Pourquoi Bruxelles s'intéresse au rachat (à 61 milliards) de VMware par Broadcom

Alexandre Boero
Chargé de l'actualité de Clubic
23 décembre 2022 à 08h30
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La Commission européenne a ouvert, cette semaine, une « enquête approfondie » sur le projet de rachat de VMware par Broadcom, annoncé au printemps dernier. Qu'est-ce qui cloche ?

Le 26 mai 2022, le géant américain de l'électronique, Broadcom, qui fabrique des technologies à destination du monde des télécoms, annonçait avoir trouvé un accord avec VMware, référence de la virtualisation et du multi-cloud, pour racheter l'entreprise contre un chèque (fait de cash et d'actions) de 61 milliards de dollars. Bruxelles, qui dit craindre une restriction de la concurrence sur le marché de certains composants matériels interopérables avec les logiciels de l'Américain VMware, a ouvert une enquête et recensé plusieurs problèmes.

La Commission européenne se méfie des conséquences du rachat, entre deux entreprises dont les portefeuilles sont « largement complémentaires »

Pour comprendre les doutes exprimés par la Commission européenne, il est important de délimiter le périmètre de chacun des deux acteurs. D'un côté, nous avons Broadcom, une entreprise qui fabrique des cartes réseau, des contrôleurs hôtes de bus Fibre Channel (HBA FC) et des adaptateurs de stockage. De l'autre, nous avons VMware, fournisseur de logiciels qui propose des solutions de virtualisation qui se trouvent être interopérables avec de nombreux composants matériels, parmi lesquels les cartes réseau, les HBA FC et les adaptateurs de stockage, comme vous aurez pu le deviner. « Les portefeuilles de ces sociétés sont largement complémentaires », ajoute l'institution.

Sur ces marchés et produits, la Commission redoute que le rachat ne détériore l'interopérabilité des logiciels de virtualisation de serveurs de VMware avec les matériels de ses concurrents, au profit de ses propres matériels.

Elle craint aussi que le rachat par Broadcom n'évince les matériels de ses concurrents, en les empêchant tout simplement d'utiliser les logiciels de virtualisation de serveurs de VMware. Ou alors en détériorant leur accès à ces logiciels.

Tout cela pourrait alors avoir comme effet de faire grimper les prix, assorti d'une réduction du choix et d'une baisse de l'innovation pour les clients professionnels, et par voie de conséquence, pour les consommateurs.

Une décision prise avant le 11 mai prochain

La Commission entend aussi examiner si Broadcom est capable de perturber le développement de cartes réseau intelligentes par d'autres fournisseurs. Elle prend l'exemple du projet Monterey, lancé en 2020 par VMware en compagnie de NVIDIA, Intel et ADM Pensando, trois autres vendeurs de cartes réseau intelligentes. L'UE estime que Broadcom pourrait réduire la participation de VMware au projet, afin de préserver ses propres recettes issues des cartes réseau intelligentes, ce qui jouerait sur l'innovation, au désavantage des clients finaux.

Bruxelles se demande aussi si Broadcom est désormais susceptible de grouper la vente de ses propres logiciels avec celle des logiciels de virtualisation de VMware, et de mettre fin ainsi à la vente de ces produits VMware, en tant que produits autonomes. Une telle pratique mettrait à mal le choix proposé et aurait pour conséquence d'écarter les fournisseurs de logiciels concurrents.

La Commission se donne jusqu'au 11 mai 2023 pour prendre une décision.

Alexandre Boero

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Journaliste, chargé de l'actualité de CLUBIC. Reporter, vidéaste, animateur et même imitateur-chanteur, j'ai écrit mon premier article en 6ème. J'ai fait de cette vocation mon métier (diplômé de l'EJC...

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Journaliste, chargé de l'actualité de CLUBIC. Reporter, vidéaste, animateur et même imitateur-chanteur, j'ai écrit mon premier article en 6ème. J'ai fait de cette vocation mon métier (diplômé de l'EJCAM), pour écrire, interroger, filmer, monter et produire au quotidien. Des atomes crochus avec la Tech, certes, mais aussi avec l'univers des médias, du sport et du voyage. Outre le journalisme, la prod' vidéo et l'animation, je possède une chaîne YouTube (à mon nom) qui devrait piquer votre curiosité si vous aimez les belles balades à travers le monde, les nouvelles technologies et Koh-Lanta :)

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Commentaires (3)

arthur6703
Comme d’habitude dans ce genre d’histoire, Broadcom va s’engager à ne pas se donner davantage concurrenciel pendant un an , et ensuite il va commencer à y avoir des bugs avec les autres marques, puis vmware va dire que certaines nouveautés sont exclusives à Broadcom, et enfin dans 5 ans les autres marques ne seront plus du tout supportées
Stef_R
Si je ne fais pas d’erreur VMware est ou a été la propriété de DELL, et je ne crois pas qu’à ce moment, les constructeurs concurrents de Dell aient eu à se plaindre d’une baisse de performance ou un accrois de bugs.<br /> Il ne faut pas être parano non plus. Et si Broadcom venait à faire de telles pratiques, ce serait juste suicidaire.
Zimt
Amha Broadcom n’a pas l’envergure pour gérer ce marché des VM de pointe.
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