Plus de 80 % des jeux vidéo sur mobile disparaissent de la circulation au bout de 3 ans...

28 novembre 2023 à 07h17
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Arena of Valor © Level Infinite / Google Play
Arena of Valor © Level Infinite / Google Play

La longévité n’est pas le point fort des jeux mobiles : plus de huit sur dix ne survivent pas plus de trois ans. De fait, trois titres sur quatre génèrent leur pic de recettes au cours de la première année de parution.

La massification de l’usage des smartphones à travers le monde a fortement chamboulé le secteur du jeu vidéo, élargissant le panel de prospects à tous ceux ayant un téléphone portable. Rien qu’en France par exemple, presque trois Français sur dix jouent quotidiennement à des jeux vidéo, soit environ 17 millions de personnes. Forcément, ce gros gâteau suscite la convoitise et représente une importante manne financière ; et s’il y a énormément de candidats, peu survivent sur ce marché ultra-concurrentiel.

Des jeux abandonnés donc délaissés ou est-ce l’inverse ?

C’est la tendance dégagée par une étude d’Atomik Research pour SuperScale. Celle-ci rapporte que dans le développement de jeux mobiles, 83 % des productions disparaissent de la circulation au bout de seulement trois ans. De plus, 43 % des projets n’aboutissent même pas à la parution d’un titre.

Il n’est sans doute pas inutile de préciser que les jeux mobiles dégagent le chiffre d’affaires mondial le plus important du secteur : environ 93 milliards de dollars selon les données de Statista. C’est beaucoup plus que le segment des consoles, dont le CA atteint 56 milliards selon le même portail des statistiques. Quant au marché PC, il pèse 37 milliards d’euros par an environ.

Pour en revenir à la publication, elle précise que 76 % des titres génèrent le plus de revenus au cours de leur première année de parution ; ils sont 4 % à leur faire la deuxième année. En outre, la plupart des jeux sont rapidement abandonnés (à peine 5 % bénéficient d'un soutien au-delà de sept ans).

Sur mobile, l’absence de suivi sur le long terme est un phénomène d’ampleur : si 37 % des studios mettent à jour leurs productions les plus rentables chaque semaine, moins de la moitié proposent des mises à jour au moins mensuelles ; pas vraiment le meilleur moyen de maintenir l’intérêt sur le long terme…

Des développeurs sous pression

Le rapport se penche aussi sur les conséquences financières et humaines du taux d'échec élevé des jeux mobiles. Un tiers des studios a dû procéder à des licenciements au cours de 12 derniers mois, tandis que 40 % ont opté pour l'externalisation des tâches de développement au cours de la même période.

Pour les développeurs, cette situation se matérialise bien sûr par une insécurité directe en lien avec leur emploi, mais aussi par une baisse de motivation et une minimisation des risques au profit de l’aspect purement commercial.

De plus, tandis que 78 % préfèrent travailler sur de nouveaux titres, l’annulation des jeux (43 %, donc pas loin d’un sur deux) suscite de l'insatisfaction chez 30 % d'entre eux. La même proportion pense qu’il est très difficile de réussir dans les conditions actuelles du marché et considère que le secteur est trop concurrentiel.

Des joueurs mobiles moins prompts à sortir la CB ?

Jeux mobiles étude © SuperScale
Jeux mobiles étude © SuperScale

Le livre blanc de 18 pages au titre explicite de Good Games Don't Die (« Les bons jeux ne meurent pas ») suggère qu’il est possible de monétiser un jeu sur la durée et de conserver l’attrait des consommateurs malgré les années. Les auteurs parlent de Legacy Game Management, un « processus de rajeunissement des jeux qui semblent avoir connu leurs meilleurs jours ».

Le P.-D.G. du groupe, Ivan Trancik, soutient que la première baisse de dépenses par les joueurs relevée l’année dernière (- 5 % sur un an) marque un signal d’alarme pour l'industrie des jeux mobiles. Il rappelle que « les jeux mobiles les plus performants sont soutenus pendant des années » et argue que l’étude – basée sur des entretiens réalisés auprès de 500 développeurs de jeux au Royaume-Uni et aux États-Unis – donne les clefs pour comprendre l’avenir du marché et tirer son épingle du jeu.

Il n’allait bien sûr pas prétendre le contraire. Et si la volonté de proposer des jeux mieux suivis est sans doute louable, reste à savoir s’il existe une recette du jeu au succès intemporel capable de captiver, et surtout de soutirer les deniers de ses joueurs, pendant plusieurs années. De fait, certains titres perdurent et restent lucratifs malgré leur âge alors que les abonnements et autres achats in-app restent la vache à lait du secteur.

