BMW Série 3, Peugeot 308, Renault Mégane... les hybrides rechargeables polluent 3 fois plus qu'annoncé

Maxence Glineur
Publié le 09 février 2023 à 14h45
© Peugeot
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Des tests effectués sur ces trois modèles révèlent qu'ils ont un impact plus important que mesuré sur l'environnement, ce qui n'est pas sans rappeler l'affaire du Dieselgate en 2015.

Les véhicules hybrides constituent une solution à moyen terme pour réduire les émissions de CO₂ des flottes de véhicules. Comme leur motorisation s'intègre plus facilement aux châssis déjà existants qu'une motorisation tout électrique, ils font l'objet de nombreuses subventions de la part des gouvernements. Mais, la réalité sur le terrain remet en cause les principaux avantages qui leur sont attribués.

Des mesures en deçà de la réalité

L'ONG belge Transport & Environment (T&E) a commandé une étude portant sur trois modèles hybrides rechargeables populaires : la BMW Série 3, la Peugeot 308 et la Renault Megane. Ils ont été testés à la fois en ville, en mode tout électrique, mais aussi sur de longs trajets autour de Graz, en Autriche. Les résultats sont sans appel : leur autonomie 100 % électrique ne répond pas aux besoins des conducteurs et aux promesses des constructeurs, et leur consommation de carburant peut augmenter de manière significative.

En effet, ces véhicules intègrent pour beaucoup une fonction de sauvegarde de la batterie, permettant d'avoir une charge complète une fois en ville en n'utilisant que le moteur à combustion. L'avantage est de pouvoir rouler exclusivement en mode électrique dans les zones urbaines où les véhicules à essence sont progressivement bannis. Cependant, l'étude révèle que les capacités des batteries sont bien souvent trop faibles pour garantir une conduite sans émissions. Elle pointe notamment du doigt le modèle de BMW, qui a dû allumer son moteur à plusieurs reprises lors de tests en ville.

De plus, la possibilité de recharger les batteries avec le moteur pendant la conduite implique que la consommation de carburant est plus importante comparée à une utilisation plus classique. Cette particularité n'étant pas considérée dans les mesures officielles affichées par les constructeurs, les véhicules émettent plus de CO₂ que prévu, ne déplaçant ainsi le problème de la pollution qu'en dehors des centres-villes.

© Transport & Environment
© Transport & Environment

De nombreuses subventions qui ne devraient pas être destinées aux hybrides

Ces mesures irréalistes permettent aux constructeurs automobiles de bénéficier des avantages financiers offerts par les gouvernements. T&E estime que ceux-ci se chiffrent en milliers d'euros par hybride rechargeable vendu. Cela représenterait 6 900 euros pour Renault, 8 200 euros pour BMW, et jusqu'à 9 300 euros pour Stellantis, société mère de Peugeot. En outre, les États européens ont subventionné ces véhicules à hauteur de 350 millions d'euros pour la seule année 2022, l'Allemagne en étant le principal contributeur.

L'ONG poursuit en affirmant que si les émissions réelles de ces véhicules étaient prises en compte, les constructeurs seraient contraints de vendre 247 000 véhicules 100 % électriques afin de réduire les émissions de leur flotte et d'éviter ainsi de payer des amendes pour forte pollution. Plus encore, les hybrides rechargeables limiteraient la vente de véhicules électriques, et détourneraient ces subventions d'autres alternatives moins polluantes, voire du développement des réseaux de transport en commun.

En 2020, T&E avait déjà commandé une étude similaire pour des modèles de Volvo et Mitsubishi, et les conclusions étaient les mêmes. Elle a établi une série de recommandations à destination des gouvernements pour atténuer ce problème. Dans l'ensemble, elle demande que les véhicules hybrides ne soient plus considérés comme exempts d'émissions, même en électrique pur, tout en limitant les subventions qui leur sont attribuées. Elle pointe aussi du doigt les entreprises qui, pour bénéficier d'avantages fiscaux, ont augmenté la part des hybrides dans leurs parcs, sans jamais recourir aux moteurs électriques intégrés qui ne disposent pas d'une autonomie suffisante.

