Streaming : pourquoi Disney+ pourrait bientôt perdre des contenus originaux

Mathieu Grumiaux
Par Mathieu Grumiaux, Expert maison connectée.
Publié le 06 février 2023 à 15h15
© JOCA_PH / Shutterstock
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La stratégie du « tout streaming » semble prendre fin pour le studio américain, après les pertes abyssales engendrées par Disney+.

L'âge d'or du streaming semble définitivement derrière nous. Si les plateformes ont pu apparaître un temps comme un eldorado pour les majors américaines, le retour sur Terre est maintenant bien engagé.

Des investissements massifs qui peinent à être rentabilisés

Tous les grands noms de la SVOD ont changé de braquet en quelques mois. Netflix propose aujourd'hui une offre avec publicité, ce qui était impensable il y a encore quelques années, tandis qu'Apple TV+ ou Amazon Prime Video a augmenté leurs prix pour supporter des dépenses de production toujours plus importantes.

Du côté des studios, qui se sont rapidement convertis au streaming vidéo, la situation est tout aussi contrastée. LionsGate+, la plateforme du studio éponyme connu aussi sous son ancien nom Strazplay, va fermer ses portes dans plusieurs pays européens, dont la France, le 31 mars 2023. HBO Max, lui, ne se lancera pas en Europe, la faute à un démarrage jugé trop coûteux et une nouvelle stratégie d'entreprise pour le groupe Warner Bros Discovery.

Le prochain à revoir ses objectifs n'est rien de moins que le studio Disney, qui pourrait, à son tour, mettre le holà sur sa plateforme Disney+ et repenser la manière dont il distribue ses contenus. En effet, Disney a subi une perte de 1,5 milliard de dollars due aux couts de production des programmes destinés au service de streaming.

Disney veut ouvrir son catalogue à d'autres acteurs de l'audiovisuel

Selon les informations de Bloomberg, le nouveau directeur général de Disney, Bob Iger, souhaiterait désormais proposer une partie des contenus produits par ses studios, sur des plateformes concurrentes. En ce sens, le dirigeant suit la trajectoire tracée par Warner Bros Discovery, qui a annoncé des partenariats avec d'autres acteurs pour récupérer de l'argent sur ses contenus les plus forts. Ce sera le cas en France, où les programmes HBO seront accessibles grâce à un abonnement supplémentaire sur Amazon Prime Video.

Il est probable que Disney se garde ses plus grosses cartouches, à savoir les œuvres dérivées des univers Star Wars et Marvel. Disney pourrait aussi vendre des films et séries plus adultes ou moins grand public, comme les différentes licences issues du catalogue de la 20th Century Fox, et aujourd'hui incluses dans l'onglet Star, ainsi qu'une partie de son back-catalogue, comme certains programmes d'animation.

Bob Iger souhaiterait également se recentrer sur les salles de cinéma. Durant le règne de son prédécesseur, Bob Chapek, Disney avait réservé la sortie de plusieurs films d'animation Disney et Pixar à la plateforme de streaming, avec un succès relatif, et un manque à gagner certain pour des films dont les coûts de production dépassent allègrement les 150 millions de dollars par long-métrage.

Bob Iger serait enfin en train de réorganiser l'entreprise, pour laisser plus de place aux créatifs dans la prise de décisions, et aurait supprimé la division Disney Media and Entertainment Distribution. Cette division avait été mise en place par son prédécesseur, et affectait les budgets de tous les projets du groupe prévus pour Disney+.

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7.7 / 10

Il était très attendu et ne déçoit pas. Disney+ n'est pas un rival de Netflix, mais une offre complémentaire, tournée particulièrement vers les enfants (petits et grands) et plus largement vers la famille. L'univers Star, quant à lui, commence à porter ses fruits en proposant de plus en plus de séries originales ou exclusives. Dommage en revanche que le service ne cesse de perdre des fonctionnalités et de gagner des contraintes.

Les plus
  • Les classiques Disney au même endroit
  • Des séries exclusives Marvel, Pixar et Star Wars
  • Un prix raisonnable (sauf en 4K)
Les moins
  • Manque de cohérence entre les univers
  • Un calendrier de sorties aléatoire
  • Des suppressions d'œuvres de manière inopinée

Source : Bloomberg

Par Mathieu Grumiaux
Expert maison connectée

Grand maître des aspirateurs robots et de la domotique qui vit dans une "maison du futur". J'aime aussi parler films et séries sur les internets. Éternel padawan, curieux de tout ce qui concerne les nouvelles technologies.

