Blade Runner 2049 : les androïdes, l'avenir de l'Homme

14 novembre 2020 à 11h11
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SFF Blade Runner 2049 © Warner Bros x Clubic.com

Les robots sont-ils des humains comme les autres ? Blade Runner 2049 vient poursuivre cette réflexion intemporelle en ajoutant sa somptueuse pierre à l'édifice.

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Nous nous donnons 5 citations et 5 paragraphes pour vous convaincre.

Blade Runner 2049

de Denis Villeneuve

Blade Runner est une pierre dans le jardin de la science-fiction contemporaine, un classique incontesté. Biberonnée au cyberpunk et à Metal Hurlant, l'esthétique du film de 1982 a infusé dans la pop-culture depuis près de quatre décennies. De Total Recall à Dark City, en passant par Ghost in the Shell jusqu'au futur Cyberpunk : 2077, des centaines d'œuvres ont été influencées par le film de Ridley Scott.

L'annonce d'une suite ne m'a pas particulièrement enthousiasmé à l'époque et le choix du réalisateur engagé pour la mettre en images m'a même carrément refroidi. Je suis en effet loin d'être un fan de l'œuvre de Denis Villeneuve qui m'a toujours paru au mieux chichiteuse, au pire carrément prétentieuse.

Il m'aura fallu un confinement pour enfin laisser mes a priori de côté et me plonger enfin dans cette suite qui me fait quand même de l'œil depuis plusieurs années. Le voyage n'en fut que plus impressionnant.

"Vous avez jamais assisté à un miracle ?"

Un œil ouvert puis un spinner qui fend l'air et la pluie en traversant une mégalopole plongée dans l'obscurité. Pas de doute, Blade Runner 2049 marche dans les traces de son illustre prédécesseur en reprenant quasiment à l'identique ses deux premiers plans.

Mais très vite ce vaisseau s'éloigne de Los Angeles et survole un paysage brumeux et vide avant de se poser une ferme isolée. On y découvre K, un Blade Runner chargé de traquer et de supprimer les derniers Réplicants, d'anciens androïdes utilisés comme esclaves dans les colonies spatiales qui se sont installés sur Terre après s'être rebellés contre leurs créateurs.

K rencontrera Sapper Morton, un Réplicant installé depuis plusieurs décennies. Les deux hommes engagent la discussion et l'on apprend rapidement que K est lui aussi un robot de dernière génération. Ce dernier finira par tuer l'agriculteur après un violent combat.

Avant de repartir, le Blade Runner découvrira un mystérieux coffret contenant les ossements d'une Réplicante. Plus mystérieux encore, elle était enceinte avant sa mort. K doit trouver cet enfant unique conçu par une machine et forcément convoité par la multinationale Wallace, à l'origine des derniers androïdes en circulation.

© Sony Pictures
© Sony Pictures

"Si j'voulais voir le monde, il fallait que je l'imagine."

Avant même d'aller plus avant dans le scénario, force est de reconnaître que le film est d'une beauté stupéfiante qui mérite à elle seule le visionnage. Chaque plan est composé avec un soin maniaque afin d'immerger le spectateur dans l'univers. Les cadres isolent les personnages dans un univers qui bien souvent les dépasse et le montage, très lent, laisse la place à la contemplation. J'ai été littéralement hypnotisé de la première à la dernière seconde et stimulé tant l'image raconte bien souvent plus que les différents dialogues.

L'univers de Blade Runner a évolué en 30 ans. Dans le premier film on était plongé dans un Los Angeles cosmopolite et surpeuplé qui semblait à bout de souffle. Blade Runner 2049 dépeint un monde déshumanisé, aux prémices de l'Apocalypse. La ville est la même, les hologrammes sont toujours là mais la vie semble s'être évaporée. Blade Runner 2049 est finalement le Réplicant du premier film.

La caméra s'échappe régulièrement de Los Angeles et s'aventure dans les plaines désertiques qui l'entourent. Une ambiance de fin du monde se dégage de toutes les scènes, grâce notamment à la lumière stupéfiante du directeur de la photographie Roger Deakins. Ses choix tranchés, dont une longue ballade dans un Las Vegas ensevelie sous une fumée ocre qui prend quasiment à la gorge, offrent au film une âme singulière qui marque l'esprit durablement.

"Vous vous en êtes très bien passé jusqu'ici,...d'avoir une âme."

L'enquête de K l'amènera à se mettre à la recherche de Deckard, le Blade Runner toujours interprété par Harrison Ford, qui serait le père de l'enfant. S'il ne sera présent qu'après deux heures de film, son ombre plane durant tout le métrage. Rachel, la Réplicante avec qui il a fui a la fin du premier film, est-elle la mère ? L'enfant est-il toujours en vie ? Il faudra faire preuve de patience pour obtenir toutes ces réponses.

L'organique et le mécanique se confondent sans cesse durant le film et les lignes se brouillent en permanence. Que Deckard soit ou non un Réplicant, cela n'a plus d'importance, même si les fans se posent la question depuis près de quarante ans. On se demande davantage qui de l'homme ou de la machine a la plus d'humanité.

Dans Blade Runner les Réplicants souhaitaient être considérés comme des êtres vivants, doués d'une conscience. Cette fois les robots présents à l'écran n'ont qu'une obsession : trouver le sens de leur existence et prospérer. Leur capacité à se reproduire n'est qu'une étape de plus vers leur libération.

