Gargoyle’s Quest sur Game Boy : entre Ghosts’n Goblins, Zelda II: Adventure of Link et Final Fantasy

Stéphane Ficca
Spécialiste hardware & gaming
04 avril 2021 à 10h10
7
Gargoyles Quest

Au début des années 90, la jaquette d’un jeu Game Boy attire irrémédiablement l’attention du jeune joueur que je suis alors : Gargoyle’s Quest.

En effet, à l’époque, pas d’Internet ou (très peu) de magazines, et pour s’offrir un nouveau jeu vidéo, on se fiait généralement à la licence associée, au bouche à oreille ou encore (et c’était bigrement risqué) à la jaquette du jeu. Ce fut (heureusement pour moi !) le cas avec ce Gargoyle’s Quest sur la Game Boy de Nintendo.

En effet, outre une jaquette qui attire irrémédiablement l'oeil, à l’arrière de la boite, on promet « des graphismes d’une grande finesse », ou encore une « nouvelle et fascinante aventure », en incarnant Firebrand, fière gardienne du Royaume des Goules. Qui plus est, le titre bénéficie en plus du « seal of quality » Capcom, gage (pour le fan de Megaman que j’étais/suis) indéfectible d’un excellent jeu à découvrir.

Aux antipodes de la bataille des téraflops, de la 4K et des 60 fps, NEO·Classics vous propose un retour vers les origines du jeu vidéo. Du titre 2D en gros pixels au moins lointain jeu à la 3D hésitante, cette chronique vous invite à (re)découvrir les pépites vidéoludiques qui ont ouvert le monde au 10e art...

C'est à l'écran titre que Gargoyle's Quest admet sa filiation avec la série Ghosts'n Goblins
C'est à l'écran titre que Gargoyle's Quest admet sa filiation avec la série Ghosts'n Goblins

La Quête de la Gargouille !

Au milieu des années 80, Capcom fait criser plus d’un joueur en salles d’arcade avec Ghosts’n Goblins (dont un nouvel opus Resurrection est disponible depuis quelques jours sur Nintendo Switch). Il s'agit alors du premier volet d’une saga toujours très appréciée aujourd’hui, démocratisée notamment quelques années plus tard par Ghouls’n Ghosts sur Mega Drive ou encore Super Ghouls’n Ghosts sur Super Nintendo.

Dans cette série le héros est évidemment le vaillant chevalier Arthur, lequel inspire un spin-off en 1990 sur Game Boy, mettant cette fois en scène un certain Firebrand.

Gargoyles Quest

C'est en effet la petite gargouille insupportable de la saga Ghouls’n Ghosts qui a droit à son propre jeu sur Game Boy avec Gargoyle’s Quest. Le titre permet au joueur d’incarner Firebrand (ou Red Arremer au Japon) dans un jeu qui mélange astucieusement des phases de plateformes/ action classiques en 2D et des éléments de RPG, phases d'exploration vue de dessus.

Gargoyle's Quest vous rappelle ainsi étrangement un certain Zelda II : Adventure of Link sur NES ? C’est normal, c’est l’une des principales sources d’inspiration de Capcom pour l’élaboration de ce jeu.

La publicité américaine de Gargoyle's Quest
La publicité américaine de Gargoyle's Quest

Parmi les grandes forces de Gargoyle’s Quest, outre son univers ultra accrocheur, on note son côté plateformes/action très réussi, porté par un level design assez fou, ainsi que la possibilité de faire évoluer Firebrand.

En effet, tel un RPG, le jeu va permettre de faire progresser les capacités de la gargouille au fil du temps. On pourra notamment sauter plus haut, voler sur de plus longues distances ou encore disposer d’attaques plus puissantes.

Un soupçon de Zelda II, un zeste de Ghosts'n Goblins et de Final Fantasy

Mais tout cela se mérite, nécessitant d'évoluer dans le jeu et de discuter avec les différents PNJ rencontrés lors des phases d’exploration. Seul hic à l’époque, Gargoyle's Quest est intégralement en anglais : pour tout comprendre, il fallait donc soit demander des infos à son grand frère ou sa grande sœur, soit se décider à perfectionner son apprentissage de la langue de Shakespeare… C’est d’ailleurs souvent cette seconde option qui était privilégiée.

