Un manifeste signé par près de 300 acteurs français sonne l'alerte. Il est plus que temps de mettre en place des solutions numériques européennes souveraines, afin d'échapper à la dépendance aux GAFAM.

La question de la souveraineté européenne se pose depuis plusieurs années, alors que du fait d'un manque de compétences dans ce domaine, nos pays ont tendance à se tourner vers les géants américains - et ce, jusqu'à nos administrations. Des géants américains qui pourraient suspendre leurs activités du jour au lendemain si des mesures étaient prises à Washington, à l'image de la suppression par Microsoft du compte email professionnel du procureur de la Cour pénale internationale Karim Khan, dans le cadre de la crise entre la CPI et l'administration Donald Trump. Alors, pour ne pas vivre ce genre de problèmes, de nombreux acteurs français appellent à un réveil.
« Souveraineté et compétitivité ne sont pas incompatibles »
Un manifeste, et de beaux noms au bas du message. Mistral, Orange, Airbus, France 2030 ou bien la Station F... Ils ont tous signé un manifeste, porté par l'Innovation makers alliance (IMA), et qui a reçu plus de 300 paraphes, appelant à « mettre en place une véritable indépendance technologique, soutenue par des actions ambitieuses et coordonnées à l'échelle européenne. »
Et leur appel provient d'un constat simple : nous sommes incroyablement dépendants des États-Unis. Cette situation s'illustre notamment dans un domaine devenu stratégique, à savoir les solutions cloud. Car dans ce secteur, 80% du marché sur le Vieux Continent est détenu par les GAFAM, que ce soit Amazon (AWS), Microsoft (Azure) ou bien Google Clood.
Une dépendance dont le coût est chiffré à 265 milliards d'euros par an. Ce qui fait dire aux signataires que se tourner vers des solutions européennes peut aussi être une bonne idée économique à terme, et que « souveraineté et compétitivité ne sont pas incompatibles ».

Les PME doivent être au cœur des investissements souverains
L'appel ne se contente pas d'un constat. Il pose aussi cinq recommandations pour atteindre cette souveraineté si convoitée. Celle-ci passera d'abord et avant tout par la réorientation d'une partie du marché vers les acteurs européens, boudés presque automatiquement par les grands entreprises. « Nous avons pris conscience que les start-up françaises et européennes ont du mal à trouver écho auprès des grands comptes. Les entreprises ont développé une préférence qui est devenue presque naturelle à recourir à des acteurs non-européens » note ainsi le directeur stratégique du consortium IMA, Christophe Grosbost.
Le manifeste appelle ainsi à la création d'un « Small business Act », qui réservera une partie des activités numériques aux PME et start-up de la tech européennes. Les autres propositions demandent la création d'un bonus souveraineté, d'une plateforme centralisant les appels d'offres publics et privés, ainsi que la mise en place d'espaces de données sécurisés.
Enfin, et c'est peut-être le plus important, les signataires exhortent les autorités à massivement investir dans les infrastructures IA, sans quoi rien n'est possible. Un domaine dans lequel la France se place en leader en Europe, grâce notamment à l'énergie nucléaire produite par EDF.
Source : Les Echos
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