Cette étude fait écho à une déclaration du P.-D.G. de Toyota qui encourage l'hybridation plutôt que l'électrification immédiate. De plus, cette affaire n'est pas sans rappeler le Dieselgate, qui avait mis en lumière les émissions sous-estimées de véhicules de la marque Volkswagen. La tendance semble persister chez plusieurs constructeurs automobiles, détournant ainsi des fonds censés aider la transition énergétique.

Source : Electrek

Par Maxence Glineur

Geek hyper connecté et féru de podcasts, je suis toujours en train de lire ou écouter des points infos en tout genre. Entre histoire, tech, politique, musique, jeux-video et vulgarisation scientifique : toute l'actualité (ou presque) attise ma curiosité. Sinon, j'aime le rock et le lofi, les game-nights toujours trop longues, les bons films et les nanards.

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Commentaires (10)
Stef_R

Après le DieselGate, l’EcoloBoboGate

shakaw

Les écolo n’ont jamais été en faveur de l’hybrid. C’est plus un truc de capitaliste.

Philippe98800

Ils polluent 3x plus que prévu, ne signifie pas qu’ils polluent plus qu’un diesel ou une essence.
L’article est clair, tout dépend des circonstances, de la circulation…
Tirer une conclusion à partir d’un test sur 3 véhicules de qq heures : voilà une étude brillante !
Prochain article de cette organisme : je remplis moins le coffre de la 3008 quand j’y mets la roue de secours

Loposo

Pas de bobo, juste des politiques qui donnent des subventions et encouragent sans faire des mesures par des organismes indépendant.
Mais pas surprenant sans parler de combien de gens rechargent réellement les batteries sur des gros 3008 donc au final on tire une masse inutile.
Pas de miracle si on souhaite moins consommer des voitures moins lourdes donc plus petites moins d’équipements inutile, moteurs plus petit, Ou alors il y a encore le gpl

Fathzer

C’est un truc lu mille fois. Les hybrides rechargeables utilisés hors de ce pour quoi ils sont faits polluent plus qu’un essence. Je ne vais pas pour autant crever les pneus de mon voisin qui recharge le sien tous les jours et ne roule à l’essence que sur autoroute…
Le problème, c’est surtout l’interface siège-volant …

Stef_R

Le souci, c’est qu’il y a des choses étranges. J’ai une voiture diesel du groupe VAG. La concession l’a réglé selon les nouvelles directives suite au DieselGate. Résultat des courses consommation augmentée de 10%. Il faudra m’expliquer comment on pollue moins en consommant plus.

toast

C’est pas nouveau que ces hybrides sont optimisées pour les procédure de test. Ça rentre pile dans les cases des conditions de test, pas d’utilisation.
La seule utilité que peuvent avoir les valeur de consommation et de pollution de ces véhicules, c’est pour faire un comparatif entre elles, certainement pas pour avoir une idée de l’impact réel qu’elles ont sur l’environnement.

Werehog

Les chiffres avancés pour les hybrides rechargeables sont complètement faux ? Quel scoop je suis tombé de ma chaise :joy:

cpicchio

Après, 50 grammes de CO2 mesurés dans la vie réelle pour la Megane, c’est largement mieux qu’une Megane uniquement thermique.

Oui, c’est au dessus du cycle d’homologation mais c’est un peu le jeu et cela n’a rien à voir avec le diesel gate (soft qui détectait un cycle d’homologation pour changer les paramètres du moteur et afficher de manière artificielle de très bons résultats).

Et non, ce n’est pas une bonne idée d’augmenter la capacité des batteries car le poids va faire augmenter la consommation en Essence qui arrivera de toutes les façons très vite dans les longs trajets.

Dans cette phase de transition vers le tout électrique (et avec les ZFE), pour les véhicules de taille moyenne (ou plus), l’hybride reste quand même la meilleure des réponses pour le consommateur.
Pour les citadines, là par contre, l’électrique semble préférable (technologie plus simple et confort à l’usage) et l’augmentation des prix des petits véhicules thermiques va faire basculer le marché.

