Le marché des applications mobiles rapporte bien moins que ce que vous pouvez croire

13 mars 2024 à 09h29
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Le Play Store et l’App Store ne sont pas des faiseurs de rois © Tada Images/Shutterstock
Le Play Store et l’App Store ne sont pas des faiseurs de rois © Tada Images/Shutterstock

Vous voulez vous lancer dans le développement d’apps pour devenir riche ? Songez-y à deux fois, le marché est de plus en plus moribond d’après des nouveaux chiffres.

Depuis les débuts de l’iPhone 3G en 2008, le marché des applications mobiles a explosé en popularité, devenant une véritable ruée vers l’or 2.0 et animant des espoirs de réussites incroyables pour toutes les équipes de développement, qu’ils s’agissent de multinationales ou de petites entreprises indépendantes. Des succès fous comme Flappy Bird ou Angry Bird ont même entretenu la thèse que chacun et chacune était à une bonne idée de devenir multimillionnaire. La réalité est bien moins rose que ça.

Quelques ultras privilégiés dans le marché mobile

Dans un très long rapport de 120 pages, la société RevenueCat (qui propose des solutions d’abonnements clé en main pour les développeurs et développeuses d’apps mobiles) tire le portrait d’un marché des applications mobiles plutôt morose. En inspectant les revenus générés par les plus de 30 000 applications utilisant son service (dont des grands noms comme Notion, Buffer ou Reuters), l’entreprise montre que le marché est complètement fragmenté et très inégalitaire.

Seuls 17,2 % des applications analysées parviennent à générer plus de 1000 $ par mois et 3,5 % parviennent à atteindre 10 000 $ par mois. Parmi ces heureuses élues, le top 5 % des apps les plus rentables captent à elle seules plus de 200 fois le revenu du quartile le plus pauvre. Le revenu médian (qui divise également le nombre d’apps gagnant plus et gagnant moins) se trouve autour de 50 $ par mois au bout d’un an. Clairement pas de quoi quitter son boulot et se lancer corps et âme dans le développement d’une application à plein temps en somme.

Les catégories d'applications qui rapportent le plus (et le moins) sur les store © RevenueCat
Les catégories d'applications qui rapportent le plus (et le moins) sur les store © RevenueCat

Au-delà des inégalités flagrantes qui règnent dans le monde des apps mobiles, il existe aussi, d’après les chiffres de RevenueCat, une sorte de « seuil » au-delà duquel le succès s’emballe. 59 % des applications qui parviennent à générer 1000 $ de revenue par mois atteignent ensuite 2500 $ par mois. Ensuite, 60 % des apps ayant atteint 2500 $ par mois auront la chance ensuite de générer 5000 $ par mois. Mais on parle ici d’une fraction de fraction du marché, relativement peu représentative de l’écosystème mobile dans son ensemble.

Des prix qui augmentent et des clients qui se lassent

Il faut garder en tête qu’il s’agit là uniquement des applications proposant un modèle de revenu par abonnement. Celles se finançant via la publicité ne sont pas comptées dans ce classement, mais le marché de la publicité mobile n’étant pas non plus dans une forme olympique, il y a fort à parier que les chiffres ne sont guère plus réjouissants. Le modèle de l’abonnement étant en plus le seul qui permet d’avoir des revenus réguliers et prévisibles, de plus en plus d’applications s’y mettent plutôt que de faire payer le téléchargement en lui-même. Les apps gratuites restent d'ailleurs largement plus populaires.

Inflation oblige, le prix de ces abonnements devrait d’ailleurs augmenter dans l’année à venir, et ce alors que de plus en plus d’internautes annulent justement leurs abonnements (+14 % en 2024) par besoins économiques ou par volonté de réduire les (trop) nombreux abonnements qui animent notre vie numérique. Autant dire qu’il faut beaucoup de courage et d’inconscience pour espérer vivre du mobile aujourd’hui.

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Source : RevenueCat via TechCrunch

Corentin Béchade

Journaliste depuis quasiment 10 ans, j’ai écumé le secteur de la tech et du numérique depuis mes tout premiers chapôs. Bidouilleur (beaucoup), libriste (un peu), j’ai développé une spécialisation sur...

