Virgin Galactic et Richard Branson s'envoleront dans l'espace, avant Bezos, le 11 juillet

Eric Bottlaender
Par Eric Bottlaender, Spécialiste espace.
Publié le 02 juillet 2021 à 12h10
Chaussures brunes pour les pilotes, bleues pour les passagers. Seyant, non ? © Virgin Galactic
Chaussures brunes pour les pilotes, bleues pour les passagers. Seyant, non ? © Virgin Galactic

La course des milliardaires de l'espace atteint son paroxysme. Dans une dernière tentative pour dépasser Blue Origin, Virgin Galactic a prévu un vol de son avion fusée le 11 juillet avec quatre passagers à son bord. Parmi eux, on trouvera l'emblématique fondateur de l'entreprise, Richard Branson.

Il n'y a plus qu'à attendre la prochaine annonce !

Premier à tout prix

Les rumeurs devenaient insistantes depuis quelques jours, d'autant que la puissante FAA (Federal Aviation Administration) a donné son feu vert vendredi dernier à Virgin Galactic pour que des passagers puissent embarquer à bord de son avion fusée. Une bonne nouvelle pour le cours en Bourse…

Et c'est tout ce qu'attendait Richard Branson pour pousser ses équipes et tenter d'atteindre la frontière de l'espace avant son seul concurrent direct, Jeff Bezos et sa capsule New Shepard. Ce 2 juillet, dans une vidéo promotionnelle parfaitement préparée, le milliardaire fondateur de Virgin Galactic annonce qu'il prendra part à un vol suborbital avec deux pilotes et quatre passagers prévu le 11 juillet.

Une montée, une descente et un coup d'œil sur la Terre

Comme pour les trois autres vols d'essai à la frontière de l'espace qu'a réussi Virgin Galactic jusqu'ici (décembre 2018, février 2019 et mai 2021), l'avion fusée VSS Unity sera d'abord transporté sous l'aile centrale de son avion porteur le VMS Eve. Il s'engage sur un « circuit » jusqu'à une altitude d'environ 15 kilomètres et un axe particulier au-dessus du Nouveau Mexique, puis largue Unity.

Ce dernier allume alors son moteur et accélère, puis bascule à la verticale pour grimper jusqu'à environ 90 kilomètres d'altitude. Dès l'extinction de la propulsion, tous les passagers de la cabine sont en impesanteur, pour environ 5 à 6 minutes. L'avion utilise ensuite son système de queue pivotante pour rentrer dans l'atmosphère et se diriger vers la piste du Spaceport America, où il se pose en planant.

Du monde dans « l'espace »

Les deux pilotes de l'avion fusée, Dave Mckay et Mike Masucci, sont déjà expérimentés, et la responsable des astronautes de Virgin, Beth Moses, fera elle aussi son deuxième vol. Elle pourra aider et préparer les trois autres participants qui occuperont les places arrière. Il s'agit du sémillant Richard Branson, de l'ingénieur principal Colin Bennett et de la vice-présidente des opérations avec le gouvernement et des expériences, Sirisha Bandla. L'aventure d'une vie pour une partie de l'équipage et le milliardaire en particulier, même s'il s'agit encore officiellement d'un vol de test avant l'arrivée de passagers « commerciaux » au sein du petit avion fusée.

Prêts à prendre tous les risques pour cette vue ? © Virgin Galactic
Prêts à prendre tous les risques pour cette vue ? © Virgin Galactic

Il faut noter que même si tout se passe bien, il y aura probablement une petite polémique entre ce vol et celui de New Shepard (embarquant Jeff Bezos, son frère Mark, Wally Funk, un très riche passager et potentiellement deux autres participants).

En effet, New Shepard dépasse la Ligne de Karman, fixée à 100 kilomètres d'altitude et qui fait généralement office de frontière de l'espace internationalement. L'avion fusée de Virgin Galactic, lui, se contente de franchir la frontière des « 50 miles » (un peu plus de 80 kilomètres) qui fait référence aux États-Unis et donne droit à ses Ailes d'astronaute. Sur le plan de la physique, il y a bien peu de différence, mais dans cette aventure, le prestige et la communication sont des éléments piliers.

Source : Virgin

Par Eric Bottlaender
Spécialiste espace

Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser vos questions !

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_Troll

Il n y a pas que l altitude, il faut aussi voir combien de temps ils vont rester avant de redescendre. Je me suis toujours demander pourquoi les fusees ne decollent pas a partir d une tres haute montagne.

malak

Les gains seraient minimes… et au niveau logistique une vraie catastrophe…

Fulmlmetal

Parce que le gain est infime. Ce n’est pas 2 ou 3km qui change grand chose à un lancement qui doit atteindre les 180km au minimum et les 36000km au maximum. Qui plus est, en montagne, il y a les problèmes lié au froid, aux vents, à l’accès. Il est en fait bien plus interessant de lancer proche de l’équateur pour bénéficier d’une meilleure force centrifuge. Pour une mise en orbite, la vitesse est l’un des paramètre les plus importants.

nicgrover

Je commence à comprendre pourquoi mon abonnement Virgin Media pour Internet n’arrête pas d’augmenter en Irlande… Il faut bien que Richard (c’est le cas de le dire…) se paye ce luxe…

Droz

Je pense que le tourisme spatial restera dans l’histoire comme un symbole de tout ce qui n’allait pas à notre époque.
Un incroyable gâchis de ressources et toujours plus de pollution pour remplir le puits sans fond de l’égo des boomers milliardaires.
On ne peut que leur souhaiter le destin d’Icare.

sirifa

Le symbole serait plus le tourisme de masse en avion.

F4FEnder

L’emprunte carbone doit-être absolument catastrophique pour un vol de quelques minutes avec très peu de passagers.
C’est un luxe qui ne devrait pas être permis car nous vivons tous ensemble et ce genre de caprice n’a plus sa place au 21eme siècle.

Bibifokencalecon

Pour le moment, ce sont des vols suborbitaux pour un très bref passage en apesanteur (et quelques minutes à observer l’espace / la Terre). Une énorme dépense d’énergie pour cela.

Virgin Galactic (Richard Branson), Blue Origin (Jeff Bezos), SpaceX (Elon Musk). 3 compagnies privées soutenus par des milliardaires avec des stratégies technologiques différentes :

Virgin Galactic : avion-fusée accroché à un porteur
Blue Origin : lanceur réutilisable (décolle et atterrit verticalement)
SpaceX : lanceur réutilisable (décolle et atterrit verticalement)

Et à l’heure actuelle, ce sont respectivement SpaceX et BlueOrigin qui sont réellement dans cette course. Virgin Galactic commence à être distancé par leur choix initial technologique. Et seul SpaceX a réussi le programme de la NASA pour ses lanceurs et capsules pour les vols orbitaux. Et ce n’est pas une mince avance.

cowbaye

Ce sont des beaufs, tout simplement.
Dépenser autant de ressources et de pognon pour qu’une poignée d’imbéciles se sentent ENFIN réellement au dessus de tout le monde est totalement ridicule !

ultrabill

Un lancement SpaceX serait l’équivalent de 4 aller-retour Londres/New-York en Boeing 747.
EEIP: Quelle est l’empreinte carbone des voyages dans l’espace ? (ee-ip.org)

C’est beaucoup mais honnêtement je m’attendais à bien pire.