Philippe Batreau, ISOC France : "Une gouvernance partagée de l'Internet, c'est le sens de l'histoire

23 octobre 2006 à 00h00
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Entreprenaute, trésorier du chapitre français de l'Internet Society France, Philippe BATREAU répond aux questions de NetEco.com à l'occasion du World eGov Forum

AB - Bonjour Philippe Batreau. Quel a été votre parcours avant d'intégrer le chapitre français de l'Internet Society France (ISOC France) en tant que trésorier ?

PB - Bonjour. Juriste de formation, ancien fonctionnaire territorial, j'ai créé l'association des internautes territoriaux en 1997. Je suis devenu, en 1999, entrepreneur web à travers la création d'Epistrophe et j'ai mis en ligne le site du web administratif et citoyen Adminet.fr, partie française de l'ensemble AdmiNet.

Parallèlement, je mène des recherches universitaires sur "l'altermédiation". Ma thèse est la suivante : l'individu devient son propre média avec le réseau. L'internaute ne prend pas le pouvoir, il le garde, ne le délègue pas à une autre entité.

Je suis également trésorier de l'ISOC France, association qui compte en France une centaine de cotisants et un réseau d'environ 500 personnes.

AB - Quels sont les missions et les objectifs de l'ISOC France ?

PB - L'ISOC France (www.isoc.fr) est le chapitre français de l'Internet Society (isoc.org), association de droit américain à vocation internationale créée en 1991 par les pionniers du Net. L'ISOC, un des acteurs de la gouvernance mondiale de l'Internet, héberge des groupes techniques tels que l'Internet Engineering Task Force (IETF) et l'Internet Architecture Board (IAB).

Le chapitre français est né en 1996 avec pour premier président Bruno Oudet, parallèlement aux initiatives de promotion de l'Internet de l'époque : Club de l'Arche, Adminet, AFUU, etc. Avec d'autres acteurs, l'ISOC France a été l'un des initiateurs de la Fête de l'Internet de 1998.

L'histoire des premières années de l'Internet citoyen reste à écrire. L'ISOC France, association "loi de 1901", s'inscrit bien évidemment dans la réalité française et européenne du Net. Dans ce cadre, un de nos objectifs est de rapprocher l'ISOC France des territoires, de gagner l'adhésion de collectivités locales aux problématiques liées à la gouvernance de l'Internet.

Plus largement, l'ISOC France entend fédérer les acteurs de l'Internet et promouvoir "l'Internet pour et par tous". C'est en devenant "par tous" que l'Internet sera pour tous.

En résumé, l'ISOC France fait entendre la voix du pays dans les instances internationales et prône la diversité culturelle sur le Réseau.

AB - Quel est votre point de vue sur l'engagement des Etats-Unis à limiter progressivement leur influence sur l'ICANN (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers), organisation de supervision du Net et des noms de domaine ?

PB - C'est une bonne chose. La gouvernance de l'Internet ne pourra pas rester telle qu'elle est aujourd'hui. La situation n'est pas tenable pour les Etats-Unis, les deux phases du SMSI (Sommet mondial sur la société de l'information) l'ont démontré.

Enfin, que les Etats-Unis "jouent la montre" ou pas, une gouvernance de l'Internet davantage partagée à l'international, du gouvernemental à l'intergouvernemental, et de l'intergouvernemental au multi-acteurs (multi-stakeholder), société civile et secteur privé inclus, c'est le sens de l'histoire.

Le contrat de l'ICANN, comme vous le savez, a été reconduit le 30 septembre 2006 sur trois ans. Ensuite, nous verrons. Il revient aux Etats de s'organiser entre eux.

AB - Faites-vous un parallèle entre l'IPV6 et les technologies du web 2.0 ?

PB - L'IPV6 est un protocole qui va succèder à l'IPV4 (raréfaction des adresses IP), le Web 2.0 est un concept centré sur l'utilisateur plus autonome grâce à des technologies et à des applications innovantes (XML, Ajax, VoIP, flux RSS, blogs, wikis...)

Le Web 2.0 est un des aspects du World Wide Web qui, lui même, a ouvert le Net au grand public dans les années 1990. Il faut développer le tout, protocole Internet et standards Web, mettre en oeuvre une gouvernance de l'Internet effectivement partagée.

AB - Philippe Batreau, je vous remercie.
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