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Journaliste depuis quasiment 10 ans, j’ai écumé le secteur de la tech et du numérique depuis mes tout premiers chapôs. Bidouilleur (beaucoup), libriste (un peu), j’ai développé une spécialisation sur les thèmes de l’écologie et du numérique ainsi que sur la protection de la vie privée. Le week-end je torture des Raspberry Pi à grands coups de commandes 'sudo' pour me détendre.

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Commentaires (9)

MisterDams
C’est valable dans tous les domaines. Les marques qu’on trouve en magasin sont toujours les mêmes, sur le streaming l’argent de notre abonnement est reversé sur une base d’agrégats statistiques qui font qu’un auditeur aux goûts éclectiques ne rapportera jamais d’argent aux artistes anonymes qu’il écoute par rapport à un fan inconditionnel du dernier tube d’un artiste en vogue qui l’écoute en boucle…<br /> Je trouve en revanche que les algorithmes ont cet effet pervers de propulser les plus grands toujours plus hauts, au détriment des autres. Je l’avais constaté sur iTunes il y a une quinzaine d’années, un proche a produit un titre qui était disponible à l’achat sur la plateforme. D’autres amis ont massivement acheté à sa sortie (jusqu’à plusieurs milliers d’euros dépensés) : le titre a rapidement atteint un TOP Ventes (je sais plus exactement lequel, j’avais pas iTunes) et là il a continué à grimper «&nbsp;naturellement&nbsp;» car il était visible de tous dès l’accueil d’iTunes.<br /> Je suis pas sûr en tout cas que ce soit sain d’utiliser en seul critère des KPIs qu’on peut biaiser avec un peu d’effort et présenter ça comme si c’était l’équivalent d’un bouche à oreille, alors que ça n’est absolument pas le cas. Il y a qu’à voir le nombre d’app pour lesquelles on compte comme «&nbsp;1 téléchargement&nbsp;» alors qu’en vrai on ne l’a utilisée qu’une fois.
Kriz4liD
Il y a tellement d éditeurs et tellement de devs indépendants…<br /> Apres , un éditeur ne se contente pas d une seule app en général, il en développe une demi douzaine , du coup oui ça peu rapporter
sebstein
En même temps, là où on avant, avant, des apps à 2-5 €, on a maintenant des abonnements à 10-20 € / mois…
Sodium
Le problème du marché mobile, c’est qu’on a habitué les gens à ne pas payer pour de la merde plutôt qu’à payer pour de la qualité. C’est assez fou que c’est gens qui mettent 1000€ dans un smartphone refusent de payer 5€ pour une appli ou un jeu.
youmetooandyou
t’as acheté quoi comme jeu ?
Sodium
Une petite dizaine de jeux indés. The Room, Gorogoa, Samarost… Très peu au final car 99.9999% des jeux disponibles sur mobile sont soit des free 2 play (et il est hors de question que je mette de l’argent là-dedans), soit injouable sur ce type de support.
jvachez
En même temps quand on voit qu’il faut payer minimum 1000€ pour acheter des crédits afin d’être compétitif beaucoup préfèrent désormais abandonner dès que l’obligation d’achat arrive.
MisterDams
Kriz4liD:<br /> Il y a tellement d éditeurs et tellement de devs indépendants…<br /> Apres , un éditeur ne se contente pas d une seule app en général, il en développe une demi douzaine , du coup oui ça peu rapporter<br /> Ça dépend, pour certains le business c’est pas de sortir «&nbsp;des&nbsp;» apps, c’est de faire tourner UNE app. Il y a des apps qui nécessitent des services entiers, voire toute l’entreprise elle-même… Pour la maintenir, la faire évoluer, la monétiser, gérer les éventuels infras qui vont autour (quand t’as de la synchro cloud par exemple).<br /> Et surtout, pour passer d’un «&nbsp;gus dans un garage&nbsp;» à un éditeur pléthorique, il faut souvent un premier succès pour financer les apps suivantes… ce qui nous ramène au sujet de la news : le premier succès est extrêmement difficile à obtenir (mais c’est aussi valable pour bien d’autres activités).
enrico69
'… Autant dire qu’il faut beaucoup de courage et d’inconscience pour espérer vivre du mobile aujourd’hui…"<br /> «&nbsp;Inconscience&nbsp;» ! Carrément ! Clubic…
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