Débridage de vélos électriques : pris en flag', Amazon se défend

Thibaut Keutchayan
Publié le 15 novembre 2022 à 20h00
© Shutterstock
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Amazon vient de se faire pincer pour laisser des vendeurs tiers vendre des kits permettant de débrider les vélos à assistance électrique (VAE) sur sa marketplace.

Et pour seule défense, la firme avance qu'il s'agit de produits vendus par des… tiers, et non par elle directement.

Mieux vaut ne pas se laisser tenter par ces kits

Le régulateur européen contraint ceux qui possèdent un vélo électrique de circuler avec sur des voies publiques sans qu'il puisse dépasser la vitesse de 25 km/h. Or, le débat ne porte pas, dans le cas présent, sur cette mesure en tant que telle, mais sur son respect, ou non. Dans cette perspective, certains kits vendus sur Amazon permettant de débrider les vélos électriques font tache.

Comme l'explique le directeur délégué au lobbying auprès des autorités publiques britanniques de Cycling UK à Electrek, « les modifications illégales où vous n'avez plus besoin de pédaler, où le moteur est surpuissant ou permet d'aller plus vite que 25 km/h, ne sont pas seulement un risque pour le pilote et les autres, mais signifient que vous conduisez une moto. Vous commettriez donc une infraction pénale en roulant sur les routes britanniques sans assurance, plaques d'immatriculation et casque de moto. »

En ce qui concerne la France, la note est pour le moins salée, d'abord pour le particulier possédant le VAE, puisque le débrider revient à faire circuler un véhicule non déclaré, non assuré et non immatriculé. Les amendes encourues sont de respectivement 750, 1 500 et 7 500 euros, soit une facture totale de 9 750 euros sans compter l'immobilisation jusqu'à régularisation de la situation. Autant dire que la prise de risque est élevée pour un bénéfice minime. Pour le professionnel, que ce soit par la fabrication, l'importation, la modification ou même l'incitation à l'achat d'un VAE débridé, l'article L317-5 du Code de la route dispose que 2 ans de prison et 30 000 euros d'amende peuvent être requis.

Amazon se planque derrière ses conditions d'utilisation de la marketplace pour des vendeurs tiers

De fait, ce n'est pas Amazon qui vend elle-même ces kits, mais des vendeurs tiers, principalement pour des moteurs Bosch équipant les VAE fabriqués entre 2014 et 2020. Ils se monnayent entre 150 et 200 euros pièce sur la marketplace Amazon. Et ces vendeurs, tels que SpeedBox, se défendent comme ils le peuvent, comme vous pouvez le voir sur la capture d'écran ci-dessous.

© Amazon
© Amazon

Le scandale vient du fait que ces kits font partie des best-sellers d'Amazon au Royaume-Uni. Pas de quoi inquiéter la plateforme manifestement, qui, dans un court communiqué, indique que « les vendeurs tiers sont des entreprises indépendantes et sont tenus de respecter toutes les lois, réglementations et politiques Amazon applicables lors de la mise en vente d'articles dans [sa] boutique ».

Par Thibaut Keutchayan

Je m'intéresse notamment aux problématiques liant nouvelles technologies et politique tout en m'ouvrant à l'immense diversité des sujets que propose le monde de la tech' quand je ne suis pas en train de taper dans un ballon.

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Comcom1

Sauf que, en France, ce qui est illégal est de rouler avec ça sur la voie public et non en privé, je ne vois pas du coup comment légalement ils peuvent être inquiétés… c’est uniquement l’usager qui peut avoir des soucis s’il l’utilise sur la voie public.
C’est comme les préparateurs automobile (reprog
moteur notamment) si c’est pour rouler sur circuit rien à dire, sur la route c’est illégal, c’est pas pour autant qu’on fait fermer les préparateurs type shiftech o2programmation et compagnie

louchi

Comme c’est illégal de recevoir un email d’un marchant tierce d’Amazon, pour donner un avis avec 5 étoiles / 5 sur un produit acheté, et de recevoir par la suite un bon amazon de 25 euros.
Quoi, Amazon n’est pas au courant ? come on :smiley:

MattS32

Nope, en France la vente de kits de débridages est bel et bien illégale (de même que leur fabrication, leur import, leur export (bon l’export on se demande pourquoi l’interdire, vu que ça serait du coup pour un usage hors de France, dans un pays où c’est peut-être autorisé… mais de toute façon comme la fabrication et l’import sont interdits aussi, il n’y a normalement rien qui puisse être exporté ^^), leur location, leur exposition, le fait de les donner gratuitement, ou même simplement le fait d’en faire la pub).

Cf article L317-5 du code de la route (cité dans l’article d’ailleurs) : https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000039784399/

Pour le coup, Amazon pourrait donc bel et bien être poursuivi pour ça en France, même si c’est vendu par des tiers : le fait de les référencer sur son site, ça pourrait bien être considéré comme de l’exposition ou de l’incitation à acheter. Et ce d’autant plus qu’elle fait de la pub pour (il y a des produits « sponsorisés » sur certaines recherches, donc Amazon est payé pour inciter les gens à acheter ces produits) et fait apparaitre ces produits même sur des recherches ne ciblant pas spécifiquement le bridage (donc pas possible de se réfugier derrière un « c’est l’utilisateur qui a cherché ça ») :

Après, le plus gros scandale, ça reste le prix de ces kits… 200-300€ pour des trucs qui doivent coûter moins de 10€ à la fabrication en comptant large…

ar-s

25e ? Ils remboursent le produit mon gars…

louchi

Pardon, j’ai pas compris ? pour un toner d’imprimante laser noir compatible acheté 80 euros, on peut recevoir un avoir Amazon de 25 euros si on donne un avis 5*/5.

jeanlain

Forcément ils sont au courant, mais contrairement à ce que tu laisses penser, ils lutent contre ça. Y’a déjà plusieurs marques qui se sont fait bannir après qu’amazon les ait pris la main dans le sac (aukey, ravpower, mpow, etc…).
Et ils ont aucun intérêt à ce que ça continue hein. Le client qui est sur amazon, il était déjà là pour acheter. Par contre si les avis ne sont pas pertinents, le client sera déçu au final. Amazon à tout intérêt à ce que ce même client, qui veut déjà acheter un produit, puisse faire son choix basés sur des avis réels, et être satisfait de son achat…

jeanlain

Bien sûr que non. Ce sont des vendeurs tiers qui tentent de gratter de faux avis en « payant » le client.
Ca n’est pas amazon qui fait cet avoir, et eux au contraire, comme je l’explique au dessus, lutent contre ça…

louchi

Mais…je crois qu’on s’est pas compris…on est d’accord, il y a juste un point où non: Amazon est au courantn hein, c’est pas un monde de bisounours…

louchi

Bien sûr qu’Amazon lutte contre ça, mais tu ne vas pas me faire croire qu’ils n’ont pas quelques « combines » avec de gros clients qui font ça…
Ca s’appelle de la corruption, et quand on voit que ça s’applique partout (mairies, associations etc…bref), pourquoi pas chez Amazon :smiley:

MattS32

D’un point de vue légal, non, ça n’a rien à voir avec de la corruption, et le faire sur Amazon est parfaitement légal (mas enfreint probablement le contrat entre Amazon et le revendeur, mais ça en tant qu’acheteur tu peux pas le savoir).