Numérique : pour réduire les disparités territoriales, le Sénat fait 20 propositions de "bon sens"

Alexandre Boero
Chargé de l'actualité de Clubic
04 avril 2022 à 15h50
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© senat.fr
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Le Sénat a publié, lundi, ses 20 propositions correspondant à des mesures dites « pragmatiques et de bon sens », destinées à réduire le fossé qui existe entre certains territoires, sur le terrain numérique.

Quatre ans après le lancement de la Stratégie nationale pour un numérique inclusif, destinée à lutter contre la fracture technologique globale, les Sénateurs font un nouveau constat alarmant. Pour la commission de l'aménagement du territoire et du développement durable, les choses n'évoluent pas comme elles le devraient. En témoigne selon elle une part majoritaire de Français qui affirme avoir renoncé à effectuer certaines démarches en ligne, à cause d'un manque de clarté de ces dernières.

Près de 2 Français sur 10 ne maîtrisent pas encore la moindre compétence numérique de base

La sénatrice LR Patricia Demas, rapporteure de la commission, juge l'engagement de l'État encore parcellaire et insuffisant, appelant au passage à faire de l'inclusion numérique une priorité nationale, avec des financements valant sur le long terme. En premier lieu, le Sénat appelle à mieux appréhender la fracture numérique pour élaborer une politique ambitieuse.

Derrière cette qualification très politicienne, les Sages pointent du doigt un difficile accès aux compétences numériques, aux réseaux et aux équipements numériques dans certains territoires. 17 % des Français ne maîtrisent pas la moindre compétence numérique de base encore aujourd'hui, et la couverture en fibre optique est encore loin d'être totale, alors que la fin de l'année 2022 est censée correspondre à une dématérialisation des services publics à 100 %.

Affirmant que la Stratégie nationale de 2018 n'est pas pleinement efficace, les sénateurs proposent de dresser une feuille de route nationale sur l'inclusion numérique, avec des objectifs clairs et un calendrier pour les atteindre.

Des hubs territoriaux d'accompagnement qui luttent pour leur propre survie

Concernant l'inclusion numérique, la commission sénatoriale s'interroge sur le fonctionnement en silo des interventions territoriales, entre acteurs publics, privés et associatifs, qui aboutissent à un éclatement des sources de financement. En ce sens, désigner un « chef de file » ne semble pas être une bonne idée pour le Sénat, qui estime que chaque échelon peut apporter sa propre valeur. « L'observation du terrain plaide en faveur de la mise en place de coalitions locales au format souple, permettant de renforcer la coordination entre les acteurs », explique-t-il.

Le renforcement de l'inclusion numérique doit aussi passer par le renforcement des hubs territoriaux, dans leur rôle d'appui aux collectivités territoriales, qui aujourd'hui serait insuffisant. Ces hubs (Hinaura, Hub Bretagne, NUMI, Hubik, RhinOcc, Hub du Sud, Les Assembleurs, Hub'Est ou encore Hub-Lo) constituent les interlocuteurs privilégiés des collectivités et de l'État dans la diffusion des dispositifs nationaux sur l'inclusion numérique (réalisation de cartographies, levée de fonds, ingénierie de projet etc.). Les hubs auraient du mal, actuellement, à mobiliser des fonds et assurent en réalité leur propre survie, plutôt que de répondre à leur cœur de mission.

L'importance de l'accès aux réseaux

Enfin, il est aussi évident que l'inclusion numérique passe par un accès aux réseaux internet sur l'ensemble du territoire. Si la généralisation de la fibre optique (prévue pour 2025) avance, les territoires ruraux, plus difficiles à équiper, pourraient encore souffrir de cette absence de déploiement. Le Sénat veut ainsi encourager le recours aux technologies sans fil (comme la 4G fixe par exemple), pour permettre aux logements qui ne peuvent pas bénéficier de la fibre de disposer d'une connexion de 8 Mbit/s au minimum.

Globalement, les collectivités territoriales devront être accompagnées dans leurs projets de soutien aux personnes éloignées du numérique, 8 élus sur 10 affirmant notamment ne pas disposer d'un recensement des acteurs de médiation numérique pourtant présents sur leur territoire. Ce qui rend d'autant plus difficile la tâche qui consiste à atteindre les citoyens qui n'ont pas accès au numérique. En ce sens, l'État devra accélérer et pérenniser le déploiement des conseillers numériques .

