Le Paiement électronique : Une affaire de confiance.

17 avril 2000 à 00h00
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La monnaie est presque aussi vieille que le commerce. Le troc entre 2 produits a disparu au profit d'une intermédiation financière, plus souple à utiliser mais très dépendante de la confiance de ses utilisateurs. Quel sera l'impact de l'Intenet sur cette

Le paiement, une affaire de confiance

Qui dit commerce électronique dit paiement sur internet. Avant tout, il faut revenir aux bases et distinguer clairement le transfert de richesse et le fait de donner l'ordre de ce transfert. On accepte un billet de banque parce que l'on sait que ce bout de papier peut nous donner un "pouvoir d'achat". De même, on accepte un chèque parce que l'on sait que la banque chez qui est situé le compte va nous transferer elle aussi un pouvoir d'achat. On pourrait résumer cela en deux formules :
- Donner de l'argent (pièce ou papier) à un commercant qui accepte cette monnaie
- Donner l'ordre à sa banque de transférer des fonds à la banque du commercant (Carte Bancaire ou chèque)Mais ce système est très fragile. Un billet d'un pays inconnu ou un chèque suspect et toute la confiance disparait. De plus, donner un ordre de paiement nécessite de payer une commission et ne peut se justifier pour les micro-paiements.On en revient à la question de la confiance et à la sécurisation de la transaction.

Paiement direct ou tiers de confiance?

Le tiers de confiance a un coût et n'est donc pas envisageable au dessous d'une certaine somme. Tout comme on distingue le P.M.E. (porte monnaie électronique) de la carte bancaire (qui nécessite une validation de la part de la banque), on est amené à envisager des solutions directes pour les micros paiements et des solutions sécurisées à partir d'une certaine somme. Néanmoins, il ne faut pas oublier que le Web bouleverse l'intermédiation en la rendeant moins cher et le coût de la certification chute à mesure que se développent le cryptage. Plus une solution est sécurisée, plus le coût de l'intermédiation chute et plus elle est envisageable pour les micro-paiements.

Des solutions incomplètes

A l'heure actuelle, on peut distinguer 3 types de solutions :
- SSL(Secure Socket Layer), SHTTP(Secure Hypertext Transfer Protocol) : Solutions essentiellement logicielles, elles permettent de crypter l'envoi d'un formulaire contenant des informations sur votre carte bancaire vers le commercant. Rien n'indique que la carte n'est pas volée et le commercant peut très bien s'amuser à revendre la liste de numéros de cartes à moins qu'il ne se fasse tout simplement pirater son PC. Cette solution coûte cher en assurance et ne sécurise que le transfert de données. Un client victime d'un détournement de carte bancaire peut très bien se faire rembourser car la banque ne peut pas prouver qu'il a été à l'origine de la commande (pas d'authentification)
- SET (Secure Electronic Transaction) : Soutenu par le groupement Visa, SET est dédié à la sécurisation des moyens de paiement. Son intérêt est de pouvoir authentifier le commerçant et de lui certifier l'existence d'un client solvable (ce dernier doit installer un logiciel de certification sur son ordinateur). Mais il n'est toujours pas possible de certifier que c'est bien le propriétaire de la carte qui donne l'ordre de paiement et la répudation est toujours possible.
- CYBER-COMM : Soutenu par l'ensemble des banques françaises et s'appuyant sur les cartes à puce, le groupement CyberComm est capable à distance d'identifier un utilisateur (code à 4 chiffres), d'authentifier sa carte et de la certifier (signature électronique). Son principal intérêt et donc d'éviter le risque de répudation puisque, à priori, seule le propriétaire de la carte est en mesure de connaître le code exact à 4 chiffres. Cette disposition technique, propre aux cartes à puce, devrait donc s'avérer plus compétitve pour les organismes financiers. Par contre, sa mise en place est limitée aux pays européens (pas de pucs aux Etats Unis) et la question du coût d'achat du boitier pour lire la carte est toujours en suspends...

Comment gérer les micro-paiements ?

Dans l'absolu, l'idéal serait de pouvoir tout payer par carte bancaire. Mais le coût prohibitif réclamé par certains intermédiaires financiers rend cette solution non rentable en dessous d'un certain montant. Dans une boutique normale, un commercant hésite souvent à accépter la CB pour un montant inférieur à 100 frs car il doit souvent reverser une commission de l'ordre de 2frs. Heureusement, il existe l'argent liquide ou les portes monnaies électroniques (qui ne nécessitent pas de certification pour délivrer de l'argent...). Mais sur le Web, on ne peut pas payer avec un billet de banque. De toute façon, il existe bien trop de devises pour qu'un commerçant se lance sur un tel marché. Mais le besoin est réel car le web sera sûrement un espace de développement fantastique pour les micro-paiements : musique, logiciels, applications, articles, jeux, etc...On pourrait imaginer de payer 10 à 20 centimes la lecture d'un article par exemple, ce qui permettrait de se passer de publicité.

La solution passe donc par un porte monnaie virtuel géré par un intermédiaire financier alternatif tel qu'un opérateur téléphonique internet ou mobile. Ce dernier n'a pas besoin de certifier la solvabilité du client puisqu'il lui envoie directement une facture. Mais cete solution, proposée par les banques elles mêmes, qui ne veulent pas baisser leur commission auprès des marchands traditionnels, pourrait bien les cannibaliser. En effet, pourquoi passer par une banque si un opérateur sait facturer mes consommations ? C'est dans cette brêche que s'engouffrent des sociétés comme NetToll ou iPin afin d'autoriser les micro paiements et leur facturation par les opérateurs. Déjà SFR travaille à transformer ses téléphones en véritables portes monnaies, court circuitant au passages les institutions bancaires. Dès lors, la seule question est de savoir si sur l'Internet, les internautes seront prêts à payer de nouveau, après avoir été habitués à des centaines de services 100% gratuits ...
Jérôme BOUTEILLER 1999
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