© Sony Pictures
© Sony Pictures

"Il y a des fois où pour aimer une personne, on doit lui rester étranger."

K cherche lui aussi sa place dans ce monde. On le suit longuement dans sa vie quotidienne et monotone, coincé dans un appartement témoin qui ne dépareillerait pas dans un catalogue IKEA, à manger la même tambouille infâme et dont le seul plaisir est une simple cigarette le soir venu. Même ses souvenirs sont fabriqués pour lui permettre d'accepter plus facilement sa condition.

Il y a néanmoins une lueur d'espoir dans la vie de K. Il vit une relation étrange avec Joi, sa compagne qui se révèle être une intelligence artificielle. Elle peut se balader dans l'appartement sous forme holographique puis suivre K dans son enquête grâce à un appareil de projection portable.

Joi est la raison de vivre de K. Mais elle n'est finalement qu'un simple artifice de plus, une simulation déclinée à l'infinie sur des publicités. Le film met le doigt sur la virtualité de nos relations actuelles. Nous n'avons jamais été aussi connectés mais bien souvent isolés derrière nos écrans.

"Tous les meilleurs souvenirs sont à elle."

K trouvera finalement sa raison d'être en cessant de subir l'action et en faisant ses propres choix, dont celui d'aider Deckard à retrouver sa part d'humanité.

C'est son rapport à l'autre qui lui apportera sa conscience et son identité. Et cette leçon s'applique à nous tous qui devront nous entraider, communiquer pour survivre au futur.

Blade Runner 2049 peut paraître difficile d'accès au premier abord mais je ne peux que vous inviter à le découvrir d'urgence. Comme son illustre prédécesseur, son ambiance unique et sa richesse thématique vous hanteront longtemps après la projection.

Blade Runner 2049 © Sony Pictures

Blade Runner 2049 est disponible en DVD, Blu-Ray et en VOD chez Sony Pictures.

Mathieu Grumiaux

Grand maître des aspirateurs robots et de la domotique qui vit dans une "maison du futur". J'aime aussi parler films et séries sur les internets. Éternel padawan, curieux de tout ce qui concerne les n...

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Grand maître des aspirateurs robots et de la domotique qui vit dans une "maison du futur". J'aime aussi parler films et séries sur les internets. Éternel padawan, curieux de tout ce qui concerne les nouvelles technologies.

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Commentaires (9)

serged
rendos à César ce qui est à César et à Philp K. Dick ce qui est à Dick auteur originel de «&nbsp;Blade Runner&nbsp;». Ce livre est paru originellement sous le titre «&nbsp;Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?&nbsp;» («&nbsp;Do Androids Dream of Electric Sheep?&nbsp;») dont un épisode a inspiré le premier film.<br /> il faut absolument lire le livre !
kanda
Excellent film servit par une ambiance et une photographie de dingue !
c_planet
Je ne retiens que les films à l’image ultra léchée, c’en est un fameux.<br /> Mais n’ayant pas lu le livre, ni vu le premier film, pour moi l’histoire principale de ce film n’est pas mue par la thématique robot/humains, IA/cerveau; le thème c’est la mémoire, le souvenir, c’est amplifié par le fait que 95% du temps ce sont des évènement passées qui sont évoqués, on pourrait même se croire à un de ces dîners où deux potes se retrouvent évoquant des souvenirs communs qui te laissent sur la touche pour rentrer dans la conversation.
Blackalf
C’est bien pourquoi il faut avoir vu le premier film pour bien comprendre le second.
Stylite
C’est la coutume de ne pas citer l’auteur du texte dont le film est tiré ou inspiré, ça m’a valu une volée de bois vert (mais j’avais été un poil excessif…peut-être) concernant la critique dans ces mêmes colonnes de minority report qui ne mentionnait pas Dick ayant même cité dans la critique un autre film tiré aussi d’un de ses écrits.<br /> Donc c’est normal.
Fodger
Ce film a été une bonne surprise mais il reste à mon un sens en deçà du premier ne serait-ce de par le fait que la dimension cyber punk est beaucoup plus présente dans le premier avec une photographie plus sombre.
c_planet
Sauf, que le film repose sur le cheminement d’un personnage ignorant, rassemblant posément les pièces sans à-coups, donc c’est taillé pour celui qui veut prendre le train en marche.<br /> De toute façon dans la majorité des films c’est toujours Matrix contre Fight Club, soit on a l’élu qui doute (redoute ou espère) de l’être vraiment et qui doit lutter entre autre contre une partie des partisans de son propre camp (Blade Runner 2049 est en plein dedans) … soit on se tape le dénouement de «&nbsp;l’autre c’est moi&nbsp;» ou «&nbsp;moi je suis l’autre&nbsp;» …
Blackalf
c_planet:<br /> Sauf, que le film repose sur le cheminement d’un personnage ignorant, rassemblant posément les pièces sans à-coups, donc c’est taillé pour celui qui veut prendre le train en marche.<br /> Si tu le dis…
Emma5
Bonjour,<br /> J’ai dévoré le livre et contrairement aux films K. Dick démontre à quel point les androïdes sont dénués d’empathie, manipulateurs et cruelles. L’univers de l’auteur est différent des Blade Runner. Cela n’empêche pas que ces films soient de vrais chef d’oeuvres, j’espère un acte III. K.Dick reste un vrai visionnaire.
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