP vient concrétiser ce socle technique en imposant ce que les spécifications USB laissaient jusqu’ici au bon vouloir des fabricants.

Ces exigences concernent uniquement les modèles lancés avec Windows 11 24H2 ou ultérieur, dans le cadre du programme WHCP. Les PC déjà commercialisés ou simplement mis à jour vers 24H2 ne sont pas concernés. Il ne s’agit pas d’une mise à jour système qui transforme vos ports USB-C existants, mais bien d’une ligne rouge à destination des constructeurs qui veulent continuer à apposer le logo Windows sur leurs prochaines machines.

Fini, donc, les ports USB-C qui ne servent qu’à recharger une souris ou à transférer des fichiers en USB 2.0. Même les entrées de gamme devront assurer un minimum technique.

Lequel charge ? Lequel est compatible Display ? Bientôt, vous n'aurez plus à vous poser la question sur les PC portables Windows 11. © Pic Media Aus / Shutterstock
Lequel charge ? Lequel est compatible Display ? Bientôt, vous n'aurez plus à vous poser la question sur les PC portables Windows 11. © Pic Media Aus / Shutterstock

USB 4, ce que ça change vraiment

USB 4, c’est le nom de la norme USB censée remettre de l’ordre dans la galaxie USB. Disponible uniquement via des connecteurs USB-C, elle promet :

  • jusqu’à 40 Gbps de débit (80 Gbps pour USB4 v2, voire 120 Gbps en asymétrique),
  • la gestion de l’affichage multi-écran via DisplayPort,
  • la charge rapide via USB Power Delivery,
  • le tunneling PCIe, pour pluguer une carte graphique externe ou un SSD NVMe,
  • et la compatibilité Thunderbolt 3, quand le fabricant joue le jeu.

Mais attention : aujourd’hui, toutes ces fonctions sont optionnelles. Un constructeur peut vendre un port USB 4 bridé sans rien violer du cahier des charges fixé par la spécification. C’est précisément cette ambiguïté que Microsoft veut faire sauter avec ses nouvelles exigences WHCP.

Vers un écosystème plus propre… et sous contrôle

Manifestement, pour Microsoft, ces nouvelles obligations ne suffiront pas, et c’est plutôt une bonne nouvelle. Dans son billet de blog, l’entreprise a également confirmé que si un PC portable affichait fièrement « USB 40 Gbps » ou « USB 80 Gbps », il devrait désormais le prouver. Le débit annoncé devra être tenu, tous les ports devront gérer le tunneling PCIe (pour eGPU, SSD externes, etc.), supporter deux écrans 4K à 60 Hz, et rester stables en sortie de veille. Chaque port devra aussi fournir une puissance minimale de 15 W (ou 7,5 W sur les tablettes), pour éviter les limitations côté alimentation. Bref, un vrai standard haut de gamme… imposé même aux machines premier prix.

Tableau des exigences WHCP pour les ports USB-C équipant les PC portables Windows 11. © Microsoft

Derrière ces exigences, il y a aussi une logique industrielle : réduire les surprises, fiabiliser les usages pros, rassurer les services IT. Et surtout, limiter les plaintes utilisateurs, les retours SAV et les « ça ne marche pas » qui polluent l’expérience Windows.

C’est aussi un moyen pour Microsoft de reprendre la main. Les fabricants devront utiliser les outils de test Microsoft, valider chaque port via des scripts automatisés, et soumettre des résultats béton avant de prétendre à la certification. Et si ça coince, pas de label. Une manière détournée, mais ferme, de resserrer les boulons autour de Windows 11 et de reprendre la main sur l'écosystème matériel.

Bref, ce n’est pas encore une révolution, mais c’est un tournant. Microsoft commence à imposer un langage commun aux fabricants, et à le faire respecter via la certification Windows. Les prochains PC portables USB-C certifiés WHCP ne devraient plus réserver de mauvaises surprises, ni vous laisser dans le noir au moment de brancher un écran. Il faudra juste être patient et sortir un billet : cette garantie ne s’appliquera qu’aux machines neuves… et vraisemblablement pas avant plusieurs mois.

Source : Microsoft

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