L’opposition en Chine, censurée sur les réseaux publics, utilise AirDrop pour diffuser secrètement ses tracts

21 octobre 2022 à 15h35
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© CitizenDailyCN
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Ouvert le 16 octobre 2022, le 20e congrès du Parti communiste chinois (PCC) doit entériner, sauf (immense) surprise, un troisième mandat pour Xi Jinping.

Une continuité qui ne plaît pas à plusieurs mouvements de contestation qui ont recours à AirDrop pour échapper à la censure.

Face à la répression, AirDrop est une parade limitée

Si vous êtes familier des iPhone, iPad et autres Mac, AirDrop vous dit forcément quelque chose. Pour les autres, peut-être avez-vous déjà entendu parler de ce système particulièrement pratique pour transmettre des fichiers entre machines de la Pomme. Car telle est la dernière stratégie trouvée par des opposants au pouvoir chinois pour sensibiliser à leur cause celles et ceux qui croisent leur chemin.

Le problème, c'est qu'AirDrop induit une proximité physique pour que les deux appareils puissent communiquer efficacement, idéalement moins de 2 mètres. Plus encore, cette technique reste limitée aux seuls détenteurs d'appareils Apple, mais elle permet à une opposition chinoise toujours plus muselée de se faire (un peu) entendre. De nombreuses images, que vous pouvez consulter sur le compte Instagram du mouvement CitizenDaily China (@CitizenDailyCN) traduisent un rejet du président de la République populaire de Chine, Xi Jinping.

Alors que le deuxième mandat du chef de l'État arrive à son terme, une modification constitutionnelle entérinée en mars 2018 permet à Xi Jinping de briguer un troisième mandat, et davantage s'il le souhaite. Ouvert il y a cinq jours, le 20e congrès du PCC laisse peu de doutes quant à une autre issue que celle d'un maintien du président sortant, au grand dam de ses détracteurs.

Le gouvernement chinois va jusqu'à censurer le mot « pont »

À l'origine des dernières contestations se trouve Peng Lifa, un homme de 48 ans surnommé « the bridge man », soit « l'homme pont ». Le 14 octobre dernier, deux banderoles, hostiles à Xi Jinping, ont été déployées par ce dernier sur un pont pékinois. Il n'en fallait pas davantage pour que des mots tels que « courage » et « pont » soient censurés, de même que les posts sur les réseaux sociaux et les messages privés évoquant cet incident.

AirDrop constitue un moyen de lutte invisible pour les radars du gouvernement, à moins que, par malchance, l'un des opposants communique ces clichés contestataires à un sympathisant du PCC qui le dénoncerait. Interrogé par l'édition internationale de Vice, un habitant de Shanghai resté anonyme fut tout surpris lorsque, dans le métro, un appareil nommé « Xi Jinping's iPhone » a souhaité lui transmettre un fichier par AirDrop. Sa curiosité l'a poussé à accepter, et il a reçu l'image contestataire : « C'est la première fois que je reçois un fichier critiquant le régime, tous supports confondus. La critique verbale est courante, contrairement à celle de cette nature. »

Si le mouvement fleurit dans de nombreuses universités aux quatre coins du monde, plus de 250 selon Citizen Daily China, les risques encourus par les propagateurs en Chine sont immenses, allant de la prison jusqu'à la privation de visite à leurs proches jusqu'à la fin de leurs jours. Pour l'heure, difficile de quantifier l'ampleur du nombre de contestataires du régime en Chine, alors que Xi Jinping ne semble pas prêt à céder son fauteuil.

Source : Vice

Thibaut Keutchayan

Je m'intéresse notamment aux problématiques liant nouvelles technologies et politique tout en m'ouvrant à l'immense diversité des sujets que propose le monde de la tech' quand je ne suis pas en train...

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Commentaires (5)

ivico
Quel beau pays la Chine! 1er pollueur mondial, démocratique et respectueux des minorités, de la d’expression ou de la liberté en général, particulièrement éthique, vraiment je ne comprends pas les critiques à son encontre!<br /> Évidemment c’est ironique. Ils font peur. Même des collègues venus en france depuis 5 ans n’osent pas en parler par peur des représailles. C’est dire…<br /> Sacré Ping, jamais partant pour renvoyer la balle.<br /> Le plus drôle c’est l’acronyme RPC.<br /> Mais bon. Tant qu’ils ont du lithium et des bras par milliards faut pas s’attendre à du changement.<br /> J’espère une révolution d’ici 20/30 ans quand il b’y aura pas 80% des gens qui sont isolés du monde.
pecore
La peur et le rejet de la contestation sont décidément les points communs de toutes les dictatures.<br /> Pour l’Air Drop, c’est assez intéressant comme usage. Il y a juste intérêt, lorsqu’on est émetteur, de ne pas avoir son téléphone à la main et de ne pas se trouver dans un lieu clos.<br /> Combien de temps va mettre le PCC à exiger d’Apple des appareils sans cette fonction, ça c’est la question à 100 000 Yuan.
DrGeekill
En même temps c’est loin d’être bête comme idée. Ils doivent se balader dans des endroits bondés de monde. Le message passe et difficile de savoir de qui il vient. Ça ne changera rien malheureusement mais il faut louer l’initiative.
bennukem
Le air drop n’est pas plutôt fait pour envoyer des dickpics dans les transports en commun ?
Kahn-San
il semble qu’un petit géni chinois ait réussi à lui trouver une autre fonction
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