Réutilisation des fusées : fini l'hélico, Rocket Lab va changer de méthode

Eric Bottlaender
Spécialiste espace
02 mars 2023 à 16h00
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Presque ! La première tentative de récupération par hélicoptère s'était soldée par un échec. Crédits Rocket Lab
Presque ! La première tentative de récupération par hélicoptère s'était soldée par un échec. Crédits Rocket Lab

Confronté à des difficultés pour récupérer le premier étage de sa fusée Electron, Rocket Lab envisage tout simplement de les laisser tomber à l'eau ! Les repêcher dans l'océan pour les reconditionner serait moins compliqué que prévu et surtout, il n'y a pas les contraintes liées à un hélicoptère.

Pendant ce temps, SpaceX a dépassé les 100 succès d'atterrissages d'affilée !

Un coup dans l'eau

À deux reprises en 2022, Rocket Lab a tenté de récupérer un étage complet de sa fusée Electron. Mais la méthode est complexe. Car contrairement à SpaceX et son lanceur Falcon 9, l'étage est ici beaucoup plus petit : il n'y a pas la marge nécessaire pour conserver du carburant et se freiner en allumant les moteurs. Electron traverse donc l'atmosphère à haute vitesse, avec un angle particulier et un blindage qui lui permet de survivre le temps d'ouvrir son parachute au-dessus de l'Océan. Reste ensuite à récupérer l'étage, et les équipes néo-zélandaises utilisent pour ça un hélicoptère lourd équipé d'un crochet. C'est à ce stade que la méthode se corse : il y a bien eu deux tentatives, à la première l'appareil a été déstabilisé au moment de l'accroche, et à la seconde une panne de communication a mené à évacuer la zone. Mais dans les deux cas, l'étage a été repêché en mer. Et surprise, ils étaient en bon état !

Et si l'hélico était de trop

C'est le très dynamique fondateur et patron de Rocket Lab, Peter Beck, qui l'explique « Electron a survécu à sa récupération dans l'océan dans un état remarquable ! De nombreux composants ont passé contre toute attente leur requalification pour le vol ». De quoi remettre en cause l'usage de l'hélicoptère, qui reste complexe et malgré tout risqué, puisqu'il y a 3 personnes à bord de l'appareil. Selon le PDG, les coûts à moyen terme s'équilibrent, car si la « pêche au booster » économise les vols en hélicoptère, elle est compensée par le renforcement et la protection de l'électronique et des moteurs face à l'eau de mer. Un dilemme ? Pas tant que ça, car Rocket Lab estime tout de même que c'est la solution la plus simple qui va l'emporter… D'autant que cela offre une plus grande souplesse d'emploi, car l'hélicoptère ne pouvait pas intervenir sur tous les profils de vols d'Electron. Reste encore à prouver que le processus post-récupération fonctionne correctement pour la réutilisation, une étape très importante !

Le bateau de récupération de Rocket Lab avec le premier étage d'électron repêché. Crédits Rocket Lab
Le bateau de récupération de Rocket Lab avec le premier étage d'électron repêché. Crédits Rocket Lab

Les cadences, toujours le gros défi

Rocket Lab vise plus de 10 à 12 décollages cette année, il y a donc fort à parier que si ce changement de technique est effectif sans nécessiter trop de travaux sur l'étage, l'entreprise pourra dès cette année tenter de récupérer un ou plusieurs boosters dans l'eau… Sans avoir à tenter le crochetage par hélicoptère. La réutilisation est un enjeu économique pour l'entreprise qui a de nouveau annoncé des pertes (14,5 millions de dollars au dernier trimestre) malgré plus de 500 millions de dollars de contrats signés et de commandes. Les lancements ne représentent qu'une fraction du résultat de l'entreprise, alors qu'elle est l'un des moteurs du secteur du NewSpace, avec l'un des seuls petits lanceurs commerciaux disponible avec des décollages réguliers. C'est dans un objectif de cadences améliorées que Rocket Lab avait démarré ses travaux sur la réutilisation.

D'autre part, il ne faut pas oublier le lanceur Neutron : ce dernier aura une architecture créée dès la planche à dessin pour la réutilisation, et Rocket Lab bénéficiera d'un maximum de données avec ses expériences sur Electron.

Source : Spacenews

Eric Bottlaender

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser v...

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser vos questions !

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Commentaires (9)

Aegis
2 jours dans un hangar avec trois tonnes de riz sec et c’est comme neuf !
Kriz4liD
Et en plus le riz sera déjà salé !<br /> Prêt pour un bon riz au lait !
ebottlaender
Le bol de riz, cette solution universelle aux trucs qui tombent dans la flotte
JulienBache
Encore bravo pour cet article… Maintenant je m’interroge : y a t il un intérêt économique a récupérer cet étage car il y a forcément des choses à remplacer et de la main d’oeuvre pour valider la réutilisation ??
BernardB
Des fusées, sa craint et archaïque du 19ém.<br /> Pouaaaa pas bô fusée qui retombe sur la tronche à 98%.<br /> Pour envoyer 2% de matos dans l’espace, ridicule !<br /> 800 tonnes pour 4 tonnes, peut mieux faire XXI ém siècle !!!
juju251
@BernardB<br /> Et donc, tu as une meilleure solution à proposer ?<br /> Et pour information, cela fait quelques années que le réutilisable se développe …
promeneur001
Il faudrait peut-être explorer la piste parachute+airbag+atterrissage sur pieds. Après tout on sait faire avec des capsules.
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