MattS32

Le problème avec les hybrides rechargeables, ce n’est pas que les chiffres sont truqués (ils sont bien conformes au protocole de mesure, sans tricher comme c’était le cas avec le diesel gate, où le soft des voitures détectait le test et se mettait alors dans un mode dégradé moins performant mais consommant moins). Le problème c’est les utilisateurs qui ne comprennent pas que dans « hybride rechargeable » il y a « rechargeable »…

Forcément, quand on utilise une hybride rechargeable comme une hybride classique, ce qui est notamment le cas pour beaucoup de véhicules de société/de fonction parce que l’employeur ne fournit que la carte carburant, pas de moyen de recharge, ni de remboursement des recharges à domicile, ça consomme comme une hybride, voire un peu plus à cause du poids (mais cela dit, quand même moins qu’une thermique pure… même en faisant x3 sur une Mégane PHEV par exemple, on arrive à 4.8 l/100 km, ce qui reste nettement moins que la version essence).

Du coup, il y a forcément une très forte variabilité des consommation réelle en fonction de la façon dont on l’utilise et la recharge. Sur un thermique pure, la variabilité en fonction de l’utilisation est relativement contenue, le gros des utilisateurs vont être dans une fourchette de -10 à +50% par rapport aux consommation WLTP, alors que sur une PHEV, ça va plutôt aller entre -90% et +300% (voire plus !).

Par exemple, de mon côté, en faisant grosso modo 40% de trajets inférieurs à 50 km, 50% de trajets supérieurs à 600 km et 10% entre les deux, j’arrive à une consommation de 2.5 l/100 km, soit +67% par rapport aux 1.5 l/100 km WLTP. Mais malgré ce +67%, ça reste TRÈS inférieur à ce que j’obtiendrai avec n’importe quelle autre voiture thermique pure ou hybride simple d’habitabilité équivalente…

Mais un collègue avec exactement la même voiture, qui l’utilise quasi exclusivement pour ses 2x15 km de trajet quotidiens pour le boulot, parce qu’il a une autre voiture qu’il privilégie pour les longs trajets, il tombe à 0.3 l/100 km de moyenne, soit -80% par rapport à l’homologation WLTP… Un truc que personne n’arrive à faire avec une thermique pure ou une hybride simple, on peut arriver à consommer un peu moins que les mesures WLTP, mais jamais à ce point (en théorie, sur un PHEV on peut même arriver à -100%, s’il n’impose pas une utilisation minimale du moteur thermique… les Renault imposent par exemple de consommer au moins 10 litres d’essence sur 3 mois, donc pas possible de rester à 0 l/100 plus de 3 mois…).

Il faudrait que les avantages fiscaux liés aux PHEV soient conditionnés à l’utilisation effective de la recharge, mais ça serait compliqué à mettre en place…

Et surtout, la règle de calcul de consommation WLTP devrait être différente. Aujourd’hui elle correspond à une utilisation en gros à 75% en électrique, 25% en thermique pour un véhicule ayant 50 km d’autonomie électrique (la part d’électrique dans le calcul augmente en fonction de l’autonomie). C’est une valeur valable pour certains, mais pas du tout pour d’autres… Il faudrait donc donner en plus les mesures WLTP en mode « hybride simple », donc en démarrant le cycle WTLP avec une batterie vide, pour donner la consommation dans le « pire » des cas, ainsi que des valeurs indicatives pour des trajets mixtes de différentes longueur effectués en partant batterie pleine. Par exemple, trois trajet de référence qui commenceraient par les trois cycles WLTP « lent », « moyen » et « rapide », termineraient avec un « rapide », un « moyen » et un « lent » et intercaleraient entre autant de cycles « très rapide » que nécessaire pour atteindre 250, 500 et 750 km de trajet total. On aurait alors que mesure réaliste des consommations sur des trajets longs.