Gargoyles Quest

Comme dans un Zelda II : Adventure of Link, il est essentiel de visiter les différents villages du jeu pour glaner des informations, lesquelles permettront d’évoluer dans les différents niveaux. À noter d’ailleurs que durant les phases d’exploration, le jeu propose des combats aléatoires, façon Final Fantasy. Autant dire qu’à l’époque, ce mélange des genres fait de Gargoyle’s Quest un titre assez singulier… Mais la sauce prend immédiatement et ce, malgré une difficulté assez palpable.

Gargoyles Quest

En effet, sans être aussi insurmontable que Ghosts’n Goblins, Gargoyles Quest est un jeu relativement ardu, qui plus est sans la moindre pile de sauvegarde (mais avec des mots de passe, ouf !).

À noter que ce n’est d’ailleurs qu’à l’écran titre du jeu que Gargoyle’s Quest consent à afficher clairement sa filiation avec le jeu Ghosts’n Goblins.

Un bonheur pour les mirettes et les esgourdes

Visuellement parlant, Gargoyle’s Quest est particulièrement saisissant, avec des personnages très bien définis, des effets réussis, le tout soutenu par une section audio très prenante. Rappelons que l’on joue ici sur une modeste Game Boy et que le tour de force technique réalisé par Capcom est assez impressionnant.

Gargoyles Quest

À l’époque, et comme après la sortie de chaque « gros » jeu, on se faisait la réflexion suivante : « Ah mais là, c’est sûr, on fera jamais mieux sur Game Boy ! ». Une phrase que de nombreux joueurs répètent environ tous les 6 mois d'ailleurs, depuis 30 ans maintenant, toutes consoles confondues…

Gargoyle's Quest faisait partie de ces jeux qui incitaient les joueurs à perfectionner leur anglais pour progresser
Gargoyle's Quest faisait partie de ces jeux qui incitaient les joueurs à perfectionner leur anglais pour progresser

Même constat pour la bande-son, puisque malgré une Game Boy à la fiche technique très limitée, la musicienne Harumi Fujita est parvenue ici à proposer des compositions baroques particulièrement agréables à l'oreille. Et à nouveau, impossible de ne pas entendre la filiation avec Ghosts’n Goblins durant le tout premier niveau du jeu. Du grand art, indiscutablement.

Gargoyle's Quest… et après ?

Particulièrement réussi sur Game Boy, Gargoyle’s Quest va connaitre diverses suites, notamment avec un certain Makaimura Gaiden : The Demon Darkness en 1993, toujours sur Game Boy, mais réservé aux joueurs japonais. Il s’agit ici d’un portage plus ou moins fidèle de Gargoyle’s Quest II, lancé un an auparavant sur NES.

Gargoyles Quest

Ce Gargoyle’s Quest II marchait alors dans les pas de l’opus Game Boy, reprenant ce mélange de phases d’action 2D et d’exploration, le tout mâtiné d’une bonne dose de RPG. Evidemment, la version NES permettait de (re)découvrir Gargoyle’s Quest sous un tout nouveau jour, porté par la « puissance » de la console 8 bits de Nintendo.

Demon's Crest

Un troisième opus a également été lancé, sur Super Nintendo cette fois. Exit l’appellation Gargoyle’s Quest, et place à Demon’s Crest. Un jeu lancé en 1994, qui permettait à nouveau d’incarner Firebrand, en quête, ici, de six pierres magiques.

Gargoyles Quest

Ce titre était particulièrement réussi visuellement, proposant de nombreux objets à collecter, qui pouvaient mener vers différents dénouements, dont une « mauvaise fin » pour qui se contentait de visiter uniquement les quatre niveaux de départ.

Vous l'aurez sans doute deviné : si ce n'est pas déjà fait, Gargoyle's Quest est une série à découvrir de toute urgence !

Stéphane Ficca

Spécialiste hardware & gaming

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Fervent amateur de jeux vidéo et de high-tech, spécialisé en Mega Man 2 et autres joyeusetés vidéoludiques ancestrales.

