Shopping en ligne : avez-vous besoin d'un clone numérique pour tester vos produits avant de les acheter ?

13 janvier 2024 à 09h23
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 Essayer des articles sans bouger de chez soi, l'avenir du commerce de détail ? © TSViPhoto / Shutterstock
Essayer des articles sans bouger de chez soi, l'avenir du commerce de détail ? © TSViPhoto / Shutterstock

Créer son jumeau numérique pour qu'il essaye des articles en ligne à votre place avant de les acheter : c'est l'idée un peu folle d'Emova, une startup française.

Le secteur de l'e-commerce et du retailing (commerce de détail) subit déjà de profondes mutations permises par la puissance de l'intelligence artificielle. Amazon utilise déjà des listes de proposition d'articles générées par IA afin que celles-ci correspondent au mieux aux préférences des acheteurs. L'acte d'acheter des produits en ligne est devenu banal, mais n'oublions pas qu'il était une réelle révolution dans les années 1990-2000. Aujourd'hui, la révolution se trouve certainement ailleurs, et Emova en a une vision toute particulière. Réinventer le shopping en ligne et transformer l'expérience de l'essayage en créant son clone numérique : utile ou dispensable ?

Le concept inédit de jumeau numérique

C'est Gaël Seydoux, ancien salarié d'Ubisoft et expert en 3D reconnu pour son travail sur de nombreux films, qui a fondé Emova à Rennes. La startup propose un service plutôt spécifique à ses utilisateurs. À partir d'un simple selfie, il est possible de se créer un avatar hyperréaliste. Celui-ci pourra ensuite être utilisé pour essayer de manière entièrement virtuelle une large gamme de produits. Une cabine d'essayage du futur, en somme.

Vous n'êtes pas certain que ce bijou soit adapté à votre visage ? Faites-le porter à votre jumeau pour voir le résultat avant de l'acheter. Ce sweat vous plaît, mais vous peinez à l'imaginer une fois sur votre dos ? Aucun souci, passez-le sur votre clone et vous vous ferez une idée. Bref, vous avez compris le principe, qui s'applique à une vaste variété de produits. Un procédé qui devrait théoriquement inciter davantage l'usager à passer à l'acte d'achat, à réduire la marge d'erreur lors de son choix et par conséquent à diminuer les retours d'articles.

 Une modélisation plutôt réaliste des avatars, mais qui n'échappe toujours pas à la théorie de "l'uncanny valley"  © Capture d'écran / Emova.me
Une modélisation plutôt réaliste des avatars, mais qui n'échappe toujours pas à la théorie de "l'uncanny valley" © Capture d'écran / Emova.me

Impact international d'Emova

Emova a déjà convaincu au-delà des frontières françaises, puisque la startup a été sélectionnée lors du K-startups Challenges en Corée. Un concours très renommé ou pas moins de 1 900 entreprises issues de 108 pays différents participent. Parmi les 60 sélectionnées, Emova a été la seule entreprise française à avoir retenu l'attention.

Cette reconnaissance témoigne bien d'un attrait croissant des entreprises pour de nouvelles solutions technologiques pensées pour soutenir et accompagner l'acte d'achat. Le contexte économique actuel est toujours caractérisé par une expansion constante de l'e-commerce au niveau mondial. Amazon, par exemple, reste toujours le site d'e-commerce le plus visité dans l'Hexagone en 2023.

On ne pourra pas retirer à Gaël Seydoux et à Emova le caractère innovant de leur démarche. Dans un avenir pas si lointain, il est possible que ces avatars numériques s'intègrent parfaitement dans nos vies quotidiennes et soient entièrement normalisés. Toutefois, une telle innovation soulève des questionnements d'ordre éthique qu'il ne faudrait pas balayer d'un revers de main. Externaliser l'expérience de l'essai de produits en la confiant à une représentation numérique de nous-même est un acte flirtant doucement avec une certaine forme d'aliénation. L'hyper-personnalisation du shopping comme le propose Emova est une prouesse technique, mais elle pourrait très bien contribuer à déshumaniser encore un peu plus l'acte d'achat. Une commodité supplémentaire, mais à quel prix ?

Source : Emova

Camille Coirault

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