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Ccts

En fait ça parait assez logique. A terme certaines plateformes vont disparaître mais créeront du contenu qui sera vendu aux autres plateformes. Le marché va se resserrer car il n’y a pas assez de place pour tout le monde.

madforger

Les plateformes c’est fini, enfin pas pour tout de suite, mais leur modèle économique est mort. Seul un modèle avec des droits de diffusion, et de multiple ventes en matériel (dvd, bluray, coffet…etc) est réllement rentable. Jamais une production de plateforme ne pourra générer par exemple les 2 milliard de dollars de recette d’Avatar 2, et rren qu’au cinéma, si on rajoute les produits derivés et autres droits de diffusion ce chiffre va facilement doubler voir tripler.

ultrabill

En d’autres termes : trop d’offres tue les offres.

MqcdupouletBasquez

Les plateformes, ça marche très bien, ça permet d’avoir 8-20€/mois par client, c’est plus rentable que les films sur supports physique.

Simplement, trop de plateformes en place font que ça fait perdre un potentiel de clients.
rajouté à ça des comptes pirates et partagés, ça coince à un moment ou à un autre.

Avatar et compagnie, pour leur rentabilité, c’est en effet le cinéma mais aussi et surtout les produits dérivés.

Yorgmald

Il serait plus logique de tout regrouper en deux ou trois plateforme maxi.
Une seule n’est pas possible pour raison de monopole, mais deux ou trois c’est bien.
Il était logique aussi que le client ne prendrait pas autant d’abonnement qu’il y a de plateforme, ils ont voulu être gourmands et ils se plantent en nous laissant se demander si des fois ils réfléchissent vraiment sur l’avenir de leurs actions.
En soit l’idée de Netflix était bonne et il faudrait donc revenir à ça, peu de plateformes avec un très gros catalogue, un abonnement peut être un peu plus onéreux mais raisonnable quand même qui permet de faire un gagnant/gagnant de tous les côtés.

kplan

Quand les contenus quittent les plateformes leaders pour se retrouver dans un abonnement supplémentaire, ça la fout mal. J’ai déjà vu des films « Amazon Exclusive » quitter Prime pour une autre plateforme et franchement, ça me fout en pétard leur petit business entre distributeurs.
C’est quand même pas la faute aux clients si des contenus ne sont pas rentables mais à ceux qui ont signé le contrat de partenariat. Mais après c’est à nous d’en subir les conséquences en devant payer plus pour voir autant.
En attendant, on paye autant pour avoir moins. Génial.

vonkar

sauf que 2 milliard c’est pas pour le film : vous payez les cinema, les transporteurs, etc.
Alors que le streming une fois sur la plafforme c’est partie.
Le seul probleme c’est effectivement qu’avoir 1 ou 2 diffuseurs a 10 euro ca le fait, en avoir 20 c est impossible.

jlbiset

Je pense que les plateformes préparent la prochaine étape, celle où il devront cofinancer, ou louer, les infrastructures réseaux. Il ne faut pas oublier que la video utilise 80% de la bande passante internet…

g-m1n1

Proposer ses films sur le gqand écran et après sur Disney+ fait commercialement plus de sens. Il y a qu’à voir le succès d’Avatar et des Marvel…
Je ne me fais pas de soucis poour Disney, Netflix, Amazon ou Apple qui ont les reins solides, mais certaines plateformes (Salto, Peacock…)vont fermer car ça leur coute trop cher…

Je trouve la stratégie de Sony très intéressante: ils savaient qu’ils ne pas pouvoir concurrencer les gros et vendent leurs séries et films au plus offrant (TLOU sur HBO, The Boys ou God of War sur Prime, The After Party/For All mankind sur AppleTV ou encore Better Call saul sur Netflix…).

Ils ont aussi créé/acheté plusieurs plateformes spécialisées dans l’anime/manga et vendent le tout sous la bannière Crunchyroll. Ils visent un marché de niche où il sont bcp plus à l’abri des gros acteurs. Ils ont annoncé avoir franchi les 10 millions d’utilisateurs payants sur cette plateforme.

Laurent_SFN

C’est une décision très sage. On sentait déjà arriver l’implosion du marché avec chaque studio créant sa propre plate forme, ses contenus exclusifs…et le consommateur final finit par s’y perdre car il ne peut pas s’abonner à tout ni tout regarder.

De plus, j’ai l’impression que l’ancien boss avait parié un peu trop vite sur les conséquences de l’épidémie de COVID, pensant que les gens ne sortiraient plus jamais de chez eux, que les cinémas c’était du passé, d’où une stratégie misant sur le streaming.

Par contre ça serait une erreur si ils décidaient de se séparer de leur back-catalogue, c’est selon moi le principal intérêt de la plate-forme, bien loin derrière leurs nouveaux contenus exclusifs qui sont loin d’être des chefs d’oeuvre pour la plupart