L'Ukraine réclame d'exclure la Russie du réseau bancaire Swift, mais en quoi est-il important ?

Alexandre Boero
Par Alexandre Boero, Journaliste-reporter, responsable de l'actu.
Publié le 25 février 2022 à 17h45
Vladimir Poutine

Réseau de transferts d'informations financières le plus important de la planète, Swift peut s'avérer être une arme de « guerre » redoutable, qu'il est risqué de manier à la légère.

Avec l'invasion militaire de l'Ukraine et les cyberattaques de masse qui se succèdent, la Russie se prépare à subir les représailles de l'Occident. Ce dernier entend donner une réponse économique à la hauteur du symbole de l'attaque contre le grenier à blé de l'Europe. Ce vendredi après-midi, le club des 27 a déjà gelé les avoirs de Vladimir Poutine et de son ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov dans l'UE. Volodymyr Zelensky, lui, a une idée drastique pour perturber la stratégie russe. Le président ukrainien demande ardemment à ses alliés d'exclure purement et simplement Moscou du système Swift. Cette action porterait un terrible coup à l'économie russe, mais ne serait pas sans conséquences pour les autres pays qui dépendent de cette société.

Swift, pourquoi une telle importance ? Qu'est-ce que c'est ?

Sur le papier, Swift, pour Society for WorldWide Interbank Financial Telecommunication (Société pour les télécommunications financières et interbancaires mondiales), est une coopérative belge dont le premier réseau est opérationnel depuis 1997. Elle dit fournir à sa communauté « une plateforme pour la messagerie, des standards pour communiquer et des produits et services pour faciliter l'accès et l'intégration, l'identification, l'analyse et la conformité en matière de lutte contre la criminalité financière ».

Dans le détail, Swift connecte quelque 11 000 organisations bancaires et de titres de plus de 200 pays. Elle permet ainsi d'échanger des messages financiers en toute sécurité et de manière fiable. La coopérative évoque le chiffre de plus de 5 milliards de messages financiers par an. Surtout, Swift a popularisé les numéros IBAN et codes BIC, qu'elle valide et qui permettent d'identifier les personnes, organisations et entreprises qui réalisent des virements.

Plus précisément, la société n'effectue pas les transferts de fonds, mais elle centralise les ordres de virement entre les utilisateurs et clients des 11 000 organisations ou banques partenaires. C'est un vrai réseau colossal que Swift exploite au quotidien. En d'autres termes, elle met en relation banques et clients lorsqu'ils effectuent des opérations, et dans le cas où les deux organismes n'ont pas de partenariat, Swift fait intervenir un organisme intermédiaire qui va les mettre en relation.

Des conséquences financières sur une partie de l'économie européenne

On imagine donc l'impact que pourrait avoir un retrait des 300 banques et institutions russes du système Swift. Il serait titanesque et priverait instantanément le Kremlin de sources de revenus très, très importantes. À titre de comparaison, la coupure des banques iraniennes du réseau, ces dernières années, a été immédiatement suivie d'une perte de 30 % du commerce extérieur de l'Iran et de près de la moitié des revenus d'exportation de pétrole.

Dos au mur, la Russie devrait alors procéder « à l'ancienne » et trouver sans tarder de nouveaux moyens pour effectuer ses transactions avec ses partenaires étrangers. Moscou possède, certes, une alternative, avec le Système de transfert de messages financiers (SPFS), une messagerie sécurisée lancée par la Banque de Russie en 2014. Sauf que celle-ci n'est utilisée que par une vingtaine de banques étrangères aujourd'hui.

Jeudi, le président américain Joe Biden évoquait cette coupure du réseau Swift comme étant « une option ». Car les conséquences ne toucheraient pas seulement la Russie. Certes, Moscou mettrait bien plus de temps à voir arriver le paiement de ses factures de gaz, de pétrole ou de blé, mais Washington n'a pas d'intérêt particulier à voir la Russie développer davantage son propre réseau alternatif.

De même, de nombreuses entreprises européennes, notamment du secteur de l'énergie, pourraient souffrir d'une telle coupure, en ne voyant plus leur marchandise arriver. La Russie pourrait en effet créer une pénurie de gaz et de pétrole. « Si demain matin, les Russes fermaient NordStream 1, le réseau électrique allemand aurait de bonnes chances de sauter et... l'Europe aussi n'aurait plus de transactions financières, puisqu'il faut de l'électricité pour les réaliser ! » commente le président de The Shift Project, Jean-Marc Jancovici.

Alexandre Boero
Par Alexandre Boero
Journaliste-reporter, responsable de l'actu

Journaliste, responsable de l'actualité de Clubic. En soutien direct du rédacteur en chef, je suis aussi le reporter et le vidéaste de la bande. Journaliste de formation, j'ai fait mes gammes à l'EJCAM, école reconnue par la profession, où j'ai bouclé mon Master avec une mention « Bien » et un mémoire sur les médias en poche.

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Commentaires (10)
Voigt-Kampf

Concentrer des forces et des pouvoirs est la PIRE chose qui puisse arriver à l’humanité.
CQFD.

SlashDot2k19

Il aurait fallu le faire il y a des années lors des premières guerres de Poutine. Maintenant la Russie a eu le temps de préparer des alternatives, cela sera moins efficace…

phoenix2

La Russie s’est préparée en avance et a son propre système maintenant, en plus elle a de très gros marché a sa portée bien plus juteux: (Chine, Inde, Iran), ça montre plutôt la faiblesse de l’Europe face a l’ogre russe, déjà, il faut dés maintenant chercher des alternatives au gaz Russe, après on verra…

Gmp13000

Oui et la Chine va les suivre.
La partie d’échecs commence…

raymond_raymond

Les mondialistes et l’oligarchie financière ainsi que l’UE et ces états féministes flippent devant un chef de guerre, c’est maintenant qu’on voit la faiblesse de cette UE et de l’OTAN, autant dire que si les Russes coupent les robinets du gaz à l’Allemagne et la Pologne les Allemands pourront aller couper du bois en forêt noire, heureusement qu’en France on a encore le nucléaire et qu’on est pas trop dépendant du gaz Russe.

Gmp13000

En France on à l’Algérie pour le gaz, l’ennemi intime…

Orezzo

Ukraine premier gisement d’uranium pour nos centrales , nous n’avons aucune souveraineté énergétique

pecore

La pandémie et la pénuries nous ont montré notre faiblesse vis à vis de l’Asie. Cette invasion nous montre notre faiblesse vis à vis de la Russie. Cette période est riche en enseignements hélas douloureux, reste à voir si nous saurons en tirer parti.
La première des choses est d’accélérer la sortie des énergies fossiles. Si plus personne n’achète son gaz ou son pétrole, que restera il a Poutine comme moyen de pression économique ? Coup de bol, c’est déjà dans les tuyaux dans de nombreux pays, dont le notre.

Loga

Source ? aux dernières nouvelles c’est plutôt du coté du Niger, Kazakhstan, Canada, Australie qu’on s’approvisionne …

Et pour le gaz, c’est pas un soucis les US sont ravis, il vont enfin pouvoir nous vendre leur gaz de schiste.

kellog89

Ces états féministes? Ça veut dire quoi ?
Putin a soif de pouvoir et il a le bouton rouge.
Il serait capable de dire qu’il ne s’en servirait jamais, tout en appuyant dessus.
Faiblesse de L’OTAN, non. Rien ne permet de l’affirmer pour le moment