L'utilisation des smartphones est aujourd'hui quotidienne. Et si le monde du gaming ne cesse de se développer sur les différentes consoles, les jeux mobiles deviennent, eux, de véritables succès. Accessibles depuis le Play Store de Google et l'App Store d'Apple, ils s'adaptent donc facilement aux smartphones Android ou iOS. Le marché du jeu mobile est devenu tellement vaste qu'il peut être difficile de trouver ce qui vous plaît réellement.
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Sources : SuperScale, Statista

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Commentaires (8)

somoved
Je me pose une question (plusieurs mais c’est le même thème), qui aurait pourrait mettre un peu de relativisme.<br /> Les jeux du temps de la NES, on a les statistiques (pour les projets qui vont pas au bout c’est compliqué, comme pour les jeux mobiles d’ailleurs) ? Parce que je suis pas sur que la majorité des cartouches aient été présente pendant plus de 3 ans dans les étales.<br /> On peut se poser la même question pour les jeux sur les consoles de salon.<br /> On peut se poser la même question pour des logiciels (et la c’est l’hécatombe sur le taux de projet qui va jusqu’au bout je pense).<br /> Et enfin pour avoir deux petites comparaisons sur des projets d’un autre secteur serait aussi intéressant (une sur des projets à fort investissement, et l’autre sur des projets à faible investissement).<br /> Mais une chose est sur vu que le pic de revenu est dans la première année, si cela à rembourser l’investissement de base et permis de faire un peu de bénéfice pourquoi le bouffer avec de la maintenance ? Autant en faire un nouveau projet.
malak
C’est à relativiser car beaucoup de ces jeux sont des copies de jeux à succès, donc ils finissent où ils méritent.<br /> La copie est plus facile (et moins onéreuse) sur mobile que sur console.
hellcat1944
Oui les jeux étaient présents des années dans les étals. De plus, toutes les cartouches sont toujours trouvables d’occase et jouables encore aujourd’hui. Pour la plupart, les jeux étaient complets, travaillés et, surtout, se suffisaient à eux-mêmes. Rien à voir avec les jeux fast-food bardés de microtransactions pour pigeons qu’on se tape de nos jours.
somoved
hellcat1944:<br /> Oui les jeux étaient présents des années dans les étals.<br /> Vous êtes si sur de vous ? c’est pas le biais du survivant qui joue ?<br /> Les jeux «&nbsp;pourri&nbsp;» on crée un krash du jeu pourtant (avec E.T.) Krach du jeu vidéo de 1983 — Wikipédia<br /> hellcat1944:<br /> De plus, toutes les cartouches sont toujours trouvables d’occase et jouables encore aujourd’hui<br /> La part j’en suis sur c’est du biais du survivant, c’est pas une bonne chose de dire cela. C’est pas parce que l’échantillon restant est grand que la masse globale était similaire avant.<br /> Un exemple, il y a eu des centaines d’avions qui revenaient des campagnes de bombardement. C’est pas pour autant que vous auriez voulu voler dedans, vu le nombre qui sont parti au tas.<br /> hellcat1944:<br /> Pour la plupart, les jeux étaient complets, travaillés et, surtout, se suffisaient à eux-mêmes.<br /> Donc des jeux «&nbsp;fini&nbsp;» et «&nbsp;complets&nbsp;» c’est pas ce qu’il c’est toujours passé dans l’histoire du jeu. Mais encore une fois, je pense que c’est le biais du survivant et un peu de nostalgie qui joue, on ne retient pas les merdes moyenne, on ne retient que ce qui est bon, ou au contraire extrêmement nul. Et on est plus indulgent sur les jeux de notre enfance.<br /> Les souvenirs comme arguments c’est à coup sur le moyen, au mieux de déformer la réalité, au pire de se tromper sur la réalité. Il faut des statistiques, des chiffres tangibles pas une expérience ou un souvenir.<br /> malak:<br /> C’est à relativiser car beaucoup de ces jeux sont des copies de jeux à succès, donc ils finissent où ils méritent.<br /> La copie a toujours existé dans le jeu vidéo, et il me semble que souvent c’est pas pour leur succès effectivement.
laroux
ne pas oublier que le code est souvent réutilisé.<br /> un jeu est arrêter mais 80% de son code va servir pour faire un jeux similaire.
jvachez
Quelque part c’est logique. Au début les jeux sont intéressants et ensuite ça devient du farm quotidien des mêmes niveaux, les gens se lassent.
baazul
Perso maintenant je ne prends presque que des jeux premium que j’achète sur le téléphone, j’ai une overdose de toutes ces copies pay to win avec une évolution très lente.<br /> Au moins je ne serais pas embêté par les pubs ou bannières pour avancer plus vite. De plus les jeux consoles sont bien portés généralement sur le mobile comme dead cells, street of rage 4, Warm snow…
max6
La différence est que si aujourd’hui j’ai une NES en état de marche je peux encore jouer aux jeux vendus à l’époque qui n’avait ni DRM liées un serveur ni besoin d’un serveur pour fonctionner ni de problèmes liés à la mise à jour de l’OS ce qui n’est pas le cas avec les jeux en sur mobile de nos jours
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