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Commentaires (7)

SPH
Ca a vieilli, j’ai pris une claque…
dredd
Ahhhh, Gargoyle’s Quest, quel jeu, quels souvenirs.<br /> Je me souviens des premiers contacts avec sa jaquette dans les rayons de la Fnac. Jaquette d’ailleurs franchement pas vraiment fidèle à l’esprit assez sombre et gothique de l’ambiance et à la couleur supposée de Firebrand (qu’on connaît depuis Ghost’n Gobelins) mais je l’aimais bien et c’était de toute façon l’habitude d’avoir des jaquettes un peu adoucies ou adaptées aux supposés goûts des gamins occidentaux et qui évite surtout d’effrayer les parents. Puis les screeshots à l’arrière finissaient de me convaincre que j’avais là probablement un jeu incontournable.<br /> Mais j’avais pas de fric.<br /> Un peu plus tard, possesseur d’une SNES et aussi d’un GameBoy, voilà mon frangin un peu plus âgé qui, sans mon consentement (tout m’appartenait, acheté avec l’argent de petits boulots et économies) s’empare de mon Super Probotector pour aller faire un échange temporairement définitif avec trois jeux GameBoy. Forteress of Fear (oui, je sais, mais il a finalement quelques qualités derrière sa mocheté repoussante et sa difficulté des enfers), Ducktales (yes!) et ce fameux Gargoyle’s Quest. Oui, mon frangin s’est fait arnaquer et j’ai jamais revus mon Super Probotector bien aimé (on se reverra là haut mon amour) mais ces trois cartouches orpheline étaient là et fallait bien faire avec.<br /> Je vous parlerai peut-être de Forteress of Fear si quelqu’un chez Clubic a un article psychanalyse à faire sur ce truc mais là, il est question de Gargoyle’s Quest sur GameBoy. Et quel jeu en effet.<br /> Dès l’intro et sa musique on est plongé dans une ambiance sombre et mélancolique et puis vient ce magnifique écran titre qui nous fait comprendre que non, on ne va pas avoir à faire à un jeu gentillet comme laissait penser la jaquette et son verdâtre et rondouillard ersatz de gargouille.<br /> Je vais pas répéter ce qui a déjà été écrit par le camarade Stéphane mais quand même. Dès le début du jeu on est confronté à la beauté morne et gothique de cette magnifique bande son qui se joue des limitations de la plateforme pour nous faire plonger dans cet univers sombre où «&nbsp;le mal&nbsp;» est lui même la proie d’entités encore plus maléfiques que lui. On oublie le monde des humains tellement insignifiant pour se concentrer sur celui du Royaume des Goules où se jouent des destinées dont les homme n’ont aucune idée et qui pourrait pourtant sceller à terme leur fin.<br /> Le tout est dépeint avec une telle maestria graphique qu’on se demande en effet comment on pourra faire mieux sur la plateforme tellement les artiste de chez Capcom ont su tirer le meilleur du petit écran de la machine pour servir au mieux leur vision artistique de ce monde ténébreux et désolé en pleine tourmente. A noter la bonne idée d’avoir détouré certains sprites de telle sorte à les faire ressortir sur certains plans malgré parfois le rafraîchissement trop peu efficace du modeste écran de la console (encore plus si vos piles tirent sur la fin lol ).<br /> Pour le reste, je m’en remet à ce très bon article de Clubic et je le rejoins pour conseiller à ceux qui ne l’ont jamais fait de se laisser tenter et d’entrer dans ce pans un peu méconnu de la face sombre de l’univers Ghost’n Goblins.
tfpsly
+1 c’est le jeu auquel j’ai le plus joué sur GameBoy. Sons et musiques très bonnes, excellente gestion de l’affichage en niveaux de gris pour réussir ses graphismes qui m’avaient laisse sur le cul. Et le gameplay est très bon, avec quelques passages très coriaces. Rien que le niveau d’intro est une mise en jeu assez difficile, mais faisant rapidement tomber dans le jeu.
Ccts
Pareil ici ! Mon jeu préféré sur game boy. Quelle durée de vie. Et en anglais pour le collégien que j’étais, c’est aussi des souvenirs à essayer de deviner des mots qu’on ne connaissait pas encore. Merci pour la rubrique souvenir. Je vais peut être aller rallumer la game boy ce we …l’écran est bien plus clair qu’à l’époque mais elle marche toujours.
cedoch
D’excellents souvenirs de ce jeu !
sandalfo
Je l’ai adoré sur GB, je m’entrainais à le finir en entier sans crever.
fg03
Effectivement un des meilleurs jeux de la gameboy… une jouabilité au top !
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