Près d’un an après son introduction, Salto ne parvient pas à trouver son public et à s’imposer face à la concurrence.
Les chiffres réels ont été dévoilés, et ils sont loin d’être bons. La plateforme de SVOD fait deux fois moins que ses objectifs initiaux.
Des chiffres décevants
On s’en doutait, Salto ne rencontre pas le succès escompté. Lancée en octobre 2020 suite à un accord entre TF1, M6 et France Télévisions dans l’optique de concurrencer Netflix et consorts, la plateforme de SVOD à la française peine à trouver son public. Le magazine Capital a mené l’enquête pour connaître les chiffres exacts de Salto et l’impression d’un lancement difficile se confirme. Delphine Ernotte, patronne de France TV, affirmait ce 12 janvier que le service se définissant comme « la plateforme française de divertissement » comptait quelque 700 000 abonnés.
La réalité est tout autre. Ce chiffre englobe en effet les utilisateurs bénéficiant du premier mois d’abonnement gratuit et qui, bien souvent, ne le reconduisent pas pour éviter de mettre la main au portefeuille. D’après les informations du magazine, le nombre réel d’abonnés payants tournerait plutôt autour des 500 000, soit moitié moins que ce que les groupes espéraient. Le plan d’affaires prévoyait de totaliser plus d'un million d'abonnés d’ici la fin 2021.
Salto manque de contenus exclusifs
Si la plateforme de streaming française peine à décoller, c’est en grande partie par son manque de contenus exclusifs. Salto se targue de mettre à disposition « plus de 115 programmes inédits » auprès de Capital, sans en donner la liste précise. Le magazine a donc épluché l’ensemble de la liste des programmes pour recenser ceux qui arborent le petit logo « inédit Salto », signifiant qu’ils n’ont jamais été diffusés sur les antennes. Finalement, ces contenus exclusifs sont peu nombreux. Fin novembre, la plateforme ne dénombrait que 33 séries originales sur plus de 200, en plus d’une série documentaire, « soit seulement 255 heures sur un total de 15 000 heures, c’est-à-dire une proportion microscopique de 1,7 % », explique le média.
Le constat s’impose de lui-même : pourquoi s’abonner à Salto pour voir des programmes diffusés gratuitement sur les antennes et proposés en replay sur les plateformes de chacun ? D’autant que le prix est plus élevé que la concurrence, 6,99 euros par mois contre 5,99 euros chez Amazon Prime Video par exemple, et que le contenu est moins riche que prévu, sachant que 20 000 heures de programmes avaient été promises.
Résultat, Salto est à la peine face à ses concurrents. Les chiffres du CNC montrent une position compliquée du service sur le marché de la SVOD dans l’Hexagone. Il se retrouve à la neuvième position des services les plus utilisés en France, puisque seulement 8,4 % des sondés déclarent être abonnés à Salto. À côté, les géants américains ont la cote. Ce chiffre passe à 62,9 % pour Netflix, 52,1 % pour Amazon Prime Video et 31,4 % pour Disney+.
La facture commence à être lourde pour le trio français. À la mi-2021, Salto cumulait déjà 72 millions d’euros de pertes nettes. Une addition qui devrait avoir grimpé à 130 millions fin 2021. L’alliance TF1-M6-France Télé a été contrainte de revoir plusieurs fois à la hausse son budget avec un nouvel investissement rehaussé à 250 millions d’euros sur trois ans, contre 45 millions initialement, puis 135 millions.
Chronologie des médias : Canal+ gagne son combat face aux grandes plateformes
- Accès à la programmation des groupes TF1, M6 et France Télévisions
- Certains programmes disponibles avant leur diffusion
- Quelques séries exclusives et différents classiques
Un peu plus de deux ans après son lancement, Salto est encore loin d'être un indispensable dans le paysage du streaming vidéo. Certains éléments manquent à l'appel et l'interface peut paraitre confuse au premier abord, tandis que le catalogue compte encore quelques manques et incohérences.
La plateforme, parfaitement fonctionnelle techniquement, demeure cependant une alternative intéressante pour les amateurs de productions françaises. Salto a même du potentiel au-delà, et pourrait devenir une solution complémentaire sympathique en allant piocher davantage chez ses voisins.
Un peu plus de deux ans après son lancement, Salto est encore loin d'être un indispensable dans le paysage du streaming vidéo. Certains éléments manquent à l'appel et l'interface peut paraitre confuse au premier abord, tandis que le catalogue compte encore quelques manques et incohérences.
La plateforme, parfaitement fonctionnelle techniquement, demeure cependant une alternative intéressante pour les amateurs de productions françaises. Salto a même du potentiel au-delà, et pourrait devenir une solution complémentaire sympathique en allant piocher davantage chez ses voisins.
Source : Capital