Emmanuel LIBAUDIERE : Capital-IT face à la normalisation de la NetEconomie

02 avril 2001 à 00h00
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Organisateur de la conférence Capital-IT, dédiée au financement des start-up, Emmanuel Libaudière commente la normalisation que traverse la NetEconomie

JB - Monsieur Libaudière bonjour. Pour cette cinquième édition de Capital-IT, êtes vous fidèle à votre réputation d'entremetteur pour les start-up ?

EL - Tout à fait, à tel point que lors du dîner rassemblant les best 40s, nous avons été nommés « accélérateur de business » par l'un de nos partenaires. Je crois que c'est la vocation et la réalité de Capital-IT. Nous voulons être un catalyseur pour les jeunes pousses. Pour cette édition, nous avons analysé 204 sociétés, sélectionné 40 d'entre elles. Cette manifestation rassemble près de 620 personnes dont une forte proportion d'investisseurs. C'est une belle performance.

JB - Quel bilan tirez vous de l'édition précédente ?

EL - Il est encore un peu tôt pour faire un bilan de Capital-IT 4 qui s'est déroulé en novembre 2000. De plus, les cycles de financement ont tendance à se rallonger. Tous nos lauréats sont en train de terminer leur tour. les montants sont inférieurs à ceux qu'ils ont communiqué car les tours seront plus nombreux ; par contre, au total, les montant levés seront équivalents. Au lieu de donner 60 MF d'un coup, c'est plutôt deux fois 30 ou trois fois 20, pour que les investisseurs aient le temps de vérifier la validité du business model.

JB - Capital-IT a sélectionné beaucoup de projets technologiques ayant une forte composante logicielle. vous avez travaillé chez Oracle et Busines Object, quel est votre sentiment sur cette tendance ? Est-ce une nouvelle mode ?

EL - Je ne pense pas qu'il s'agisse d'une mode. C'est au contraire une évolution normale du marché. L'époque du "donnez moi 10 MF, j'ai une bonne idée" est révolue. Nous retournons à des fondamentaux de l'économie avec des concepts comme la qualité du service, la satisfaction du client, la valeur ajoutée ou la différenciation.

C'est donc assez logique qu'on est un retour à de la technologies de base : réseaux, infrastructures, logiciels, télécoms, outils systèmes, software plus vertical, des package de gestion verticalisés, etc... Ces projets sont de vrais développements technologiques, concrets, mesurables. Ça peut se vendre, se louer

JB - Les investisseurs sont désormais très exigeants sur la rentabilité à court terme. N'y a t'il pas une certaine mauvaise fois de leur part à exiger cela après avoir validé des projets dont la rentabilité ne pouvait pas être atteinte avant plusieurs années ?

EL - Je n'emploierai pas le terme de « mauvaise foi » mais certains jours on peut tout de même se poser des questions. Il est normal qu'un investisseur soit attentif à la rentabilité d'un projet, à sa capacité à générer du cash, à son plan de croissance. Après une période d'euphorie, les investisseurs sont redevenus un peu plus sélectifs.

JB - Après la rationalisation des start-up, pourrait-on imaginer une rationalisation parmi les investisseurs ?

EL - Je me permet de reformuler la question: y a t'il des investisseurs pérennes et des investisseurs qui ne le sont pas ? Je pense que oui. Clairement, le métier d'investisseur est un vrai métier qui nécessite des compétences.

Je pense que les fonds vont se spécialiser dans des domaines très précis, à la manière de Viventure avec l'opto-électronique.

JB - Le modèle du minitel ne semble plus laisser grand monde indifférent. On parle de micropaiements, de rééquilibrage entre opérateurs et éditeurs de contenu et services. Estimez vus que la neteconomie pourrait radicalement être modifiée dans les prochains mois ? pourrait-on imaginer un retour du BtoC ?

EL - Je suis en effet persuadé que nous allons assister à un retour du BtoC et que nous observerons une mutation de la neteconomie avec une remise en cause du « tout gratuit ». Le matin, quand je vais chercher une baguette chez ma boulangère, elle ne me la donne pas. On ne peut pas créer un environnement économique en partant de rien, y investir des milliards et des milliards sans réintroduire des paiements.

Je pense que d'ici la fin de l'année, fera payer 70% de ses services et Napster aura définitivement imposé l'abonnement.

Le tout est de savoir où placer le curseur pour créer de la valeur chez le client tout en gagnant de l'argent. Mais l'Internet gratuit va diminuer de manière très sensible et d'ici quelques mois, on reviendra à un modèle payant, et ça, fondamentalement, ça ne me choque pas du tout.

JB - Monsieur libaudière, je vous remercie.
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