Le syndicat SAG-AFTRA a décidé de porter plainte contre Llama Productions, filiale d'Epic Games, laquelle a pris la décision d'utiliser une voix générée par intelligence artificielle pour Dark Vador dans le jeu Fortnite, sans la moindre négociation préalable.

© Epic Games
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Début mai, Epic Games célébrait Star Wars à sa manière, avec la saison 3 du chapitre 6 de Fortnite baptisée « Bataille Galactique », et entièrement dédiée à Star Wars. L'occasion pour les joueurs de retrouver une map inédite, des personnages, des blasters, des skins, des vaisseaux et de nombreux autres détails en provenance directe de la célèbre saga cinématographique. L'illustre Dark Vador est évidemment de la partie, avec la possibilité pour les joueurs d'échanger avec le Seigneur Sith, par le biais d'une IA conversationnelle.

Dark Vador et le côté obscur de l'IA

« Discutez tactique avec le seigneur Sith ultime ! Parlez et il vous répondra grâce à une IA conversationnelle ! » indique Epic Games sur le blog officiel dédié à Fortnite. Un antagoniste pour le moins légendaire, qui s'exprime toujours au travers de la voix de James Earl Jones, laquelle a été recréée par une IA ici, le tout avec l'autorisation de la famille de l'acteur décidé en septembre 2024.

« C'est un honneur pour nous de pouvoir utiliser sa voix et nous remercions chaleureusement ses ayants droits de nous donner l'opportunité de proposer cette expérience unique aux joueurs » confirme Epic Games. Toutefois, le syndicat des acteurs SAG-AFTRA (Screen Actors Guild‐American Federation of Television and Radio Artists) a déposé une plainte pour pratiques déloyales contre Llama Productions, une filiale d’Epic Games.

Pour le syndicat, il s'agit encore et toujours de protéger le droit à négocier les conditions d’utilisation des voix qui remplacent le travail des membres, y compris ceux qui, par le passé, ont reproduit le rythme et le timbre emblématiques de Dark Vador dans les jeux vidéo.

« L’entreprise signataire de Fortnite, Llama Productions, a choisi de substituer le travail d’interprètes humains par une technologie d’intelligence artificielle. Malheureusement, elle l’a fait sans nous avertir de cette intention et sans négocier les modalités adéquates » indique la SAG-AFTRA.

Une plainte déposée par le syndicat SAG-AFTRA

En juillet 2024 déjà, après 18 mois de négociations, le syndicat SAG-AFTRA lançait une grève et mettait sous pression de nombreux studios, notamment Activision, Electronic Arts, Epic Games, Take-Two, Insomniac mais aussi Warner Bros. ou encore Disney, concernant l'utilisation des intelligences artificielles génératives dans le processus créatif.

« L'industrie vidéoludique génère des milliards de dollars de profits chaque année. Et le moteur de ce succès, ce sont les créatifs, qui conçoivent et bâtissent les jeux vidéo. Ceci inclut les membres de la SAG-AFTRA qui donnent vie à des personnages mémorables, aimés du public. Ils demandent et méritent les mêmes protections fondamentales que n'importe quel acteur au cinéma, à la télévision, dans le streaming ou dans la musique » indiquait alors Duncan Crabtree-Ireland, négociateur en chef de la SAG-AFTRA.

Aujourd'hui, c'est donc une plainte pour pratique déloyale devant le National Labor Relations Board (NLRB) contre Llama Productions que le syndicat SAG-AFTRA a décidé de déposer. Pour ce dernier, la décision d'utiliser la voix de James Earl Jones, en choisissant de substituer le travail d'interprètes humains par une IA, aurait dû faire l’objet de discussions contractuelles, notamment en ce qui concerne les droits des artistes ayant précédemment incarné le personnage dans des jeux vidéo.

Source : Kotaku