L'Opération RapTOR a porté un coup historique au darknet, avec 270 arrestations mondiales. La France a activement participé à ce démantèlement spectaculaire des réseaux criminels numériques internationaux.

Avec 270 cybercriminels arrêtés dans le monde, l'opération RapTOR a frappé fort © babar ali 1233 / Shutterstock
Avec 270 cybercriminels arrêtés dans le monde, l'opération RapTOR a frappé fort © babar ali 1233 / Shutterstock

Les forces de l'ordre, français notamment, viennent de porter un coup magistral aux barons du darknet. Une opération internationale d'envergure, coordonnée par Europol, a permis de démanteler des réseaux criminels sophistiqués qui pensaient pouvoir opérer en toute impunité derrière leurs écrans. Des saisies record et une coordination sans précédent révèlent l'ampleur de cette économie parallèle numérique. Votons les détails de l'opération.

Un coup de filet planétaire orchestré par Europol, à laquelle la douane et la gendarmerie françaises ont participé

L'Opération RapTOR, menée conjointement par Europol et différents services américains, a mobilisé les forces de police de dix pays, dont la douane et la gendarmerie françaises, pour frapper simultanément. Cette synchronisation parfaite entre le FBI, ICE, la DEA et leurs homologues internationaux a permis d'éviter que les suspects ne prennent la fuite. L'effet de surprise s'est ici révélé redoutable dans cette chasse aux cybercriminels.

Les États-Unis dominent le tableau de chasse avec pas moins de 130 arrestations. Les USA sont talonnés par l'Allemagne (42) et le Royaume-Uni (37). La France a procédé à 29 interpellations sur son territoire, la Corée du Sud dix-neuf. Voilà des chiffres qui témoignent hélas de l'implantation tentaculaire de ces réseaux criminels, qui transcendent allègrement les frontières nationales.

L'opération fait suite au retentissant succès de SpecTor qui, en 2023, avait déjà permis 288 arrestations à travers le globe. Les enquêteurs ont cette fois méthodiquement ciblé les utilisateurs des places de marché récemment démantelées comme Nemesis, Tor2Door, Bohemia et Kingdom Markets. Une stratégie qui consiste à remonter patiemment la chaîne criminelle, après avoir neutralisé les plateformes mères.

Des saisies qui révèlent l'ampleur du marché noir numérique

Les chiffres de l'opérateur RapTOR, au nom évocateur, parlent d'eux-mêmes. Plus de 200 millions de dollars ont été saisis. Cette somme gigantesque comprend des cryptomonnaies et des liquidités. Elle nous montre bien les profits colossaux générés par cette économie souterraine, qui prospère dans l'ombre d'Internet. Les enquêteurs ont également mis la main sur plus de deux tonnes de drogues diverses, dont 144 kilos du redoutable fentanyl, qui fait des ravages outre-Atlantique.

L'arsenal découvert est aussi très impressionnant. On parle ici de 180 armes à feu, 12 500 produits contrefaits et même quatre tonnes de tabac de contrebande. Ces saisies révèlent que le darknet n'est désormais plus seulement le royaume traditionnel des stupéfiants. Ce dernier s'est transformé en un véritable supermarché du crime, où absolument tout s'achète et se vend. De la drogue aux armes, en passant par les faux papiers.

Le plus délicat, c'est que les criminels adaptent constamment leurs méthodes, en migrant vers des single-vendor shops individuelles, qui permettent d'échapper aux grandes plateformes désormais sous surveillance. Mais cette opération RapTOR prouve que l'anonymat numérique n'est plus une garantie d'impunité face à la coopération internationale renforcée. La technologie qui protégeait hier les cybercriminels devient aujourd'hui paradoxalement l'outil de leur perte et de leur arrestation. Ving-quatre heures après le coup d'arrêt porté au malware Lumma Stealer, les autorités ont encore marqué des points.