Source : Sénat

Alexandre Boero

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Journaliste, chargé de l'actualité de CLUBIC. Reporter, vidéaste, animateur et même imitateur-chanteur, j'ai écrit mon premier article en 6ème. J'ai fait de cette vocation mon métier (diplômé de l'EJC...

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Journaliste, chargé de l'actualité de CLUBIC. Reporter, vidéaste, animateur et même imitateur-chanteur, j'ai écrit mon premier article en 6ème. J'ai fait de cette vocation mon métier (diplômé de l'EJCAM), pour écrire, interroger, filmer, monter et produire au quotidien. Des atomes crochus avec la Tech, certes, mais aussi avec l'univers des médias, du sport et du voyage. Outre le journalisme, la prod' vidéo et l'animation, je possède une chaîne YouTube (à mon nom) qui devrait piquer votre curiosité si vous aimez les belles balades à travers le monde, les nouvelles technologies et Koh-Lanta :)

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Commentaires (6)

norwy
Demander à tout le monde de maîtriser l’accès à l’information et les services publique via :<br /> 1 - un ordinateur, ce n’est pas possible<br /> 2 - un smartphone, c’est pertinent<br /> Il restera toujours une génération (de 70 ans et plus ?) pour qui tout ça restera du chinois et il ne faut pas les exclure du système pour autant.<br /> Mais bon, on ne va pas arrêter le progrès pour ça non, plus…<br /> Pas simple comme sujet !
pecore
Si je me base sur mes parents et mes beau-parents, le manque de connaissance d’une partie de la population ne viens pas d’un manque d’instruction mais d’un manque d’intérêt et d’envie d’apprendre.<br /> Pour avoir expliqué pas moins de dix fois comment utiliser un client mail à ma mère, avant de renoncer, je peux attester que toute la pédagogie et l’enseignement du monde ne pourrons instruire quelqu’un qui ne veut ni s’intéresser ni pratiquer ce qu’on lui montre.<br /> J’ajoute que l’absence de la fibre est un archi-faux problème. Tout le monde à accès au moins à l’ADSL et il n’y a nul besoin de très haut débit pour faire des opérations « numériques de base ».
Palou
pecore:<br /> Tout le monde à accès au moins à l’ADSL…<br /> Euh … NON, pas tout le monde. Et comme il n’y a plus de 56k, que la 4G ne passe pas bien partout, le problème est loin d’être résolu
JohnLemon
La comparaison va peut-être sembler un peu provocatrice, mais vouloir maintenir à tout prix des démarches papier car 20% de la population ne maîtrise pas Internet à un niveau suffisant, c’est un peu comme vouloir généraliser les écrivains publics car 20% de la population ne saurait ni lire ni écrire.<br /> Pour moi, ce genre de connaissance devrait faire partie du même bagage de base que la lecture ou l’écriture.<br /> Et on devrait se donner les moyens pour cela et tout faire pour faciliter la vie aux gens, comme par exemple regrouper toutes les démarches en ligne sur un guichet numérique unique et universel, dont la garantie de fonctionnement serait mise au même niveau que les services régaliens d’urgences pour éviter au maximum les pannes. Un service simple, universel et qui ne va pas se mettre à afficher certains éléments au petit bonheur la chance selon ton appareil, ou demander de compléter la démarche via un autre support. Simple, rationnel, efficace et carré.<br /> Et il va de soi que l’accès au net doit être garanti à tous, au moins via mobile avec aucun abonnement nécessaire pour utiliser ce service là. Ce serait vraiment comme les pompiers ou la police, mais pour faire ses démarches. Ça peut paraître ambitieux dit comme ça, mais je pense que c’est possible.<br /> On garde un doublon papier le temps que les anciennes générations s’éteignent, ou comme back-up si jamais la civilisation venait à s’effondrer et ne plus avoir de net nulle part. Mais en soi, on ne l’utiliserait plus tant que la société continue à bien fonctionner.
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